Le chiffre d’affaires des e-commerçants belges progresse nettement plus que les dépenses des consommateurs. Preuve que les consommateurs en Belgique et à l’étranger sont plus nombreux à recourir aux webshops belges.
Données transactionnelles
En 2018 le marché du e-commerce belge a atteint 7 milliards d’euros, soit une hausse de 20% comparé à 2017. Le nombre de commerçants en ligne a augmenté de 18% à plus de 24.000. Le nombre de transactions dans l’e-commerce a augmenté de 16% à plus de 70 millions. Pour la première fois le panier moyen a dépassé les 100 euros, soit une hausse de 3,3% en moyenne par rapport à 2017. La valeur du panier auprès des grands webshops s’est établie à 113,6 euros en moyenne et ne cesse d’augmenter.
Ces excellents chiffres proviennent de la troisième édition du ‘E-commerce Barometer’, une initiative du cabinet de conseil en marketing The House of Marketing et SafeShops.be, l’association belge du e-commerce. Ce baromètre se base sur les données transactionnelles des opérateurs de paiement et donne donc un aperçu du chiffre d’affaires national et international réalisé par les e-commerçants belges. Ces statistiques constituent un complément intéressant aux chiffres relatifs aux dépenses online des consommateurs, explique Greet Dekocker de SafeShops.be.
Gain de parts de marché
« Nos chiffres révèlent que le chiffre d’affaires du e-commerce belge progresse nettement plus que les dépenses online des consommateurs, qui ont augmenté d’environ 6%. Nous pouvons donc en conclure que les e-commerçants belges sont en train de rattraper leur retard. Ils gagnent des parts de marché sur le marché belge, tout en augmentant leur chiffre d’affaires à l’étranger. » En résumé : les consommateurs – également étrangers – sont plus nombreux à recourir aux webshops belges. De plus, les chiffres sont en-dessous de la réalité, puisque l’étude ne reprend pas par exemples les ventes réalisées par les retailers via des places de marché étrangères. Le baromètre ne tient pas compte non plus du chiffre d’affaires du Collect & Go, puisque ces achats ne sont payés qu’au moment du retrait en magasin.
L’univers du e-commerce belge arrive à maturité, telle est la conclusion principale de l’étude. Le segment des ‘grands’ webshops, c’est-à-dire les webshops belges générant une valeur transactionnelle de plus de 10 millions d’euros, affichent la plus forte croissance en pourcentage. En 2018 leur nombre a augmenté de 32% à 193. Un petit groupe de grands acteurs online se taille la part du lion du chiffre d’affaires du e-commerce : « Moins de 4% des e-tailers belges représentent 88% du chiffre d’affaires », précise Lucas De Dycker de The House of Marketing. Les grands webshops ont renforcé leur position sur le marché avec plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire, ce qui équivaut à 87% de la croissance totale du marché. « La part des commerçants occasionnels diminue, car l’e-commerce se professionnalise : celui qui n’investit pas dans un webshop et un marketing online solides, devra renoncer. »
Potentiel de croissance
Sachant que la part du e-commerce au Royaume-Uni s’élève à plus de 20%, contre environ 7% chez nous, les perspectives s’annoncent donc encourageantes. Que peuvent faire les commerçants belges pour poursuivre ce mouvement de croissance ? « Les ventes transfrontalières offrent des opportunités », estime Lucas De Dycker. « Nous constatons que les commerçants sont de plus en plus nombreux à le faire. »
Le secteur alimentaire recèle encore un énorme potentiel de croissance, selon Greet Dekocker. « L’e-commerce b2b aussi est prometteur. En outre je pense que les commerçants doivent s’efforcer d’être créatifs dans leur modèle d’entreprise. Les formules d’abonnements ne sont pas nouvelles, mais très intéressantes car elles encouragent un comportement d’achat récurrent. Nous constatons également l’apparition de modèles de leasing. Songez à un contrat incluant l’utilisation d’une machine à laver, le produit de lessive, l’entretien, la réparation et le remplacement. Et en ce qui concerne l’exportation , c’est une question d’audace. »
Les places de marché constituent un pôle de croissance dans l’e-commerce, mais pour une place de marché belge, il est sans doute trop tard, indique Dekocker. « Il est difficile de rivaliser avec Amazon, Alibaba et Bol.com. Mais ‘if you can’t beat them, join them’. Je m’attends à ce que les places de marché se livrent à une lutte mutuelle. Les retailers vont faire des choix : dans quel canal se sentent-ils le plus à l’aise ? La question éthique se posera également : la transparence et le partage des données seront des atouts. Des pratiques, comme la modification unilatérale de commissions ou le fait de copier les produits populaires de ses partenaires de vente, seront sanctionnées. »