Malgré la crise énergétique, l’inflation élevée et une récession imminente, l’activité de location de détail en Belgique est à son plus haut niveau. Les détaillants de mode, en particulier, sont en pleine expansion, tout comme les supermarchés. Mais cette fête va-t-elle durer ?
Niveaux records
Au troisième trimestre 2022, les détaillants en Belgique ont loué ou renouvelé près de 130 000 m² de surfaces commerciales. Un total de 361 000 m² de baux commerciaux ont déjà été signés cette année, le niveau le plus élevé jamais enregistré sur trois trimestres, rapporte le consultant immobilier Cushman & Wakefield. Avec 220 transactions de location au cours du dernier trimestre, le nombre total d’opérations de location s’élève à 620 depuis janvier.
Dans les rues commerçantes, l’activité a atteint des niveaux records avec près de 90 000 m² de transactions cette année, grâce aux projets d’expansion d’enseignes telles que Solow, Abercrombie & Fitch, JD Sports et Pink Gellac, entre autres. Le secteur de la mode rebondit après des années difficiles dues à la pandémie et à la croissance du commerce en ligne. Les acteurs du secteur de l’alimentation et des boissons restent également très actifs.
Les supermarchés à saturation ?
Dans le segment des centres commerciaux, 40 000 m² d’espace commercial ont été occupés. La transaction la plus importante a été le retour de Peek & Cloppenburg en Belgique, avec un grand et nouveau magasin dans le Westland Shopping récemment rénové. L’arrivée de Sissy Boy (1400 m²) et de Nike (875 m²) à Wijnegem et de Chaussea à Médiacité a également contribué à ces bons chiffres.
En périphérie, 247 000 m² de surface commerciale ont déjà été occupés cette année. Les chaînes de supermarchés Jumbo et Albert Heijn poursuivent leur forte expansion, mais selon Cushman & Wakefield, ce rythme va ralentir car ce marché est désormais presque saturé. Il y a également eu beaucoup d’activité dans le secteur de l’ameublement avec l’ouverture de magasins par X2O, Jysk et Impermo, entre autres.
Augmentation des coûts énergétiques et des loyers
La hausse des prix de l’énergie, à l’indignation des détaillants, indexe également les prix des baux existants – une conséquence perverse de la présence de l’énergie dans l’indice de santé. Il est possible que les détaillants préfèrent les nouveaux baux dans des locaux mieux isolés, estime Cushman & Wakefield. La recherche des meilleurs emplacements a entraîné une légère hausse des loyers de premier ordre au troisième trimestre.
Les comptages de passants effectués par MyTraffic montrent que les acheteurs sont de nouveau plus nombreux à marcher dans les rues et centres commerciaux. En Flandre, le niveau des passants est déjà supérieur aux chiffres d’avant Covid, en Wallonie à nouveau aux niveaux de 2019, tandis que Bruxelles reste à la traîne avec 60% des niveaux d’avant Covid.
Pourtant, l’avenir suscite des inquiétudes : les détaillants voient les coûts de l’énergie augmenter de façon exponentielle alors que le pouvoir d’achat des consommateurs est sous pression. Cela pourrait entraîner une baisse des ventes de Noël et un ralentissement des plans d’expansion en 2023. La croissance que nous connaissons actuellement ne peut pas durer et s’arrêtera dans les prochains mois, estime Cushman & Wakefield.