Les syndicats estiment que la tendance au franchisage dans le commerce de détail doit cesser. Réclamant un salaire égal pour un travail égal, ils prévoient une journée d’action le 17 avril, au début des négociations sectorielles, qui s’annoncent difficiles.
« Fausse franchise »
Les syndicats chrétiens et libéraux ont déposé un préavis de grève pour l’ensemble du secteur du commerce de détail, tant pour les grandes chaînes que pour les indépendants. C’est du jamais vu. Ils profitent de la crise chez Delhaize et Intermarché pour mettre de nouvelles revendications sur la table avant les négociations du secteur du commerce de détail, qui débutent le 17 avril. Principale revendication : une commission paritaire unique pour l’ensemble du secteur, à savoir la commission paritaire 202, la plus favorable dans le secteur du commerce de détail.
« L’ensemble du secteur du commerce de détail devrait être traité de la même manière. Un salaire égal pour un travail égal, que l’on travaille dans une franchise ou non », a déclaré Kristel Van Damme, d’ACV Puls, au Het Nieuwsblad. Les syndicats exigent également une représentation syndicale dans toutes les entreprises de vente au détail et demandent que les sociétés mères assument également la responsabilité de leurs entreprises franchisées, par exemple en cas de faillite d’un franchisé. Mme Van Damme ne vise pas seulement le secteur des supermarchés, mais aussi ce qu’elle appelle les « fausses franchises » chez des détaillants tels que JBC, Hubo ou ZEB.
« De la folie pure »
Reste à savoir si les syndicats parviendront à mobiliser les militants de tous les détaillants. L’agitation dans le secteur est en tout cas grande. Chez Delhaize et Intermarché, le conflit social est dans l’impasse et les grèves durent depuis des semaines. La chaîne de mode C&A subit sa troisième restructuration en cinq ans en Belgique.
Les marges sont partout sous pression en raison de la crise des coûts et, en Belgique, l’indexation automatique des salaires est venue s’y ajouter. Les conditions de concurrence sont donc très inégales avec les détaillants étrangers qui conservent une partie de leurs activités et de leurs services – tels que les sièges sociaux et les centres de distribution – à l’étranger, où les coûts de main-d’œuvre sont moins élevés et où la flexibilité du travail est beaucoup plus grande. Selon les observateurs, le fait d’accéder maintenant aux demandes des syndicats compromettrait davantage la position concurrentielle des détaillants belges et détruirait des emplois. Le professeur Gino Van Ossel, de la Vlerick Business School, parle même de « pure folie ».
« S’adapter plus rapidement »
50 000 emplois sont en jeu, a déclaré Dominique Michel, de la fédération du commerce Comeos, dans l’émission De Ochtend sur Radio 1. « Un détaillant se retrouve avec 1,3 euro sur un caddie de 100 euros, ce qui est insuffisant pour investir dans la durabilité et l’innovation. » Il estime que les détaillants devraient pouvoir s’adapter plus rapidement à l’évolution des conditions du marché. « Il ne faut pas négocier pendant trois ans si l’on veut ouvrir le magasin plus tôt. »
Il rejette la représentation syndicale dans les magasins franchisés. En ce qui concerne les prochaines négociations sectorielles, il se montre modéré : « Cela fait des années que nous menons des discussions raisonnables. Nous allons nous écouter mutuellement pour parvenir à un accord et relever ensemble les défis du commerce. »