Si les supermarchés ont été sous les feux de la rampe, d’autres secteurs sont restés un peu orphelins. C’est pourquoi nous mettons aujourd’hui l’année non alimentaire sous les projecteurs.
L’année de la correction
Légumes chers et supermarchés franchisés ont donné le ton en 2024. Comme l’inflation a été maintenue presque à elle seule par les prix des denrées alimentaires, les consommateurs ont croisé les doigts avec anxiété. Même Nike et les géants du luxe comme LVMH ne parvenaient plus à maintenir la barre haute. Le premier annonce aujourd’hui des centaines de licenciements comme résolution du Nouvel An.
De plus, en 2023, l’impensable s’est produit : l’e-commerce a été renversé de son trône, et les grands géants de la technologie ont dégringolé avec lui. Une correction normale après la pandémie, dit-on, mais bien lourde de conséquences. Cette année, nous n’avons pratiquement entendu que des nouvelles de fermeture de la part d’Amazon. Il semble que le pionnier des magasins sans caissières soit en train de perdre la grande rue physique, tandis que le groupe Colruyt et ses consorts belges voient dans le magasin sans personnel et le réfrigérateur intelligent l’avenir de la cafétéria d’entreprise.
Dans le même temps, bien que les détaillants aient dû faire face à la hausse des coûts des matières premières et de la main-d’œuvre, il y a eu « remarquablement moins de faillites dans le secteur du commerce ». Hormis les enseignes alimentaires Makro (qui n’a officiellement fait faillite qu’en février), Rayon et Andy, les enseignes non alimentaires ont dû dire adieu à Big Bazar, Scotch & Soda (heureusement sauvé), VanMoof et BCC, entre autres.
L’année des chaises musicales
Le rideau est également tombé sur Maxi Toys, bien que cette chaîne se soit ressaisie sous le nom de King Jouet. Plus surprenante est la nouvelle selon laquelle Dreamland est devenu ToyChamp, alors que Oh ! Green s’est offert un nouveau rachat et un nouveau dirigeant. Pelckmans et Alain Hellebaut de Maxi Toys plus précisément, à ne pas confondre dans leur ordre.
Parmi ceux qui sont restés debout, il y avait en effet une quantité remarquable de chaises musicales. Chez Casa et Beliving (Exterioo et Juntoo), on a assisté à un véritable tango : Giane Van Landuyt est montée sur le podium du congrès RetailDetail en avril en tant que femme de tête de Casa, avant d’être remplacée quelques jours plus tard par Vincent Nolf (oui, l’homme du Makro). Jan Ollevier l’a ensuite placée à la tête de « son » Beliving. Pour ne citer qu’un exemple.
L’année des nouveaux venus
Entre les grèves et les changements de gestion, il y a aussi eu de la place pour l’innovation. La liste des nouveaux venus cette année est impressionnante, surtout pour une année plutôt calme. Specsavers est déjà parti, mais il faut espérer que la chaîne de parfumeries Douglas tiendra le coup plus longtemps. Après une année 2023 record, cette chance est, heureusement, bien réelle. TEDi, le rival espagnol d’Action, a également de grandes ambitions, tout comme le disquaire (oui, tout revient) HMV. Choisir Wijnegem comme point de départ de sa conquête européenne, il faut l’oser.
Cependant, quiconque utilise un jour l’internet ne peut l’ignorer : le plus grand nouveau venu de cette année est sans aucun doute Temu, avec une stratégie que les jeunes branchés qualifieraient de « love bombing » (bombardement d’amour). L’année n’a peut-être pas été faste pour le commerce électronique, mais l’innovation numérique se poursuit. Mêmes Primark et Action ont ouvert des boutiques en ligne en 2023, ce qu’ils avaient juré de ne jamais faire. La tendance aux plateformes s’est également poursuivie : Brico, Praxis, Decathlon et même Kruidvat ont désormais leur propre place de marché.
La numérisation n’a toutefois pas empêché Kruidvat de s’étendre physiquement. Tandis que les supermarchés s’affrontent, les magasins non alimentaires développent tranquillement leurs empires. Hema a même célébré son 100e magasin belge. En période d’inflation, les discounters s’en sortent naturellement bien. Non seulement Action a de nouveau connu une croissance fulgurante, mais cette année, c’est Wibra qui a remporté la palme. La chaîne a même réussi à reprendre un certain nombre de succursales à son concurrent en faillite, Big Bazar.
L’année du second souffle
Dans la discrétion, plusieurs classiques belges ont trouvé leur second souffle. Veritas fait le plein pour conquérir les Pays-Bas, Gamma se développe sous une nouvelle direction et e5 sort non pas un, mais deux nouveaux concepts. Maxi Zoo et Takko Fashion se laissaient également entendre, tout comme les magasins de vélos bien sûr. Inno a fièrement annoncé un redressement réussi, bien que les Belges tombent aussitôt victimes de la noyade des Allemands. L’Innovation est dans la vitrine, mais il manque encore des traces de candidats. Pourtant, pour maman Galeria, le temps presse.
Et qui se souvient des Petits Riens? Ils s’aventurent dans une nouvelle traversée de la Flandre. La seconde main est un must, les commerçants belges l’ont bien compris en 2023. JBC, Juttu, Bristol, AS Adventure, … tous ont surfé sur la vague de l’occasion. Après tout, cela devient littéralement un impératif : cette année, l’Europe a pris des mesures concrètes en faveur d’une consommation plus écologique et circulaire. Interdiction de jeter, obligation de réparer. C’est aussi l’année où de plus en plus de prospectus et de tickets de caisse ont disparu, et où les bouchons ébouriffés ont fait leur apparition sur les bouteilles de boissons.
Où tout cela mènera ? Nous l’avons découvert à Séoul, où les détaillants et les marques parviennent à se montrer particulièrement créatifs avec une clientèle vieillissante, sensible aux tendances et friande de luxe. Bien que nous en ayons souvent décrit l’importance, l’IA et la robotique se sont surtout manifestées à l’étranger. À Singapour, par exemple, où nous découvrirons la crème de la crème lors du NRF Retail’s Big Show.