Les entreprises de distribution affirment qu’en Belgique 22.000 jobs dans l’e-commerce se sont envolés vers nos pays voisins. Le ministre de l’Emploi Kris Peeters envisage un projet pilote visant à garder l’e-commerce dans notre pays grâce à un travail en équipes bon marché, mais le parti de l’opposition SP.A se montre critique.
« Manque de flexibilité et charges salariales trop élevées »
Peeters veut instaurer une baisse supplémentaire des charges salariales pour les entreprises qui travaillent avec des équipes de nuit et effectuer des tests avec des employés du secteur du retail, qui traiteraient les commandes en ligne également de nuit. En collaboration avec la fédération du commerce Comeos, le ministre souhaite mettre sur pied un tel test chez un grand retailer belge.
Il s’agit de la énième tentative en vue de stimuler le travail de nuit dans l’e-commerce belge : depuis fin 2015 le travail de nuit est autorisé, à condition que les entreprises concluent une CCT avec les syndicats. Tout cela sans grands résultats, donc ce vendredi le gouvernement adoptera une proposition de loi qui permettra d’ancrer le travail de nuit dans la loi. Toutefois l’approbation des trois syndicats reste obligatoire, au grand regret de la NV-A et d’Open VLD, qui auraient voulu aller plus loin : « L’accord d’un seul syndicat devrait suffire. Mais à présent il y a un accord à ce sujet au sein du gouvernement, c’est donc comme cela que nous procéderons », explique le libéral Egbert Lachaert.
Comeos aussi se montre critique : « Ils pourront encore imaginer des centaines de manières de permettre le travail de nuit. Cela aurait pu se faire maintenant déjà », affirme le président Jan Delfosse. « Nous restons à la traîne par manque de flexibilité et en raison des charges salariales élevées. Aux Pays-Bas dans l’e-commerce ces charges sont inférieurs de 17%. »
« Shopping online ? Volontiers ! Mais… »
Les socialistes de leur côté disent ne pas être opposés à l’e-commerce, mais estiment que le travail de nuit bon marché n’est pas la solution ultime pour l’e-commerce dans notre pays : « Rien n’est moins vrai », affirme Meryame Kitir du SP.A. « L’an dernier des CCT ont été conclues avec toutes les commissions paritaires du secteur de la distribution. Les distributeurs désireux de vendre en ligne, auraient déjà pu le faire. Seulement ces CCT comprennent également des clauses concernant la qualité de ces jobs. Ainsi il ne peut pas s’agir uniquement de jobs d’étudiants et il doit s’agir de contrats avec un nombre raisonnable d’heures et d’une durée raisonnable. »
Selon Kitir, la plupart des chaînes ont choisi de confier leurs activités e-commerce à d’obscurs sous-traitants, souvent basés à l’étranger. « Ce ne sont pas les syndicats qui posent problème, ni notre législation en matière de durée de travail », estime Kitir. « La vraie raison est que Kris Peeters veut concurrencer les salaires d’étudiants des opérateurs hollandais par du travail de nuit bon marché et veut donc proposer des jobs inférieurs pour des salaires de misère. Désolée, ce n’est pas le genre de job pour lequel je signerais. Le ministre Peeters ferait bien d’aller travailler une journée dans une telle entreprise d’e-commerce basée aux Pays-Bas. Curieuse de voir si après cela il adhérera encore à son projet », conclut Kitir.