Plus de 70 investisseurs d’Amazon soutiennent les magasiniers qui veulent fonder un syndicat aux États-Unis. Le géant du commerce électronique a essayé de faire obstacle à ces projets, mais il s’est attiré les foudres des investisseurs.
Contre ses propres principes
Dans une lettre, plus de 70 actionnaires d’Amazon demandent l’arrêt de sa campagne antisyndicale. Les investisseurs, qui représentent quelque 20 milliards de dollars du capital, disent soutenir les employés qui veulent se rassembler sous le drapeau d’un syndicat. C’est ce que rapporte le Financial Times.
L’entreprise doit rester neutre, estiment les investisseurs, en soulignant subtilement qu’Amazon irait à l’encontre de ses propres « Principes relatifs aux droits humains internationaux » en agissant autrement. Selon ces principes auto-énoncés, la plateforme respecterait le droit des travailleurs à adhérer à un syndicat ou à en créer un « sans s’exposer à des représailles, de l’intimidation ou du harcèlement ».
Premier syndicat aux États-Unis
Pourtant, ce n’est pas le même son de cloche dans la pratique, maintenant que près de 6 000 travailleurs d’un entrepôt en Alabama tentent de se syndiquer. Un vote par correspondance est en cours pour savoir si les magasiniers veulent être représentés par le syndicat national du commerce de détail, du commerce de gros et des grands magasins (WDSU).
Amazon craignant que cela ne crée un dangereux précédent, le détaillant tente d’en empêcher la création. Ce serait en effet la première fois que les salariés de l’entreprise seraient représentés par un syndicat sur le marché national américain. En Europe, il y a des syndicats actifs au sein d’Amazon.
Inutile et coûteux
Un site web spécialement développé par Amazon, doitwithoutdues.com, tente déjà de convaincre les magasiniers que l’adhésion à un syndicat est très coûteuse (jusqu’à 500 dollars, peut-on lire) et inutile. Selon le site, se syndiquer, c’est renoncer partiellement au côté serviable et sociale.
Il ne s’agit pas de dissuasion mais d’information, se défend l’employeur : « Nous avons fourni des explications pour aider les employés à comprendre ce qu’implique dans les faits l’adhésion à un syndicat. Si les votes vont à la création d’un syndicat, cela affectera tout le personnel du site et il est important que les employés comprennent ce que cela implique pour eux et leur travail quotidien chez Amazon. »
Amazon aurait également tenté de repousser le vote et exigé des employés qu’ils votent physiquement et en personne, dans une urne. Toutefois, ces demandes ont été rejetées par le Conseil National d’Arbitrage des Relations du Travail (NLRB). Toutes les parties attendent impatiemment le résultat du vote.