Des coûts salariaux plus élevés et des restrictions sur le travail de nuit rendent la concurrence internationale difficile pour les acteurs belges du commerce électronique. Chaque année, cela représente un manque à gagner de 1 milliard d’euros et 6 000 emplois.
L’écart se creuse
Ce n’est pas la première fois que la réglementation rigide du travail en Belgique est critiquée pour avoir étouffé la croissance des acteurs locaux du commerce électronique. Les consommateurs belges achètent de plus en plus en ligne, mais principalement auprès de grandes plateformes internationales, telles que bol.com, Zalando, Amazon et Coolblue. Il n’existe pas d’équivalent local à ces plateformes : les boutiques en ligne belges ne peuvent rivaliser avec les prix bas et les livraisons rapides des concurrents étrangers.
Alors que les achats en ligne des consommateurs belges ont augmenté de 293 % entre 2009 et 2019, l’offre en ligne belge n’a augmenté que de 95 %. L’écart se creuse donc avec les pays voisins comme les Pays-Bas (+253%) et l’Allemagne (+269%). En Belgique, la part du commerce électronique dans le chiffre d’affaires total du commerce de détail n’est que de 3%, contre 10% aux Pays-Bas et 12% en Allemagne. Cela n’est pas sans conséquence : selon l’organisation patronale FEB, la Belgique perd annuellement 0,3 % de son produit intérieur brut à cause de ce retard dans le commerce électronique, ce qui représente 1 milliard d’euros et 6 000 emplois.
Plus de flexibilité
La principale cause, selon la FEB : les règles plus strictes en matière de commerce électronique. Les entreprises belges doivent payer une surtaxe pour le travail de nuit à partir de 20 heures. La livraison rapide à bas prix est donc plus difficile pour les boutiques en ligne belges. Seuls quatre détaillants ont conclu un accord avec les syndicats sur cette question, mais ils en paient le prix fort : Colruyt Group, Ikea, Torfs et Vanden Borre.
L’organisation patronale demande donc plus de flexibilité et se tourne vers le gouvernement : « Nous préconisons d’adapter simplement la définition du travail de nuit dans la législation et d’ajuster la période de minuit à 5 heures du matin au lieu de 20 heures à 6 heures comme c’est le cas actuellement. En outre, de réels efforts sont nécessaires pour réduire le lourd handicap des coûts salariaux par rapport à l’étranger, tant pour le commerce électronique que pour l’ensemble de l’économie », a déclaré l’économiste en chef Edward Roosens à HLN.