« Un libraire n’est pas un agent de police »
Le problème est bien réel et les chiffres le prouvent : en 2011 pas moins de 541 commerçants sur les 1.430 contrôlés vendaient des billets à gratter et autres produits de loterie à des mineurs d’âge. Malgré une sérieuse amélioration par rapport à 2007 – où 9 commerçants sur 10 transgressaient l’interdiction de vente –, en 2011 un libraire sur trois ne respectait toujours pas la législation.
« Nous ne sommes pas opposés à l’interdiction de vente aux mineurs d’âge », explique Christine Mattheeuws du Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI), « mais nous estimons que le commerçant n’a pas à jouer le rôle d’agent de police. » La Loterie Nationale cette fois se serait engagée auprès du SNI à envoyer uniquement des acheteurs mystères mineurs faisant vraiment leur âge, c’est-à-dire moins de 18 ans ; ce qui l’année dernière n’était pas le cas, au grand mécontentement des commerçants sanctionnés.
« L’année dernière il était très difficile pour le commerçant de déterminer s’il avait affaire à un mineur d’âge ; des pratiques qui selon nous relèvent de la provocation. Nous espérons que cette fois la Loterie Nationale jouera franc jeu, sinon il y aura à nouveau une multitude de plaintes comme l’année dernière », prévient la présidente du SNI.
Des billets à gratter s’adressant aux jeunes
Bien que cette fois la Loterie Nationale ait informé par courrier tous les libraires de la campagne de contrôle et malgré un assouplissement des amendes – sous pression du SNI – l’organisation des indépendants pointe à nouveau la Loterie Nationale du doigt l’accusant presque d’hypocrisie.
« Cette dernière (la Loterie Nationale, ndlr.) ferait mieux de ne plus lancer des billets à gratter qui attirent surtout les jeunes. Je pense par exemple aux billets à gratter à l’effigie du groupe populaire Milk Inc. ou encore Tintin, Bling Bling, The Sound of Cash, des animaux domestiques attendrissants et bientôt le football. Autant de thèmes qui attirent surtout les jeunes », souligne Christine Mattheeuws. Le SNI trouve « étrange que la Loterie Nationale contrôle si les libraires ne vendent pas des produits de loterie aux jeunes, alors qu’elle continue à lancer des produits axés spécifiquement sur cette catégorie d’âge. »
Les contrevenants paient la campagne de sensibilisation
Dans une première réaction la Loterie Nationale conteste cette insinuation : « Nous devons offrir une alternative pour les jeux très populaires, tels que le poker online. Le seul moyen c’est de lancer des produits qui se situent dans leur univers, comme par exemple les billets à gratter de Milk Inc. Qu’avec de tels billets nous attirons surtout des mineurs d’âge, est faux. Les fans de Milk Inc. ont en général plus de 18 ans. »
En plus des contrôles, la Loterie Nationale lance aujourd’hui une campagne de sensibilisation. « A travers cette campagne nous voulons faire comprendre que nos produits ne sont pas destinés aux mineurs d’âge. Cette campagne est financée avec l’argent que nous avons encaissé l’année dernière auprès des contrevenants. »
Traduction : Marie-Noëlle Masure