L’e-commerce belge génère-t-il 5 ou à 9 milliards d’euros ? Pas une mince différence. Les calculs des diverses fédérations du e-commerce (BeCommerce en Safeshops.be) divergent. Qu’en est-il ?
Où se situe la différence ?
En 2016 le chiffre d’affaires total du e-commerce en Belgique s’est élevé à 5,001 milliards d’euros, un joli montant (presque) rond, qui représente une croissance de 22% par rapport à 2015. C’est du moins les chiffres que Safeshops.be et The House of Marketing ont annoncé aujourd’hui, sur base d’une étude commune.
Pourtant hier BeCommerce prétendait dans son rapport annuel ‘BeCommerce Market Monitor’, réalisé en collaboration avec GfK, que les consommateurs belges avaient dépensé 9,1 milliards d’euros online, soit une croissance de 10%. Comeos pour sa part se tient dans le juste milieu : fin janvier la fédération parlait d’un montant de 7,43 milliards d’euros, soit une hausse de 15% par rapport à 2015.
Alors où se situe la différence ? D’emblée une énorme divergence saute aux yeux : dans leurs calculs Comeos et BeCommerce se basent sur les dépenses des consommateurs, tandis que Safeshops.be part des données transactionnelles des e-commerçants belges.
Safeshops.be a donc chiffré les dépenses online au sein de la Belgique, alors que les deux autres organisations ont calculé les dépenses effectuées par les Belges, y compris à l’étranger.
Personne ne sait ce qu’est l’e-commerce
Mais le compte n’est toujours pas bon, car en soustrayant les dépenses des Belges à l’étranger des totaux de Comeos et BeCommerce, le marché du e-commerce belge s’avère bien plus modeste que celui évoqué par Safeshops.be. Selon Comeos, pas moins de 53,7% des 7,43 milliards d’euros sont partis à l’étranger, ce qui signifie donc que l’e-commerce ‘purement’ belge se situerait bien en-deçà des 5 milliards d’euros avancés par Safeshops.be.
Admettons, le montant de Safeshops.be comprend probablement aussi les étrangers qui font leur shopping via des webshops belges, mais ce nombre est négligeable. Non, la différence s’explique par ce que l’on entend par e-commerce. Certains y incluent les achats effectués via les bornes digitales présentes en magasin, alors que pour d’autres il s’agit uniquement des achats hors magasin. Certains excluent l’online gaming, alors que d’autres prennent en compte les abonnements et les services de licences en ligne.
Quels achats et ventes sont, oui ou non, considérés comme étant de l’e-commerce ? C’est sur cette question fondamentale que divergent les points de vue ! Qu’est-ce que l’e-commerce ? Pire encore : Qu’est-ce que l’e-commerce belge ? Personne ne semble être d’accord sur ce point.
Un exercice dépassé
‘Heureusement’ il ne s’agit pas d’un problème exclusivement belge. Nos voisins du Nord, qui comme chacun sait ont une sérieuse avance en matière d’e-commerce, eux non plus ne sont pas unanimes sur la question. Car effectivement tout cela est complexe, d’autant plus que les divers canaux ont tendance à s’entremêler et que les experts en retail et marketing proclament depuis des années qu’en fait il n’y a pas de différence entre l’e-commerce et le ‘simple’ commerce.
Quoi de plus logique, car le consommateur est online et connecté en permanence. Que lui importe qu’il s’agisse d’e-shopping ou d’une autre forme de shopping. « Lorsque mes enfants font leur shopping, ils s’installent tout simplement devant leur ordinateur ou leur mobile », disait très justement Wijnand Jongen, fondateur de Thuiswinkel.org.
Pourvu que l’an prochain lorsque viendra le temps des bulletins nous n’ayons plus à lire des « baromètres » concernant l’e-commerce. Et espérons surtout que tout le monde comprenne enfin qu’il n’y a que du commerce ‘tout court’ !