Les retailers sont conscients de l’importance du commerce équitable et élargissent leur offre. Dans le cadre de son nouveau plan quinquennal, Fairtrade International recherche davantage de débouchés et souhaite augmenter son impact.
Une belle croissance
Avec une valeur retail d’environ 6 milliards d’euros Fairtrade International est devenu un acteur économique de taille. L’organisation pour le commerce équitable soutient près de 1,7 million d’agriculteurs et d’ouvriers via 1.226 coopératives dans 74 pays.
Fairtrade Belgium aussi affiche une belle croissance : entre 2008 et 2015 la pénétration est passée de 24% à 53%. 73% des Belges connaissent le logo et parmi ceux qui connaissent l’organisation 95% estiment qu’elle est crédible. « Depuis 2008 nous observons une croissance moyenne en termes de volume de plus de 10% par an, dans un marché FMCG atone », affirme la directrice Lily Deforce. Actuellement le chiffre d’affaires retail s’élève à 105 millions d’euros.
L’assortiment fairtrade continue de s’étendre. Outre les classiques comme les bananes, le café et le cacao, l’offre comprend également des épices, des noix, de la vanille, des fruits et même des cosmétiques. Les retailers sont bel et bien conscients de l’importance du commerce équitable, si bien que la plupart d’entre eux vendent des produits fairtrade sous leur propre marque. Ainsi récemment Aldi a introduit des bananes et du vin fairtrade dans son offre.
Nouvelle stratégie quinquennale
« Fairtrade veut démontrer que le commerce peut très bien fonctionner si l’on privilégie l’aspect humain », souligne Lily Deforce. L’organisation vise un système de commerce qui garantit des revenus viables pour les paysans et les ouvriers. C’est pourquoi l’impact est au centre de la nouvelle stratégie quinquennale de Fairtrade International.
La croissance du commerce équitable confronte l’organisation à de nouveaux défis. « Les coopératives étant de plus en plus nombreuses à entrer dans le système, les volumes disponibles augmentent. Nous devons donc trouver de nouveaux débouchés, ce qui nous réussit assez bien. Il est sain d’avoir une petite tension entre la demande et l’offre, car cela oblige nos paysans à investir dans la qualité. Pour les bananes il n’y pas de problèmes, mais pour le cacao oui, car récemment quelques grandes organisations se sont affiliées. »
Adapter la politique d’achat
Afin de stimuler la commercialisation du cacao, Fairtraide International a adopté une approche plus pragmatique, car il n’est pas évident de convaincre les fabricants de chocolat d’utiliser un cacao 100% fairtrade et du sucre de canne 100% fairtrade. Le passage de sucre de betterave vers le sucre de canne en particulier est un obstacle important pour bon nombre de producteurs, car ils devraient pour cela changer entièrement leurs recettes, ce qu’ils ne sont pas disposés à faire.
« C’est pourquoi nous incitons les entreprises à opter pour le fairtrade dans leur politique d’achat sans que cela n’implique nécessairement une certification fairtrade. Si tout le cacao contenu dans une barre chocolatée est fairtrade, le producteur pourra le mentionner sur l’emballage. D’ici peu quelques grands acteurs prendront un important engagement dans le domaine du cacao. »
Un ami critique
Fairtrade collabore avec de grands retailers et producteurs. « Pour changer les pratiques commerciales internationales, il faut avoir un impact. » Un bel exemple en ce sens est la brochure avec neuf choses à faire pour une politique d’achat plus durable, rédigée en collaboration avec le Boerenbond, la Fevia, les Iles de Paix et The Shift.
« Nous devons vendre. Mais nous sommes devenus plus activistes », explique Lily Deforce. « Nous nous positionnons comme un ami critique. » Dans les années à venir Fairtrade Belgium se concentrera en particulier sur les grands classiques comme le café (2016), les bananes (2017) et le cacao (2018).