La crise du coronavirus a donné un coup de fouet au commerce des produits de contrefaçon, puisque près de 6 % de tous les produits entrant dans l’Union européenne sont désormais des faux. Le commerce électronique et les réseaux sociaux sont de nouveaux canaux de vente lucratifs.
Le vent en poupe en ligne
Selon un nouveau rapport d’Interpol et de l’Union européenne, la contrefaçon et le piratage de produits connaissent un nouvel élan dans le contexte de la crise sanitaire. La croissance du e-commerce, l’augmentation de la demande et la rareté dans certains secteurs ont crée des opportunités que les réseaux criminels se sont empressés de saisir. 119 milliards d’euros de produits contrefaits entreraient dans l’UE, ce qui représente 5,8 % des importations totales.
Les producteurs et distributeurs de produits contrefaits sont également de plus en plus ingénieux. Ils se servent habilement de la numérisation en s’appuyant largement sur les plateformes en ligne, les réseaux sociaux et les services de messagerie instantanée. Au-delà des magasins et des marchés physiques, les vêtements et les accessoires, en particulier, sont de plus en plus vendus par le biais du streaming en direct, de vidéos et de publicités sponsorisées sur les réseaux sociaux, attirant les clients avec des remises trompeuses ou des produits « de marque » à bas prix.
Parce qu’ils sont vendus sur des places de marché en ligne, les produits de contrefaçon sont de plus en plus souvent introduits dans l’UE dans de petits paquets par l’intermédiaire de services de messagerie. Ils échappent ainsi aux contrôles douaniers, qui ciblent principalement le transport normal de marchandises. En outre, en raison de la pandémie, moins de contrôles ont été effectués.
Usines illégales en Europe
Si la Chine et d’autres pays Asie sont de loin les plus gros marchés de la contrefaçon, Interpol a constaté une augmentation de la production dans des laboratoires illégaux et des usines (parfois très modernes) au sein de l’Union européenne. Les enquêteurs enregistrent en effet une hausse de l’importation de faux emballages et même de produits semi-finis. Tout, des téléphones aux cosmétiques, est ensuite assemblé sur place. Ces laboratoires illégaux sont difficiles à traquer, admet le rapport.
Toutefois, des sites de production ont été découverts dans de nombreux pays européens, « notamment des laboratoires de production de médicaments contrefaits, des usines d’étiquetage de faux vêtements et produits de luxe, des installations de production et de reconditionnement de pesticides illégaux et de cigarettes, des usines de remplissage de bouteilles de boissons alcoolisées authentiques ou contrefaites et des usines clandestines de conditionnement de parfums contrefaits ».
Commercialisés avant les originaux
Les catégories de produits les plus contrefaits restent les vêtements, les accessoires et les produits de luxe. Les contrefacteurs s’attaquent de plus en plus aux articles de luxe et à un large éventail de produits de tous les jours, mais ils n’hésitent pas non plus à exploiter la pénurie de puces. Outre la mise sur le marché de fausses puces à semi-conducteurs, il arrive que des contrefaçons de produits électroniques populaires (tels que les smartphones et les consoles de jeux) se retrouvent sur les places de marché en ligne avant même le lancement du produit original.
Le rapport souligne que la production de produits alimentaires illégaux, notamment de boissons, est de plus en plus professionnelle et sophistiquée. « Certains contrefacteurs exploite un modèle commercial de bout en bout qui couvre l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et de distribution », indique le rapport. Étonnamment, dans la catégorie des parfums et cosmétiques, ce sont principalement les produits de consommation courante, tels que le shampoing, le dentifrice ou les produits d’entretien, qui sont produits illégalement.
« La commercialisation de contrefaçons est une activité très lucrative pour les réseaux criminels impliqués, qui engrangent d’importants bénéfices tout en courant relativement peu de risques », déplorent Interpol et l’EUIPO. Les organisations soulignent également que l’essor de la vente en ligne encourage la contrefaçon.