Le tri a été fait. Ceux qui se tiennent encore debout dans le retail ont fait leurs preuves. Gino Van Ossel, professeur à Vlerick, observe une génération de survivants dans les rues commerçantes et une nouvelle génération de combattants déjà prête à prendre les armes. Heureusement, car il présentera une fois encore son impitoyable bilan lors de la RetailDetail Night.
« Le supermarché intégré est en train de disparaître »
Lorsque Gino Van Ossel a demandé aux PDG du commerce de détail présents à la RetailDetail Night de l’année dernière ce qu’ils attendaient de cette année, tous avaient vu juste. Une année d’incertitude, une année d’inflation, mais aussi une année de transformation. « Sans surprise, le secteur alimentaire a dominé l’actualité. La question de Delhaize est peut-être encore plus parlante que l’inflation et les hausses de prix. La disparition progressive du supermarché de services intégrés a franchi l’étape finale, observe Gino Van Ossel, qui reviendra cette année encore à la RetailDetail Night pour présenter son aperçu annuel impitoyable.
« Le secteur alimentaire a changé », déclare Ossel. « La transition des grands supermarchés aux petits magasins et de la gestion interne à l’exploitation par des indépendants a atteint sa vitesse de croisière : il y a eu Delhaize, mais aussi Mestdagh et Match. Carrefour sait très bien pourquoi il n’a pas repris les magasins Mestdagh. Et Jumbo et Albert Heijn se développent aussi uniquement par le biais de franchises. »
Cela signifie en même temps une nouvelle consolidation et une nouvelle constellation pour le paysage des supermarchés : Carrefour, en tant que numéro 3, a désormais l’envergure d’Aldi et de Lidl réunis, tandis qu’Ahold Delhaize va reprendre du poil de la bête et que Colruyt a trouvé son second souffle. Et qu’adviendra-t-il des sept magasins Cora restants après l’implosion de Louis Delhaize ? « L’année prochaine promet d’être palpitante », se réjouit déjà le professeur de marketing.
Les plus forts restent
Cela n’arrive pas souvent, mais les choses ont été nettement plus calmes dans le secteur non alimentaire. « Pour eux, c’est une année qu’ils s’empresseront d’oublier. Pour la énième fois en l’espace de quelques années, qu’il s’agisse d’une pandémie ou de deux nouvelles guerres, le contexte macroéconomique général bouleverse les choses et réduit à néant toutes les attentes », note Van Ossel. Et la température de 19 degrés le 19 octobre (date de notre entretien, ndlr) est une autre épine dans le pied de l’industrie de la mode. Le commerce électronique a également reculé, à l’instar de l’ensemble du marché, et un nouveau conflit que personne n’avait vu venir a éclaté au Moyen-Orient.
Pourtant, il n’y a pas eu trop de faillites à déplorer. « La plupart des chaînes sont entrées dans une phase où les acteurs les plus faibles ont été évincés du marché. Ceux qui restent sont assez forts pour survivre. La plupart d’entre eux s’en sortent, même si c’est un parcours du combattant. » La vente d’Inno est donc une bonne nouvelle et, selon Van Ossel, Dreamland se portera mieux avec son nouveau propriétaire.
Une envie de renouveau
Le commerce de détail belge fait même preuve d’une réelle capacité d’innovation. « Cela est apparu clairement lors de la cérémonie de remise du prix Mercury. La Belgique a réalisé une première mondiale avec les drones d’Ikea, et trois des dix lauréats sont issus d’autres secteurs que le commerce de détail. Directement des bancs de l’école dans le cas de Jacob’s Conceptstore, mais aussi d’autres secteurs chez SKM (également présent lors de la RetailDetail Night) et Mr. Georges. Le commerce de détail est donc toujours aussi attrayant ! »
L’innovation prend deux directions : la technologie et l’automatisation sont mises à profit non seulement pour réduire les coûts, mais aussi pour fournir des services aux clients. Avec l’automatisation du commerce de détail, le contact avec le client diminue, mais ce contact devient de plus en plus important. Van Marcke Lab en est un exemple, selon Gino Van Ossel : « Van Marcke était (délibérément au passé) une entreprise traditionnelle dans un secteur très traditionnel, mais voyez comment elle se prépare aujourd’hui à un avenir hybride. Tout comme Carrefour qui mise sur le ‘commerce rapide’ avec Takeaway.com. »
Van Ossel envisage donc l’avenir avec optimisme. « Les acteurs qui sont encore là aujourd’hui font un travail de qualité et conscient. Il a fallu un certain temps pour que les marques et les détaillants belges s’y mettent, mais ils se tournent désormais progressivement vers l’intelligence artificielle (merci, ChatGPT) et le retail media. Je suis impatient de découvrir les premiers résultats l’année prochaine. »