Les plates-formes de partage telles qu’Uber, Airbnb ou encore Helpling stimulent l’entreprenariat, mais constituent également une menace pour les acteurs traditionnels, dont les retailers. Pour garantir un terrain de jeu équitable, une réglementation s’impose.
Valeurs sociétales
Le nombre de Néerlandais ayant recours à des plates-formes de partage (Airbnb, Airdnd, SnappCar), des plates-formes de bricolage(Uber, Helpling) et des plates-formes de seconde main (Marktplaats) a quadruplé en trois ans. Cela équivaut à près d’un quart de la population en 2016, indique le rapport ‘Eerlijk delen’ (Partager équitablement) de l’Institut Rathenau, un centre de réflexion néerlandais axé sur les aspects sociétaux de la science et la technologie.
L’économie du partage en soi n’est pas mauvaise : elle génère de l’emploi, stimule l’entreprenariat et innove les secteurs existants. Toutefois l’arrivée de plates-formes de partage en ligne compromet certaines valeurs publiques, comme la protection du consommateur, l’ordre public et la vie privée. Ces valeurs sociétales méritent d’être mieux protégées, estime Melanie Peters, directrice de l’Institut Rathenau : « Dans l’intérêt public nous devons donner suffisamment d’espace aux plates-formes de partage afin d’innover les marchés existants. Mais avant qu’elles ne deviennent trop dominantes dans leur secteur, ils faut les réglementer. «
Restaurants clandestins versus horeca
Prenons l’exemple d’Airdnd, une plateforme digitale qui permet aux internautes d’entrer en contact avec des chefs amateurs : selon le site web, il y aurait déjà moyen de commander auprès de plus de 1000 restaurants clandestins. Une concurrence déloyale pour les 15.065 restaurants ‘officiels’ aux Pays-Bas ? Non, selon Airdnd : cela ressemble plus à un dîner convivial chez des amis. Toutefois un restaurant clandestin ne peut être réservé qu’une fois par semaine et le prix du menu ne peut excéder les frais à couvrir. De plus, il y a un chiffre d’affaires limite à respecter : pas plus de 7000 euros par chef amateur par an.
Pourtant le concept suscite certaines questions. Comment ces restaurants clandestins garantissent-ils la sécurité alimentaire, la consommation responsable d’alcool, l’ordre public, la viabilité et la sécurité ? Et qu’en est-il des impôts ? Pour les restaurants professionnels tout cela est strictement réglementé, alors que dans la sphère privée les choses sont différentes. Le secteur de l’horeca estime que le terrain de jeu est inéquitable et exige que les restaurants clandestins respectent les mêmes lois et règles que les exploitants d’établissements horeca. Entre-temps il semblerait qu’un ‘dialogue constructif’ se soit noué.
Contrôle
Le rapport formule quelques recommandations concrètes. Premièrement le gouvernement devrait clarifier le statut juridique des plates-formes de partage et de bricolage. Ensuite le gouvernement pourrait designer une tierce partie, de confiance, afin de contrôler la plate-forme, tout en garantissant la vie privée des participants. Et enfin il faudrait veiller à ce que les évaluations sur les plates-formes soient fiables et transposables.
Peters : « Les plates-formes de partage dépendent en grande partie des données et des évaluations de leurs utilisateurs. Nous voulons faire en sorte que les utilisateurs puissent transposer leur e-réputation vers d’autres plates-formes. »