Ce furent des retrouvailles heureuses entre les acheteurs et les commerçants. Quelles sont les leçons à tirer, une semaine après la grande réouverture ? Les bases d’une reprise durable ont-elles été jetées ? Cinq conclusions.
1. Un soupir de soulagement
On craignait au départ l’afflux, la ruée, le chaos. On avait des doutes sur la faisabilité. Tous les commerçants seraient-ils prêts à appliquer strictement les mesures ? Le consommateur ferait-il preuve de la discipline nécessaire ? La réponse à ces questions est positive. Certes, la population doit encore s’habituer à la marche à sens unique imposée dans certaines rues, et il y avait des embouteillages devant les chaînes de magasins les plus populaires. Cependant, dans les files d’attente et à l’intérieur des magasins, le calme et le respect des règles étaient les mots d’ordre lors des premiers jours de réouverture.
Espérons maintenant que les chiffres du coronavirus ne repartent pas à la hausse… Et ce n’est pas tout : les chiffres des ventes étaient plutôt bons. De nombreux détaillants ont indiqué qu’ils avaient réalisé 80-90 % de leur chiffre de l’année dernière, tandis que certains l’ont même dépassé. Aux Pays-Bas aussi, les chiffres d’affaires tendent progressivement vers ceux de l’année dernière. Il y a de l’espoir.
2. Le magasin physique est de retour, mais n’a jamais disparu
Cela ne fait aucun doute : tant les consommateurs que les commerçants attendaient avec impatience la réouverture. Les nombreuses affiches arborant le message « Vous nous avez manqué » ont fait chaud au cœur. Quelle que soit l’ampleur de la croissance du commerce électronique pendant la période de confinement, qui a gagné une nouvelle part de marché qui sera difficile à récupérer, le magasin physique conserve son statut, tout ne peut pas être commercialisé en ligne.
D’ailleurs, tout ne se limite pas à la simple « course aux achats » : il y avait encore de la place pour l’amusement. Après tout, le shopping reste l’un des passe-temps préférés de beaucoup de gens, même dans le contexte difficile du coronavirus. Ils pourraient s’en servir à leur avantage.
3. Les mêmes gagnants avant et après le confinement
La semaine n’a pas été aussi bonne pour tout le monde : les magasins en périphérie ont pris le relais des magasins urbains et des centres commerciaux couverts. Ce revirement s’explique par plusieurs facteurs : l’espace ouvert, l’accessibilité et la gratuité du stationnement, l’image des prix, la crainte d’un afflux important dans les centres-villes, l’accent mis sur la course aux achats… L’intérêt pour certaines chaînes internationales a également été nettement plus important que pour les boutiques locales.
On connaît les grands gagnants : Ikea, Décathlon, Action, Primark, Kruidvat, Hema… Dans l’ensemble, les mêmes gagnants qu’avant la crise du coronavirus, bien entendu. Les magasins de chaussures et de baskets ont également attiré beaucoup de monde, tout comme les magasins de télécommunications. Le beau temps n’a pas profité aux centres commerciaux couverts…
4. Les files d’attente sont la nouvelle norme
Les acheteurs étaient déjà habitués à faire la file dans les supermarchés, les magasins de bricolage ou les jardineries. Désormais, ils font également la file toute la semaine chez Action, Ikea, Hema, Proximus et quelques autres chaînes. C’est une conséquence logique de la limitation du nombre de clients en fonction de la surface du magasin. La bonne nouvelle, c’est que les acheteurs sont apparemment prêts à attendre, parfois jusqu’à une heure, même s’ils pourraient perdre cet entrain au cours des prochaines semaines.
La moins bonne nouvelle, c’est que les détaillants doivent revoir leur organisation et leur répartition des coûts en fonction de cette limitation : même si la conversion est plus importante, ils peuvent tout simplement accueillir moins de clients par heure ou par m², alors que les coûts sont plus élevés en raison des mesures de précaution. C’est mathématique.
5. Les soldes ont déjà commencé
Les organisations de travailleurs indépendants se félicitent d’avoir obtenu le report de la période des soldes : la période d’attente commencera le 1er juillet, suivie par les soldes au mois d’août. Le but de ce report est de donner un peu d’oxygène aux commerçants, en leur donnant la possibilité de vendre leur collection d’été au prix plein pendant encore deux mois et demi. Mais cela reste théorique puisque, en pratique, les soldes ont déjà commencé : beaucoup de chaînes lancent des remises très importantes, de -50 % voire -70 %. C’est parfaitement légal, du moins jusqu’au début de la période d’attente.
C’est aussi parfaitement compréhensible : suite à la fermeture obligatoire, les détaillants ont urgemment besoin de liquidités pour payer les collections d’hiver. Que fait le consommateur qui a le choix entre entrer dans un magasin qui accorde une remise ou dans un magasin qui n’en accorde pas ? De nombreuses chaînes seront obligées de participer à l’offre promotionnelle. Cela semble inévitable…