Walmart paye cher sa tentative de contrecarrer le géant d’internet Amazon. Littéralement. L’enseigne de grande distribution s’attend à une perte de plus d’un milliard de dollars pour sa division e-commerce américaine.
Frustrations
Le tonnerre gronde chez Walmart, car la contre-offensive, lancée durant l’été 2016 afin de rattraper Amazon, ne se déroule pas comme espéré. Cette année-là Walmart a racheté l’e-tailer Jet.com pour 3,3 milliards de dollars, mais jusqu’à présent cette acquisition n’a pas apporté les résultats escomptés.
L’an dernier la division e-commerce américaine de Walmart a beau avoir vu son chiffre d’affaires bondir de 40% à 21 à 22 milliards de dollars, elle reste néanmoins loin derrière Amazon. Ce dernier détient actuellement une part de 38% du marché de l’e-commerce aux Etats-Unis (contre 32% en 2016), alors que la part de Walmart atteint à peine 4,7% (contre 2,6% en 2016).
Par ailleurs la division reste dans le rouge : cette année la perte s’élèverait à plus de 1 milliard de dollars, selon les sources du site web Vox (Walmart ne donne pas de chiffres détaillés et s’est refusé à tout commentaire). Et Walmart n’a pas l’habitude des chiffres rouges. D’où la frustration qui règne au quartier général.
Mise en vente de webshops d’habillement
Dès lors le CEO Doug McMillion aurait mis le fondateur de Jet.com Marc Lore, qui dirige la division internet de Walmart (et qui auparavant a vendu Diapers.com … Amazon pour un gros montant), sous forte pression, lui demandant d’intervenir pour redresser la situation. L’une des pistes avancées est la vente des ‘digital fashion brands’, que le groupe a acquises ces dernières années. Afin d’attirer plus de jeunes citadins Walmart a acquis Modcloth et Bonobos en 2017, auxquels s’est ajouté Eloquii l’an dernier. Mais selon ces mêmes sources, aucune de ces marques ne seraient rentables. Modcloth devrait être vendu encore cette année, tandis que Bonobos aurait peut-être droit à une deuxième chance.
En outre Walmart.com souffre d’un double handicap : l’enseigne détient nettement moins de centres de distribution qu’Amazon (une vingtaine contre 110 pour Amazon) et le catalogue de produits et de marques est beaucoup plus limité. Mais cette manœuvre de rattrapage, nécessaire selon Marc Lore, demande de gros investissements. Or McMillion & co n’ont pas l’intention de creuser encore davantage les pertes. C’est ce qu’on appelle une situation ‘catch-22’. Même si chacun sait qu’il n’y plus moyen de faire marche arrière …