Suite à la montée du e-commerce, la production et la vente de produits contrefaits ne cessent d’augmenter. Les copies de produits de marques plus ou moins connues constituent un problème structurel, affirme Europol.
Un phénomène très répandu
Dans le rapport SOCTA (Serious and Organized Crime Assessment), l’organisation constate que la violation des droits de propriété intellectuelle est « un phénomène très répandu ». Les consommateurs sont friands de copies bon marché de marques généralement chères et des bandes organisées sont en mesure de les produire à bas coûts et de les vendre partout dans le monde via des plateformes internet. Une méthode bien plus facile que les ‘car boot sales’
Selon Europol, les faussaires vendent un assortiment très varié de produits en ligne, allant des vêtements, en passant par le food et les boissons jusqu’aux médicaments et aux pesticides. L’organisation souligne que ces produits peuvent avoir de graves conséquences pour les utilisateurs étant donné que l’on ignore ce que ces produits contiennent. Ces produits peuvent notamment contenir des substances nocives. Ainsi un lot de vêtements pour enfants contenait la substance toxique ‘formaldéhyde’, dont la concentration dépassait de loin les normes de l’UE.
Par ailleurs cette forme de criminalité pose un autre problème, celui des normes de production qui sont inférieures aux normes des articles originaux. Alors que les grandes marques doivent par exemple se justifier en matière de conditions de travail équitables, les bandes criminelles au contraire profitent du travail des enfants et d’autres pratiques. De plus, la qualité des produits contrefaits n’est pas comparable à celle des originaux. Et enfin, la contrefaçon a des conséquences économiques pour les retailers et les producteurs européens, dont le business est miné.
Zone grise
La question qui se pose est de déterminer l’ampleur du problème de la contrefaçon ? Selon le rapport SOCTA d’Europol, en 2015 les services de douane de l’UE ont saisi 80.000 envois, qui contenaient 40 millions d’articles d’une valeur marchande de 642 millions d’euros. Un quart des articles étaient des cigarettes, ensuite des batteries, des désodorisants et des jouets. Précisons qu’il s’agit là de marchandise saisie et qu’il y a donc une zone grise d’articles contrefaits qui passent à travers les mailles du filet d’Europol.
La montée du e-commerce et des places de marché en ligne a donné un sérieux coup de pouces aux faussaires, constate Europol. L’organisation scanne régulièrement les sites web proposant ces articles contrefaits. En 2016 Europol a saisi 4780 noms de domaines, pour la plupart des initiatives à petite échelle qui très probablement ont poursuivi leurs activités sous un autre nom de domaine. Outre les petits acteurs, les grands plateformes sont elles aussi concernées par la contrefaçon ; la menace venant essentiellement de l’Orient, comprenez la Chine.
Liste noire
L’un des sites les plus connus est Taobao, filiale du géant Alibaba. En 2011 Taobao a été placé sur la liste noire par les autorités américaines, qui estimaient que le site s’attaquait trop peu au problème d’articles contrefaits proposés sur sa plateforme. Dès lors Taobao a pris des mesures, après quoi la plateforme a été à nouveau autorisée aux Etats-Unis. En cette année 2017 le président d’Alibaba Michael Evans remet l’affaire sur le tapis en affirmant que la décision est basée davantage sur la politique protectionniste menée par les Etats-Unis.
Outre Taobao, le géant Amazon est lui aussi confronté à la contrefaçon. Certains critiques estiment que l’e-tailer n’a rien fait pour bloquer les faussaires et leurs marchandises, ce qui a suscité la colère de grands acteurs de la plateforme d’Amazon. Ainsi Jamie Whaley de BedBand vendait pour 2800 dollars d’accessoires de literie par jour lors des périodes de pointe (2013), alors que deux ans plus tard son chiffre d’affaires a dégringolé lorsque des vendeurs chinois ont proposé des articles BedBand copiés à la moitié du prix. Selon Whaley, Amazon n’a rien entrepris pour bloquer ces vendeurs.
Selon un article sur CNBC, Amazon n’a rien fait pour élargir son réseau asiatique dans le cadre de son ambition illimitée de devenir le numéro un mondial de la vente en ligne. Seule l’attention médiatique pour le phénomène et les conséquences néfastes sur l’économie locale – Whaley a dû licencier la moitié de son personnel – ont poussé Amazon à adopter une politique anti-contrefaçon, soulignant l’importance de la confiance (en Amazon).
‘Only about the money’
Reste à voir si la politique d’Amazon est efficace : vu l’énorme volume de produits et d’offreurs, c’est un travail fastidieux. Par ailleurs les vendeurs éjectés, peuvent très facilement revenir sur la plateforme sous un autre ‘storefront’.
Greg Hankerson de Phoenix s’est battu tout seul contre Alibaba et d’autres fabricants en Chine et en Inde qui copiaient son mobilier unique. Il a contacté le site chinois et a obtenu que les photos de son site Vintage Industrial, copiées / collées par les faussaires soient retirées, mais cela reste un combat de David contre Goliath : « Ils (les plateformes, ndlr.) ne veulent pas interdire ces articles contrefaits parce que cela génère du chiffre d’affaires. »