On évoque souvent la « guerre des talents » que se livrent les entreprises pour recruter des ingénieurs et autres profils techniques. C’est aujourd’hui une véritable « guerre des chauffeurs » qui a éclaté au Royaume-Uni : de plus en plus de retailers multiplient les incitants financiers pour attirer de nouveaux chauffeurs de poids lourds.
Prime de 5 000 livres
Le dernier en date est ainsi Marks & Spencer : les nouveaux chauffeurs du partenaire logistique Gist se sont vu promettre un bonus total de 5 000 livres (près de 6 000 euros). Ils recevront ainsi 2 000 livres à la signature, puis d’autres primes à mesure qu’ils restent fidèles à l’entreprise, rapporte Retail Gazette.
Aldi avait déjà annoncé une augmentation du salaire de ses chauffeurs, à la fois pour conserver les chauffeurs existants et en attirer de nouveaux. Tesco, pour sa part, promet un chèque de 1 000 livres à chaque nouveau chauffeur qui s’engage avant la fin du mois de septembre.
Pingdemic
Plusieurs facteurs expliquent cette concurrence féroce. Le premier est la « pingdemic ». Ce phénomène, qui fait référence au « ping » qu’émet l’application britannique anti-corona pour signaler un contact à haut risque à un utilisateur, oblige une proportion importante de la main-d’œuvre britannique à observer dix jours de quarantaine obligatoire. Il en résulte des problèmes constants de personnel dans un grand nombre d’entreprises.
La crise sanitaire a également provoqué une grave pénurie de chauffeurs qualifiés d’une autre manière. La Road Haulage Association (RHA), la fédération sectorielle, estime qu’il manque quelque 60 000 chauffeurs routiers après que 30 000 examens de conduite ont été annulés l’année dernière en raison de la pandémie.
Brexit
La dernière cause, plus structurelle, est le Brexit, qui a obligé de nombreux chauffeurs routiers étrangers à quitter le Royaume-Uni. Comme la profession ne figure pas sur la liste du « skilled labour » (main-d’œuvre qualifiée) du gouvernement britannique, ces chauffeurs ne pourront revenir qu’après avoir accompli de longues formalités d’immigration.
Le gouvernement britannique tente d’atténuer la crise en assouplissant les obligations de quarantaine et a promis plusieurs mesures visant à rendre la vie des chauffeurs routiers plus agréable. Il veut notamment augmenter le nombre d’aires de repos et de stationnement et renforcer les normes applicables aux relais routiers. Mais la RHA se montre très critique : ces mesures seraient largement insuffisantes pour répondre aux besoins les plus urgents.