C’était écrit, la crise du coronavirus allait doper le marché belge du commerce électronique. Le cinquième Baromètre du commerce électronique de The House of Marketing et SafeShops le démontre aujourd’hui avec des chiffres concrets, même si le panorama n’est pas que positif.
20.000 nouveaux webshops en 1 an
Les grands chiffres sont vertigineux. En 2020, pas moins de 20 000 boutiques en ligne ont vu le jour dans notre pays, portant le total à 48 000. Avec elles, le nombre total de transactions a franchi le fameux cap des 100 millions, atteignant plus exactement 107 millions. Il s’agit d’une augmentation d’un peu plus de 25% par rapport à l’année précédente.
Il convient de souligner que le Baromètre du commerce électronique ne calcule pas le montant total des achats effectués par les Belges sur le web. Le baromètre se base directement sur les boutiques en ligne, en enregistrant le nombre de transactions effectuées sur les boutiques en ligne belges et le montant total de ces transactions.
À la fois spectaculaire et décevante
Le montant total a atteint 8,8 milliards d’euros, soit une augmentation de 7,5% par rapport à l’année précédente. Une croissance qui, selon l’angle de perception, est à la fois spectaculaire et décevante.
Décevante, car il s’agit d’un ralentissement considérable par rapport aux chiffres de croissance du chiffre d’affaires enregistrés dans les 4 précédentes éditions de ce baromètre. C’est la première fois que la croissance n’est pas à deux chiffres. Une évolution très facile à expliquer. « Nous mesurons de façon très objective les transactions effectuées sur les boutiques en ligne belges », déclare Greet Dekocker, de Safeshops. « Lorsque deux grands secteurs, à savoir les voyages et la billetterie, s’effondrent de facto en un an, cela laisse des traces. »
Et cela explique également pourquoi, à contrario, cette croissance de 7,5% est spectaculaire. Elle a été rendue possible par l’envolée d’autres segments, notamment le commerce de détail (alimentaire), qui a permis de compenser l’énorme perte de chiffre d’affaires dans le secteur des voyages et de l’événementiel.
Pas de retour à l’époque pré-coronavirus
Le Baromètre du commerce électronique traitant des données purement transactionnelles de façon objective, il est difficile de filtrer l’« effet coronavirus » au travers des chiffres pour évaluer la croissance sous-jacente. « Nos chiffres ne permettent pas l’extrapolation ou le filtrage », explique Luka Sabbe, de House of Marketing.
La grande question est : à quoi ressemblera le paysage du commerce électronique belge après la crise du coronavirus ? Sabbe et Dekocker ne s’attendent pas à un retour à l’époque pré-coronavirus. Mais ils prévoient assurément une stabilisation. La possibilité de voir certaines des 20 000 nouvelles boutiques en ligne nées l’année dernière disparaitre est réelle. Les exploitants de petits magasins notamment, pour qui la transition numérique était une nécessité, pourraient bien renoncer à leur boutique en ligne une fois que les clients retrouveront le chemin des magasins physiques.
Magasin physique, boutique en ligne et places de marché en ligne
Néanmoins, Dekocker ne s’attend pas à un recul majeur. « Nous resterons au-dessus de la barre des 100 millions de transactions », prédit-elle. « Certes, certaines des 20 000 nouvelles boutiques en ligne pourraient disparaitre, mais d’autres auront du succès et continueront à se développer. »
La clé sera de trouver la bonne stratégie, reposant sur un ou plusieurs des 3 piliers. « L’expérience d’achat physique tout d’abord, qui aura toujours un avenir après le coronavirus mais qui, pour l’instant, doit s’aligner sur les mesures en vigueur », explique Dekocker. « Elle peut être renforcée par un webshop, qui apporte de la commodité. Enfin, les places de marché en ligne, comme bol.com, peuvent alimenter une formidable expansion géographique. » Dekocker cite notamment en exemple l’Allemagne, où les places de marché représentent déjà 44% du total des transactions en ligne.
« La bataille a commencé »
Reste maintenant à savoir dans quelle mesure le commerce électronique belge peut continuer à prendre de la valeur. Il faudra attendre de voir à quelle vitesse les principaux acteurs du secteur des voyages et de l’événementiel se relanceront cette année, et plus encore l’année prochaine. Mais la marge de croissance est encore large, estime Dekocker.
« En Belgique, le segment en ligne représente actuellement environ 25% du chiffre d’affaires total des magasins », explique-t-elle. « C’était le niveau observé au Royaume-Uni il y a cinq ans, qui est passé à environ 45% aujourd’hui. En Chine, cette part est largement supérieure à 50%. Donc non, je ne prévois pas un recul de sitôt. »
Pour les commerçants qui ont sauté le pas en 2020, il s’agit maintenant de faire les bons choix. « La bataille a commencé », conclut Dekocker. « Ceux qui feront les bons choix stratégiques aujourd’hui pourraient figurer parmi les grands gagnants de demain. »