Yuka, l’application santé venue de France, ne cesse de gagner en popularité en Belgique et de nombreux consommateurs suivent souvent ses conseils. De grandes entreprises commencent donc à ajuster la composition de leurs produits afin d’obtenir un meilleur score dans l’application.
Qualité pour la santé
Grâce à Yuka, les consommateurs peuvent vérifier la qualité pour la santé et les risques possibles de produits alimentaires et cosmétiques grâce à leur code-barre. Chaque produit reçoit un score sur cent ainsi qu’une couleur (vert, jaune, orange ou rouge) indiquant à quel point ce dernier est bon ou non pour la santé. L’application lancée en France il y a deux ans compte aujourd’hui neuf millions d’utilisateurs. En Belgique, six mois à peine après son lancement, elle en compte déjà 400 000.
Le succès de Yuka fait en sorte que l’application a un réel impact sur les grandes entreprises alimentaires et cosmétiques telles qu’Unilever et Nestlé. Elles ont déjà indiqué qu’elles prenaient en compte les critères de l’application lors du développement des produits. D’autres entreprises, dont plusieurs chaînes de supermarchés, ont déjà annoncé qu’elles réviseraient la composition de dizaines de produits, parce qu’ils avaient obtenu un mauvais score sur Yuka.
Certains producteurs belges affirment que, pour l’instant, cela ne va pas encore jusque-là. « L’application est majoritairement utilisée en France. Là-bas, le consommateur en tient compte », explique Evi Vandenborne de la société agroalimentaire Continental Foods. « Mais cela ne signifie pas que nous adaptons nos produits uniquement pour cette raison. Nous avons mis en place un programme de développement durable pour répondre aux besoins de nos clients qui recherchent des produits plus naturels. C’est pour cela que nous obtenons de meilleurs scores dans l’application, il s’agit donc plutôt d’une conséquence de notre programme. »
« Démarche non scientifique »
Du côté des scientifiques, l’application essuie de plus en plus de critiques : par exemple, la façon dont le score Yuka est calculé manque de clarté. De plus, l’application est basée non seulement sur les effets prouvés, mais aussi sur les conséquences « potentielles » qu’un produit peut avoir. « Je trouve vraiment stupide que les entreprises ajustent leurs produits sous la pression de cette application », déclare la toxicologue Vera Rogiers dans De Tijd. « De telles applications donnent une représentation beaucoup trop simple d’une science complexe, d’autant plus qu’ils se basent sur de fausses informations. »
Vera Rogiers est vice-présidente du Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs, qui évalue la sécurité des produits de soins personnels. Selon elle, l’application regarde également de manière beaucoup trop unilatérale la présence de certains ingrédients, sans tenir compte du degré d’exposition à ceux-ci. « Certaines substances contenues dans les écrans solaires sont nocives. Mais pour cela, il faut mettre une tonne de crème solaire sur son corps. »