Le groupe de lunetterie franco-italien EssilorLuxottica active la vente de 350 magasins, dont tous les magasins de lunettes GrandOptical en Belgique, afin de conclure son accord avec GrandVision. Selon Bloomberg, les banques d’affaires Lazard et Mediobanca doivent vendre l’ensemble des points de vente avant le délai très serré de la fin juillet.
Une véritable saga !
Depuis l’offre d’EssilorLuxottica au cours de l’été 2019, la reprise de GrandVision est déjà devenue une véritable saga qui s’articule autour de deux intrigues principales. La première consiste en une discussion entre les deux parties elles-mêmes qui a éclaté au milieu de l’année dernière – en pleine crise du coronavirus – après les mauvais résultats de GrandVision. EssilorLuxottica a affirmé que GrandVision n’avait pas fourni un aperçu suffisant du déroulement des événements au cours des premiers mois de la pandémie. GrandVision a ensuite fait valoir qu’EssilorLuxottica a juste – 7,3 milliards d’euros, c’est une grosse somme en période d’incertitude économique – tenté de se soustraire à l’accord..
Cette question fait désormais l’objet d’une procédure d’arbitrage. Voici l’enjeu réel du dossier : si la reprise n’est pas réalisée avant la fin du mois de juillet de cette année, l’offre d’EssilorLuxottica deviendra caduque, mais le groupe franco-italien devra verser des dommages et intérêts de 400 millions d’euros à GrandVision. Le décompte final a donc commencé.
Colosse de la lunetterie
Ce calendrier est soumis à une pression supplémentaire en raison de l’autre thème majeur : la crainte de l’Europe qu’une fusion entre les deux sociétés ne donne naissance à un acteur trop dominant en Europe. La commissaire européenne Margrethe Vestager compétente en la matière s’est inquiétée de l’intégration verticale qui en résulterait : le groupe fusionné dominerait la chaîne allant de la monture et des verres au magasin d’optique en passant par tous les éléments intermédiaires, ce qui rendrait difficile pour les concurrents de rivaliser avec ce géant des lunettes.
Et donc EssilorLuxottica doit céder 350 magasins. La Commission européenne a déjà fait savoir quels magasins étaient censés être cédés.:
- Les 35 magasins GrandOptical en Belgique, sans le nom de la marque.
- 174 magasins en Italie, dont la chaîne intégrale VistaSi.
- 142 magasins Eyewish aux Pays-Bas, avec le nom de la marque. Les magasins Eyewish que le groupe fusionné souhaite conserver devront continuer sous une autre marque.
Il s’agit d’une part importante, qui, selon les sources de Bloomberg, réalisait, avant la pandémie, un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros. Et ce pan déterminant devra quitter le navire au cours des deux prochains mois : selon des informations de Bloomberg, qui ne sont confirmées par aucune des parties, Lazard et Mediobanca sont donc en pleine discussion informelle avec des acheteurs potentiels. Elles doivent être finalisées rapidement, surtout à l’approche de l’été. Dans le cas contraire, EssilorLuxottica devra payer 400 millions d’euros à un concurrent, sans rien attendre en retour.