Il y en eu de l’amour en 2018, beaucoup d’amour : des mariages à la pelle, tant royaux que commerciaux. Mais hélas, comme dans toute romance actuellement, il y a eu au moins autant de divorces.
Liaisons passionnelles et mariages de raison
Que de flirts en 2018 ! Les nouvelles alliances d’achats ont proliféré comme des champignons (même entre les rivaux Fnac Darty et MediaMarkt Saturn), les mariages les plus fous ont été célébrés (notamment celui d’Unilever avec De Vegetarische Slager) et tous les continents se sont fait la cour.
Ainsi Walmart espère devenir ‘big in Japan’ aux côtés de Rakuten, ZEB a conquis plus de cœurs en un an que n’aurait pu le faire Casanova et Michael Kors se retire avec Donatella Versace sur l’île idyllique de Capri, où ensemble ils construiront un nid douillet de gloire d’antan. Parlant de gloire passée : Kaufhof et Karstadt, eux aussi, ont scellé leur union, bien que le duo n’ait jamais manifesté aucun signe d’attirance mutuelle.
Le règne de la caisse touche à sa fin
Et tout cela par crainte des Chinois, qui cette année ont officiellement atterri à Liège ? Ou surtout par crainte d’Amazon, qui en 2018 s’est invité dans nos maisons – tout en respectant le RGPD bien entendu – et y prête une oreille attentive. Certains concurrents, comme Albert Heijn et Zalando, n’ont pas hésité à suivre l’exemple. Passer commande via votre système d’écoute interne et faire livrer le colis par des cambrioleurs en possession de votre clé , voilà l’innovation par excellence de l’année écoulée.
Autre tendance marquante de 2018 : le paiement sans contact dans des magasins sans caisse. Quoi que, pas si marquante que ça, puisque le shopping sans caisse semble déjà dépassé. Actuellement pour faire sensation il faut carrément lancer de véritables magasins-robots. Demandez plutôt à Carrefour : début 2018 le plan de transformation, qui prévoyait ‘d’alléger’ le travail des caissières par des caisses self-scanning, avait provoqué des grèves ; aujourd’hui par contre un shop entièrement automatisé, sans personnel, ouvert 24 heures sur 24, n’étonne plus personne. Le règne de la caisse touche définitivement à sa fin, pour sûr.
Un été torride
Mais revenons aux romances de 2018. L’été fut torride au sens propre, comme au sens figuré. La chaleur a fait gémir les rues commerçantes – mais pas de plaisir – et étonnamment les e-commerçants aussi. Eh oui, en 2018 l’e-commerce a montré ses premiers signes de faiblesse. Zalando a plongé profondément dans le rouge et Asos a qualifié le mois de novembre de « pire mois de tous les temps ».
C’est pourquoi chez Ahold Delhaize ils s’adonnent, sans aucune honte, à des orgies sauvages : après Albert Heijn, bol.com s’est également accouplé à BCC et d’autres concurrents. « Joignez-vous à nous! », s’écrie Wouter Kolk, CEO d’AH. Le récent mariage entre Ahold et Delhaize ne semble déjà plus assouvir les désirs du groupe fusionné.
Albert Heijn de son côté s’en va conquérir le marché belge en célibataire. Pour ceux qui pensaient que le Hollandais se comporterait en gentleman et laisserait à son épouse son marché domestique, ils se sont complètement trompés. Bien que le prétexte dans ce cas-ci soit un autre péril jaune, à savoir l’arrivée imminente de Jumbo.
Bonjour les gilets jaunes, adieu les pailles
En 2018 beaucoup d’amour aussi pour l’environnement (exit les pailles en plastique et bienvenue aux fauteuils en location d’Ikea), pour l’alimentation online et pour les pop-ups en tous genres.
Mais tout cela est-il suffisant pour proclamer 2018 comme ‘Année de l’amour’ ? Non, loin de là : trop de bains de sang, de divorces difficiles et de bagarres ont terni l’année écoulée. Outre les manifestations des gilets jaunes, il y a eu les conflits retentissants entre Kaufland et Unilever, Colruyt et Mars, Raf Simons et Calvin Klein, Primark et Van, pour n’en citer que quelques-uns.
HMV boucle la boucle
Mestdagh est en cours de revalidation, tandis que H&M est en mauvaise santé. Résignés, ils ont assisté au décès de Sears et Toys « R » Us, alors que McGrecor comme un spectre continue d’errer et tente de renaître de ses cendres pour la énième fois. Entretemps Blokker est maintenu dans un coma artificiel, du moins jusqu’à ce que l’héritage soit partagé.
Et enfin, avec la deuxième faillite du disquaire britannique HMV la boucle est bouclée : il y a cinq ans l’enseigne de musique était l’un des premiers grands dominos à tomber et au moment même où nous pensions que le dernier domino était tombé, nous voilà repartis pour un deuxième tour. Frans Colruyt pour sa part a décidé de jeter l’éponge. Peut-on lui donner tort ?