« Une semaine dramatique »
Vendredi dernier on apprenait la faillite de la librairie ‘Van In’, qui du même coup entraîne dans sa chute sa filiale ‘Markies van Carrabas’ à Hasselt. La faillite de ‘Van In’, fondé en 1830, survient quelques jours seulement après que le groupe Aquila , lui aussi, ait fait banqueroute, avec pour conséquence la fermeture des libraires ‘De Kleine Johannes’ et ‘De Grote Johannes’ à Louvain, ainsi que ‘Littera’ à Bruges.
« C’est une semaine dramatique pour les librairies flamandes », déplore André Vandorpe, directeur de l’association sectorielle Boek.be. « Bien que la vente de livres en Flandre se porte relativement bien, les librairies traversent néanmoins une période difficile. Les ventes via internet ne cessent d’augmenter (+29% durant le premier trimestre 2013, ce qui représente 11% de l’ensemble des ventes de livres, ndlr.). Les grands magasins présentent des piles de bestsellers qu’ils vendent à prix réduits pour attirer les clients. Ainsi les librairies subissent une forte pression et ont du mal à survivre. »
Boek.be estime que les bibliothèques, voire même les écoles, elles aussi, sont en partie responsables de cette situation : « Dans leur politique d’achat les bibliothèques requièrent des réductions de prix et mettent sous pression les libraires, qui dès lors parviennent à peine à couvrir leurs frais. Les écoles également mettent hors-jeu les librairies locales, en procédant par achats groupés à échelle flamande. »
Un fonds d’investissement pour les librairies
Aussi Boek.be insiste auprès du gouvernement flamand afin que celui-ci « soutienne d’urgence les librairies par tous les moyens possibles. Non pas en leur fournissant de l’argent, mais en leur donnant les moyens de retrouver leur place dans le secteur du livre. En misant sur des concepts innovants tout au long de la chaîne, nous pourrons permettre à nos entrepreneurs de garder leur place », affirme Vandorpe.
Dans cette optique, l’organisation fait référence au ‘Masterplan voor Boekhandel’ (2011), qui plaide notamment pour un programme d’ assistance aux librairies en vue d’améliorer leur rentabilité, un fonds d’investissement pour le secteur du livre, un guide destiné aux autorités locales afin d’inciter les bibliothèques à prendre en compte tant les critères financiers que qualitatifs lors de l’achat de livres, ainsi qu’un soutien dans le cadre de l’innovation des services dans les librairies.
Les difficultés auxquelles sont confrontées les librairies indépendantes ne datent pas d’hier et ne se limitent pas uniquement à la Flandre. Ainsi le gouvernement français a octroyé un budget de 9 millions d’euros pour soutenir les éditeurs et les libraires. La semaine dernière encore la ministre française de la Culture, Filippetti critiquait sévèrement Amazon, qu’elle qualifiait de « fossoyeur des librairies. »
Traduction : Marie-Noëlle Masure