Un mariage entre Carrefour et Fnac Darty s’annonce-t-il, maintenant que le PDG de la Fnac, Alexandre Bompard, s’apprête à prendre les commandes chez Carrefour ? Une chaîne de supermarchés qui se cherche, un retailer de produits culturels en relance et un spécialiste de l’électro peuvent-ils revitaliser le retail français ?
Une romance passionnée avec Bompard
Il est clair que Carrefour s’est follement épris d’Alexandre Bompard, le CEO de 44 ans de Fnac Darty. Depuis des mois son nom était évoqué comme successeur de Georges Plassat et qui sait depuis combien de temps Carrefour lui faisait déjà la cour.
Mais le deal n’a pas été conclu d’emblée, car l’homme n’est pas bon marché : en 2016 Bompard a touché 13,8 millions d’euros en tant que PDG de la Fnac, alors que l’actuel patron de Carrefour Georges Plassat a dû se contenter de 9,7 millions d’euros. Mais il leur fallait absolument Bompard, donc pas question de renoncer.
Lorsque finalement Bompard a dit ‘oui’ le weekend du 3 juin, le processus s’est accéléré : vendredi 9 juin sa nomination a été approuvée à l’unanimité par le conseil d’entreprise et le 18 juillet il entrera en fonction, bien que le mandat de Plassat n’expire qu’en 2018.
Carrefour se trouve devant les mêmes défis que la Fnac
Pourquoi cet amour soudain ? Il est clair que Bompard a été recruté pour faire de Carrefour un acteur omni-canal. Lorsqu’il a rejoint la Fnac en 2011, le groupe de produits culturels croulait sous le poids du retail online, d’un parc de magasins désuet et d’une concurrence internationale au niveau des prix. En bref l’entreprise était confrontée à un grand trouble-fête : Amazon. Et c’est précisément ce géant américain que Carrefour craint par-dessus tout.
Bompard a su inverser la tendance ce qui lui a valu des louanges internationales. D’emblée il a lancé l’ambitieux programme ‘Fnac 2015’, misant sur l’e-commerce et les économies de coûts. L’entrée en bourse de la Fnac après cette réorganisation fut un succès.
En 2016 nouveau coup de maître : après un long combat le groupe Fnac est parvenu à racheter le spécialiste français de l’électro et des appareils ménagers Darty. Grâce à la combinaison des deux formules, le groupe Fnac est devenu leader du marché de l’électro en France. De quoi renforcer sa position face aux acteurs étrangers comme Amazon.
A l’heure où les acteurs en ligne étendent leur champ d’action aux courses quotidiennes, Carrefour se trouve donc confronté aux mêmes défis que la Fnac par le passé. En outre dans le non-food les nuages sombres s’amoncellent depuis longtemps pour Carrefour, dont les hypermarchés perdent des parts de marché. Là aussi des solutions devront être trouvées d’urgence pour que le concept soit à nouveau attrayant pour le consommateur.
L’union fait la force
Bref, une lourde mission à la hauteur des compétences d’Alexandre Bompard. Toutefois il n’est pas certain que la Fnac et Darty soient déjà suffisamment solides pour se débrouiller seuls. Certes, le plus urgent a été fait : aujourd’hui le retailer est sorti de l’impasse, avec une place de marché online, une expérience en magasin améliorée, une extension du réseau de distribution et un solide partenaire en vue de s’accaparer une plus grande part du gâteau. Il n’empêche que pour la Fnac un petit coup de pouce est toujours le bienvenu, tout comme pour Carrefour d’ailleurs.
Est-ce peut-être là la raison de la coalition précipitée entre Bompard et Carrefour ? ESM Magazine suggère une possible collaboration entre Carrefour et Fnac Darty dans le futur. Car que pourrait apporter une alliance entre Carrefour et Fnac Darty ? Ensemble ils disposeraient d’un immense réseau de magasins comme points de service, de leur propre place de marché tant pour le food que le non-food et d’énormes avantages d’échelle.
Pour se lancer dans l’omni-canal, il faut être fort tant online qu’offline. Deux domaines dans lesquels il reste encore matière à amélioration tant chez Carrefour que chez Fnac Darty. Ni l’un, ni l’autre n’offre le meilleur prix, ni le plus grand confort, ni le meilleur service. Par contre ensemble, ils pourraient y parvenir
D’autres mariages surprenants dans le retail
Cela pourrait commencer par des shop-in-shops ou des magasins Fnac attenant à des espaces commerciaux devenus trop grands pour Carrefour, estime ESM. Tout comme Media Markt le fait déjà chez Makro. Ou encore comme Auchan et Boulanger en France qui collaborent au niveau des achats en négociant en commun avec les fournisseurs. Et si cette stratégie porte ses fruits, peut-être y aura-t-il une fusion entre les deux parties ?
Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois qu’une combinaison aussi surprenante se crée dans l’univers des supermarchés, affirme ESM. Ainsi la chaîne de supermarchés britannique Sainsbury’s a racheté l’ex-vendeur de catalogues Argos, Walmart a repris le casseur de prix Jet.com et Tesco a acquis le grossiste Booker.
Tous l’ont fait pour faire barrage à Amazon et renforcer leur propre réseau. Dans ce monde du retail hyper compétitif avec quelques grandes puissances aux commandes, la collaboration est une solution qui s’impose de plus en plus.