Pour conquérir l’immense marché chinois, Walmart compte sur un partenariat stratégique avec JD.com, alors qu’Amazon fait appel à Alibaba. Un véritable ‘combat de titans’ s’est déclenché. Et pas seulement en Chine.
Croissance rapide
La Chine est l’endroit au monde, où l’e-commerce et les paiements mobiles progressent le plus rapidement. Un marché particulièrement intéressant, que lorgnent de nombreux groupes retail, mais à la fois un marché très difficile où il n’est pas évident de s’implanter.
C’est ce qu’a pu constater Walmart, présent en Chine depuis 1996 avec des magasins physiques sous les enseignes Walmart et Sam’s Club. Côté online, Walmart Chine a ouvert le webshop www.samsclub.cn, a lancé l’appli ‘Walmart To Go’ (y compris une fonction de paiement mobile) et a repris l’e-commerçant chinois Yihaodian.
Pas mal, mais pas suffisant selon le CEO Doug McMillon, qui estime que Walmart doit absolument réussir sur un marché d’où proviendra environ 25% du chiffre d’affaires global du retail dans les cinq années à venir. Très vite le CEO s’est rendu compte que Yihaodian avec sa part de marché de 1,3% était incapable de faire face aux 23% de JD.com ou aux 58% d’Alibaba.
Participation stratégique
Afin d’augmenter son impact sur l’énorme marché chinois, Walmart a donc décidé d’échanger ses actions Yihaodian pour une participation stratégique dans JD.com, le plus grand rival d’Alibaba et l’une des entreprises d’e-commerce B2C connaissant la plus forte croissance en Chine. L’entreprise progresse d’environ 40% par an et vise un chiffre d’affaires de près de 40 milliards de dollars d’ici la fin de cette année.
En octobre Walmart a augmenté sa participation minoritaire de 5,9% à 10,8%, ce qui fait de Walmart le troisième plus grand actionnaire de JD.com, après Richard Liu (fondateur et CEO) et Tencent (le pendant chinois de Facebook, avec une capitalisation boursière impressionnante de près de 260 milliards de dollars).
En ce moment Walmart et JD.com collaborent autour de trois projets intéressants en Chine. Tout d’abord Walmart a ouvert un flagship store Sam’s Club exclusif sur la puissante plate-forme online de JD.com. Dans quasi toute la Chine les consommateurs ont la possibilité de commander des produits de Sam’s Club et de se les faire livrer à domicile le jour même ou le lendemain. Ainsi Walmart a accès à un énorme marché encore inexploité. D’autre part Sam’s Club projette l’ouverture d’au moins 20 magasins physiques supplémentaires en Chine d’ici 2019.
Alimentation online
Le deuxième projet concerne l’ouverture du Walmart Global Imports Store sur la plate-forme JD Worldwide. Cette plate-forme permet aux consommateurs chinois de commander des produits de Walmart en direct aux Etats-Unis, au Japon et au Royaume-Uni et de les faire livrer à domicile via le réseau logistique de JD.com.
Et enfin le troisième projet est une collaboration avec New Dada, un service de livraison low cost à l’exemple d’Uber et d’InstaCart. New Dada est né d’une co-entreprise entre JD Daojia (le supermarché en ligne de JD.com) et le prestataire logistique Dada. Dans plus de 20 magasins chinois de Walmart, les clients ont la possibilité de commander des produits alimentaires (frais) en ligne et de les faire livrer à domicile dans les deux heures. C’est n’est pas un fait divers : plus de 50% des consommateurs chinois ont déjà acheté des produits alimentaires en ligne, contre seulement 10% aux Etats-Unis. La riche expérience de JD.com dans la distribution d’aliments frais est un atout compétitif important face à Alibaba. Une lutte passionnante en perspective.
L’Inde et l’Europe dans la collimateur
Il est intéressant de considérer les initiatives de Walmart en Chine dans le contexte de la lutte d’une poignée de grand groupe retail pour l’hégémonie mondiale.
Bien sûr Amazon ne pouvait rester à la traine. En Chine, le grand rival américain de Walmart à lui seul atteint à peine une part de marché de 1,5%. La première étape pour remédier à cette situation a été d’ouvrir un webshop Amazon sur Tmall, la place de marché d’Alibaba. Une initiative dont l’impact est pour l’instant limité.
Et la Chine n’est pas le seul champ de bataille, où guerroient les grands retailers. Qu’en est-il de l’Inde, qui cette année a ouvert plus grand ses portes aux investisseurs étrangers dans le secteur du e-commerce ? Walmart est en discussion avec Flipkart, le principal acteur dans le domaine du commerce électronique en Inde, tandis qu’Amazon et Alibaba, eux aussi, y aiguisent leurs couteaux.
Ces mêmes titans ont également jeter leur dévolu sur l’Europe. Walmart a déjà un pied au Royaume-Uni ; Amazon s’attaque non seulement au Royaume-Uni, mais aussi à l’Allemagne et la France ; Alibaba a ouvert divers bureaux européens dont un au Benelux. Les retailers européens risquent-ils d’être écrasés par ces mastodontes ? Attachez vos ceintures …