Si cela ne tenait qu’au Parlement français, plus aucun grand centre commercial (plus de 10 000 m²) ne serait construit en France. L’interdiction s’inscrit dans le cadre d’une loi climat plus large.
Petits projets autorisés uniquement « à titre exceptionnel »
Pour l’instant, il s’agit d’un « principe général » qui entre dans un projet de loi climat qui a été voté en première lecture à l’Assemblée la semaine dernière. Même les centres commerciaux d’une superficie plus réduite ne pourront plus être construits en toute liberté : l’administration du département auquel la demande est adressée ne pourra octroyer des dérogations qu’à titre exceptionnel.
L’interdiction entre dans le cadre de la lutte contre l’artificialisation des sols visant à empêcher l’asphaltage de vastes surfaces en périphérie des centres urbains. Les députés veulent également empêcher que de nouveaux centres commerciaux contribuent davantage à l’abandon des zones commerciales des centres-villes.
L’approche climatique comme nouvel argument
L’approche climatique, et en particulier l’artificialisation des sols, est un nouvel élément dans les discussions qui se tiennent également chez nous au sujet de la construction de nouveaux centres commerciaux. En Belgique, la menace qui plane sur le commerce de détail dans les centres-villes est généralement plus importante, qu’elle soit ou non associée à des problèmes de circulation et/ou de pollution atmosphérique, à l’image du projet Broeklin à Machelen, né du projet initial Uplace.
Plusieurs députés français estiment que la proposition actuelle ne va pas assez loin. Selon eux, la limite de 10 000 mètres carrés est trop élevée, la plupart des projets restant en deçà de cette superficie. Le fait que les petits projets ne seraient autorisés qu’à titre exceptionnel devrait apporter une réponse à cette critique. La ministre compétente, Emmanuelle Wagron, a promis que chaque dossier sera évalué avec « toute la rigueur nécessaire ».
Vote décisif le 4 mai
Autre point épineux du dossier : la restriction ne s’applique pas aux centres de distribution des grands acteurs du commerce électronique. Amazon possède par exemple plusieurs méga-sites d’une superficie de plus de 100 000 mètres carrés. Les petits centres de distribution du dernier kilomètre frôlent souvent à la limite des 10 000 m². Le fait que ces installations ne soient pas visées par le projet de loi climat attise la colère du secteur des centres commerciaux.
Reste à savoir s’ils parviendront à supprimer la disposition du projet de loi climat, ou du moins à la modifier. Le vote décisif sur le projet de loi climat est prévu le 4 mai à l’Assemblée nationale. Ensuite, le Sénat devra l’examiner dans le courant du mois de juin.