Commençons par la bonne nouvelle : il n’y a pas eu beaucoup de faillites en 2022. Mais nous avons tout de même dû faire nos adieux à plusieurs détaillants et formules…
Les victimes de l’année post-covid
Dans le commerce de détail, chaque année fait son nombre de victimes. On pourrait donc s’attendre à ce qu’une année marquée par le coronavirus, une guerre européenne et l’inflation laisse des cratères dans les rues commerçantes. Pourtant, dans l’ensemble, le nombre de faillites n’est pas trop élevé.
Si de nombreux détaillants et fabricants, tant dans le secteur alimentaire que non alimentaire, ont peiné à maintenir la tête hors de l’eau, beaucoup d’autres nouveaux acteurs ont émergé. Plutôt que de rester les bras croisés, plusieurs détaillants ont choisi de baisser le rideau. Makro, par exemple, qui n’est techniquement pas encore en faillite mais dont l’agonie aura largement marqué l’année 2022…
Voici les formules auxquelles nous avons dû faire nos adieux en 2022 :
- Le rideau est tombé sur Made.com, le détaillant de meubles britannique, qui avait au départ séduit avec son modèle 100 % en ligne et direct au consommateur. Mais le recul du commerce électronique après la pandémie de coronavirus, les problèmes d’approvisionnement à l’échelle mondiale et un modèle édulcoré ont eu raison du détaillant autrefois innovant. Des adieux certes relatifs : quiconque se rend sur le site web est instantanément redirigé vers le nouveau propriétaire, Next. Le nom de marque est maintenu.
- Après avoir reçu 466 plaintes en un an et demi, l’organisation de consommateurs Test Achats a déposé plainte au mois de février contre le distributeur d’Apple Switch auprès de l’autorité de la concurrence et de l’Inspection économique. L’autorité belge qui contrôle le secteur financier a interdit la vente d’assurances trompeuses, après quoi le propriétaire français SFAM a converti six magasins en Hubside.Store. Les autres points de vente ont été repris par le concurrent de Flandre occidentale, Lab9.
- 2022 a également sonné le glas pour Gorillas, en Belgique d’abord, puis sur l’ensemble de ses marchés d’activité. L’année avait pourtant bien commencé pour la société de livraison rapide, avec un accord stratégique avec Jumbo, mais en juin, les sociétés de livraison des courses étaient déjà à bout de souffle en Belgique. La société de livraison s’est également retirée de nombreux autres pays et villes. Finalement, en décembre, Getir a racheté Gorillas.
- Carrefour Mestdagh et Match n’existent plus en Belgique. Les formules n’ont pas encore disparu, mais 2022 a été l’année décisive. L’acquisition de Mestdagh par Intermarché est confirmée, même si la conversion ne commencera réellement qu’en 2023. Parallèlement, Louis Delhaize a annoncé que les supermarchés Match seront transformés au cours des prochaines années en Louis Delhaize Open Market.
- Le règne de Camaïeu a touché à sa fin au mois de septembre, lorsque la chaîne de mode, en difficulté depuis longtemps, a été déclarée en faillite. Une relance et un rachat en 2020 n’ont rien donné. Au contraire, le cratère financier n’a fait que se creuser et le gouvernement français n’a pas voulu venir en aide à la formule. Fin de l’histoire, donc ? Pas tout à fait… Celio s’est empressé de racheter les droits de marque lors de la vente de liquidation aux enchères et entend faire revivre Camaïeu.
- Saviez-vous que FNG a fait faillite en 2022 ? Ça, c’était il y a longtemps, vous dites-vous certainement. Oui, mais l’histoire s’est répétée en 2022. Après la faillite de Brantano et d’autres composantes en 2020, la holding mère et quelques autres sociétés existaient encore. Le seul actif restant était la société de commerce électronique Ellos. Mais la relance pour cette filiale suédoise a finalement échoué en février de cette année. Cependant, le chapitre n’est pas encore clos…
- Keymusic a également baissé les bras, après plusieurs tentatives. Pendant la pandémie de coronavirus, la chaîne de magasins d’instruments de musique avait pu redémarrer grâce au batteur et entrepreneur Jan ‘t Hoen, mais le virus lui avait déjà porté un coup dur et les problèmes d’approvisionnement ont enfoncé le couteau dans la plaie. Faute d’un repreneur pour la plupart des magasins, le mobilier et les stocks d’une valeur totale de deux millions d’euros ont été vendus aux enchères.
- Malgré un chiffre d’affaires record de 2,5 millions d’euros en 2020, Mealhero n’a pas survécu à l’année post-coronavirus. En effet, le concept des trois acolytes de Vlerick a enregistré autant de pertes que de chiffre d’affaires et ses fonds propres étaient dans le rouge. En septembre, le mobilier du fournisseur de repas surgelés à cuir à la vapeur, en faillite, a été mis aux enchères.
- Alors que Mere n’avait pas démarré sur les chapeaux de roues, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a porté le coup fatal au discounter russe en Occident. Outre l’arrêt net de l’essor promis, le hard discounter a été contraint de battre en retraite. Après moins de cinq mois, le premier et unique magasin belge d’Opwijk a fermé ses portes.
- Après 85 ans, Fruitmarkt Cools, une célèbre chaîne de magasins de fruits et légumes à Anvers, a jeté l’éponge. L’entreprise familiale était spécialisée dans l’achat et la vente des stocks excédentaires auprès d’importateurs de produits frais. Mais, aujourd’hui, les stocks excédentaires se font rares. Une trentaine de magasins ont fermé leurs portes, quatre-vingts employés ont perdu leur emploi.