Le supermarché en ligne Hopr est un outsider dans le paysage de la distribution belge. Un titre qui n’est pas pour déplaire au fondateur, Stijn Martens : « C’est une bonne position, mais le supermarché en ligne n’est qu’un début », déclare-t-il dans une interview accordée à RetailDetail.
Sans expérience dans la distribution alimentaire
Jusqu’en 2015, Martens travaillait au sein de l’entreprise de télécommunications Mobile Vikings. Lors de la reprise de l’entreprise, il a pris un nouveau tournant. « J’avais jusque-là suivi un parcours professionnel logique et, soudain, j’ai dû commencer à réfléchir à mon avenir », explique Martens. « Notre directeur d’exploitation de l’époque m’a demandé quel était mon grand rêve. C’est alors que mon idée jusqu’alors vague d’un supermarché en ligne est devenue concrète. Je m’étonnais depuis un moment que le potentiel meilleur supermarché en ligne du pays imposait encore à ses clients de se rendre en magasin pour récupérer les produits qu’ils avaient commandés. »
Pour Martens, cet accent mis sur l’expérience client est le point commun avec son poste antérieur chez Mobile Vikings. « En fin de compte, je l’ai transposé dans un autre secteur d’activité », explique-t-il. « Mais il est vrai que je me suis lancé sans aucune expérience dans le secteur alimentaire ou de la distribution. » Et le nom Hopr ? « Ce nom est sorti d’une session avec un stratège du marché. Au départ, je voulais un nom ne se terminant pas par -(e)r, mais finalement… (rires). C’est la contraction de Home et Shopper. »
Levée de fonds nécessaire
Hopr, qui existe depuis à peine six mois, a démarré à Hasselt avant de s’étendre un mois plus tard à certaines communes voisines. « Nous sommes encore très petits à l’heure actuelle », explique Martens. « Je fais encore beaucoup, ou presque tout, moi-même. La plateforme en ligne, par exemple. J’avais demandé un devis pour le faire développer. Montant de l’addition : 100 000 euros. J’ai donc créé une plateforme moi-même en deux mois, et elle remplit parfaitement ses fonctions. »
Martens est aidé par quelques indépendants et une équipe de dix-huit étudiants spécialisés dans les données et l’IA, qui peuvent jouer avec les données qu’il génère. « Je n’ai pas les ressources des grands acteurs, je dois donc faire autrement », sourit Martens. « Je dois voir la réalité en face : jusqu’à présent, j’ai tout construit avec mon temps et mes ressources, mais j’ai atteint la limite. Si je veux me déployer dans les grandes villes, j’aurai besoin d’un véritable « dark store ». Ensuite, une levée de fonds sera nécessaire, et les discussions sont déjà en cours à ce sujet. »
Flexibilité vs échelle
Toutefois, il ne faut pas considérer Hopr comme un challenger dans le paysage de la distribution belge, souligne Martens. « Nous ne pouvons pas encore concurrencer les supermarchés classiques », dit-il. « Il est particulièrement difficile de s’aligner sur leurs niveaux de prix : ils ont la force de leur échelle et de leurs centrales d’achat. » Néanmoins, Martens y voit certains avantages. « Nous sommes flexibles, et notre service client est notre force. Parfois, ça se joue sur de petites choses. Par exemple, nous emportons les emballages vides lorsque nous livrons une commande chez les clients. » Un autre exemple : Chez Hopr, les clients peuvent payer avec des cryptomonnaies. « C’était réglé en une heure. Je n’imagine pas les grands distributeurs faire de même de sitôt. »
Mais que réserve l’avenir ? Lors du lancement, Martens espérait être actif dans tout le pays en 2026. Aujourd’hui, il est un peu plus pragmatique. « Si on pouvait opérer dans toute la Flandre, ce serait déjà bien. » Mais Martens veut être plus qu’un supermarché en ligne : « Ce n’est que le début. Si je veux vivre uniquement de l’achat et de la vente de produits, ce sera difficile. C’est pourquoi j’émets des doutes sur les services de livraison rapide tels que Gorillas. Il est très difficile qu’ils soient rentables. »
Place de marché pour la distribution alimentaire
« En fait, je rêve de développer une sorte de place de marché pour la distribution alimentaire », explique Martens. « Qu’un producteur de pommes, par exemple, ne passe pas par la vente aux enchères mais apporte ses fruits directement au consommateur final par le biais de notre plateforme. Ou un producteur laitier, comme celui qui m’a approché récemment. Pour l’instant, il voit chaque semaine un géant laitier venir vider ses réservoirs de lait, pour découvrir ensuite combien il est payé. C’est fou, non ? »
Le modèle de l’entreprise britannique Ocado plaît également à Martens. « Ils ne vivent pas de leur pure activité de vente au détail », explique Martens. « Ils gagnent de l’argent en vendant leur plateforme et leur technologie. » Et avec cette technologie, Martens peut boucler la boucle avec Mobile Vikings. « Je pense à l’automatisation, mais une technologie comme la blockchain, qui peut contribuer à rendre la chaîne logistique de n’importe quel produit totalement transparente, me séduit aussi beaucoup. »
Et, la question inévitable : Hopr ne peut-il pas être écrasé du jour au lendemain par l’une des superpuissances de la distribution dans notre pays ? « Je suis tout à fait conscient de cette menace », acquiesce Martens. « Et il est certain qu’elles y travaillent. Notre seul avantage : ces mastodontes mettent du temps à changer de cap. Et à une époque où tout change à vitesse grand V, nous pouvons réagir plus rapidement. Mais peut-être que, à terme, il sera plus intéressant d’unir nos forces. Notre vision combinée à la puissance d’un Colruyt, par exemple, peut rendre beaucoup de choses possibles. »
Rencontre lors de la RetailDetail Night
Le 25 novembre, Stijn Martens interviendra lors de la RetailDetail Night, l’événement de fin d’année du secteur de la distribution, dont le programme est plus que bien rempli cette année. Suivez ce lien pour trouver plus d’informations sur le programme et réserver vos billets pour l’événement. À bientôt ?