De plus en plus de détaillants et de marques réduisent leurs activités en Russie en signe d’opposition contre l’invasion de l’Ukraine. Parallèlement, diverses actions de solidarité sont mises en place. Aperçu.
Appel suédois
De nombreuses entreprises internationales se retirent désormais partiellement et/ou temporairement du marché russe. Elles espèrent ainsi faire pression sur la Russie et sensibiliser les consommateurs russes à l’invasion de l’Ukraine. Parmi eux figurent de nombreux détaillants et marques de consommation. Une attitude qui ne fait cependant pas l’unanimité.
Mardi, les médias suédois ont fait l’écho d’un appel lancé au groupe Ikea pour qu’il ferme tous ses magasins en Russie tant qu’il y aura la guerre en Ukraine. « Nous sommes convaincus qu’Ingvar Kamprad n’aurait pas hésité une seconde à manifester d’une manière ou d’une autre sa solidarité envers le peuple ukrainien », avaient alors écrit les initiateurs dans un article d’opinion. Le détaillant de meubles n’avait pas réagi dans un premier temps, mais a changé d’avis jeudi. L’entreprise interrompt temporairement ses activités en Russie et au Belarus : cela s’applique aux importations et aux exportations ainsi qu’aux activités de production et de vente au détail, mais les centres commerciaux resteront ouverts pour permettre aux consommateurs d’avoir accès aux produits de première nécessité. La Fondation Ikea fait don de 20 millions d’euros pour l’aide humanitaire.
La chaîne de mode suédoise H&M a entre-temps également décidé d’interrompre ses activités en Russie.
Services numériques
Et d’autres détaillants réagissent. Apple a par exemple cessé de vendre ses produits en Russie. Les services comme Apple Pay et Apple Maps sont désactivés dans le pays. « Nous sommes profondément touchés par l’invasion russe en Ukraine et nous soutenus toutes les victimes de la violence », a déclaré l’entreprise. La semaine dernière, le vice-premier ministre ukrainien, Mychaylo Fedorov, avait appelé dans une lettre ouverte à la fermeture de l’Apple Store en Russie.
Google prend également des mesures : Les médias d’État russes sont suspendus et de nombreux canaux d’information ne reçoivent plus de revenus publicitaires provenant de sites web, d’applications et de YouTube. Le service de paiement Google Pay est également restreint, mais pas complètement bloqué.
Motifs commerciaux ?
Nike a fermé sa boutique en ligne russe : la société indique ne plus pouvoir garantir la livraison des marchandises aux clients en Russie. Les magasins physiques restent cependant ouverts. La marque ne s’est pas clairement positionnée sur le conflit en Ukraine.
Les plateformes de mode du groupe YNAP (Net-a-Porter, Mr Porter et Yoox) ne livrent plus en Russie. « En raison de la situation actuelle, nous ne sommes pas en mesure de traiter les nouvelles commandes dans votre pays. Le traitement de toutes les commandes est suspendu jusqu’à nouvel ordre », indiquent les boutiques en ligne. Toutefois, il ne s’agit pas non plus d’une prise de position officielle.
La chaîne de lingerie Hunkemöller met pour l’instant un frein à ses projets d’expansion en Russie, où elle compte une vingtaine de magasins et une boutique en ligne. « Nos pensées vont à toutes les personnes touchées par cette situation », déclare l’entreprise. Les amateurs de mécanique russes devront également s’armer de patience : Harley-Davidson ne livre plus de motos, et les marques automobiles Honda et Mazda ont également suspendu leurs exportations vers la Russie.
Pour de nombreux détaillants, ces décisions sont motivées non seulement pour des raisons politiques mais également pour des raisons commerciales : les échanges avec la Russie sont devenus beaucoup plus complexes depuis que le pays a été exclu du système international de paiement Swift et que le rouble est en chute libre.
Actions de boycott
Parallèlement, plusieurs détaillants européens retirent les produits russes des rayons des magasins sur leur marché national. En Pologne, les chaînes de supermarchés Biedronka et Carrefour ont décidé de ne plus vendre de produits en provenance de la Russie et de la Biélorussie. Au Danemark, Netto fait de même, tout comme Maxima en Lettonie. En Finlande, où l’État a le monopole de la vente d’alcool, la vodka russe n’est plus en vente.
En Belgique, le leader du marché Colruyt cesse de passer des commandes en Russie. Chez Delhaize, la vodka Russian Standard et le crabe du Kamchatka disparaissent de l’assortiment. Albert Heijn, Aldi et Carrefour affirment ne pas avoir de produits russes dans leur assortiment.
Soutien à l’Ukraine
Ahold Delhaize prend une position claire : « Nous sommes choqués et profondément attristés par la guerre en Ukraine et condamnons fermement cet acte d’agression militaire, qui est contraire au droit et à l’ordre international », a déclaré le groupe dans un communiqué de presse. L’entreprise fait don d’un million d’euros à la Croix-Rouge pour l’aide humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins qui accueillent des réfugiés. Les filiales en Roumanie et en République tchèque fournissent une aide alimentaire aux initiatives locales.
À Louvain, le brasseur AB InBev a rempli un. Celles-ci seront envoyées la semaine prochaine aux postes-frontières en Pologne et en Moldavie. Le producteur de bière est très présent en Ukraine et en Russie.
Plusieurs détaillants d’Europe de l’Est déploient des efforts pour fournir des produits de première nécessité à leurs filiales en Ukraine et dans les pays voisins. Spar International, par exemple, a mis en place un fonds de soutien pour assurer l’approvisionnement de Spar Ukraine. Biedronka baisse les prix du pain et d’autres denrées alimentaires essentielles dans les magasins situés près de la frontière polono-ukrainienne. Coop Danemark a envoyé cinq camions avec une aide d’urgence en Ukraine. La chaîne espagnole Caprabo propose à ses clients de faire un don à l’Unicef lorsqu’ils passent à la caisse.