Malgré l’indexation des salaires, la baisse des prix de l’énergie et la hausse de la confiance des consommateurs, la crise du pouvoir d’achat n’est pas terminée : un Belge sur deux a du mal à joindre les deux bouts. Le stress financier continue d’augmenter et le comportement d’achat change.
Moins de bio et de commerce équitable
Les messages d’espoir sur l’économie véhiculés par les médias ne parviennent pas à remonter le moral des consommateurs belges, selon le Baromètre du pouvoir d’achat de la société d’études Profacts. La moitié des personnes interrogées avaient encore du mal à joindre les deux bouts en février. Il s’agit d’une très légère amélioration par rapport au mois précédent (53 %), mais à peine une personne sur huit (13 %) pense qu’une amélioration est en vue à l’heure actuelle. Quatre Belges sur dix (42 %) éprouvent davantage de stress financier qu’il y a un an. Cela se traduit par un changement dans le comportement d’achat.
Au supermarché, six Belges sur dix (59 %) ont modifié leur comportement d’achat. Sur ces 59 % de Belges, 54 % mettent moins de marques A dans leur caddie, 39 % achètent plus souvent des marques maison. Les consommateurs réduisent leurs achats de produits moins essentiels tels que les hors-d’œuvre, les boissons rafraîchissantes, les plats préparés et l’alcool. Ils fréquentent à nouveau plus souvent les hard discounters. Un Belge sur trois achète moins d’aliments biologiques qu’il y a un an et délaisse plus souvent les aliments durables ou issus du commerce équitable. Six Belges sur dix adaptent également leur comportement en matière de restauration : 80 % d’entre eux mangent moins au restaurant. Les familles avec enfants économisent encore plus que les ménages sans enfants. Les plats à emporter sont également sous pression : plus de la moitié d’entre eux en commandent moins souvent. Le secteur de la restauration se retrouve donc une fois de plus dans le coin où les coups tombent.
La transition durable ralentit
Bien que les marques de mode reviennent sur le devant de la scène, les consommateurs s’offrent moins souvent une nouvelle tenue. Fait remarquable, 42 % d’entre eux achètent des vêtements moins durables et seulement un sur cinq déclare acheter plus souvent des vêtements d’occasion. « La crise du pouvoir d’achat ralentit la transition vers le développement durable », déclare Carine Vaeremans, PDG de Profacts. Dans l’électro et le multimédia, on constate même une baisse des achats de seconde main.
Cependant, sept Belges sur dix économisent de l’énergie en chauffant moins. La moitié d’entre eux utilisent également moins d’appareils électriques et quatre sur dix évitent les appareils consommateurs d’énergie. Les propriétaires de voitures particulières parcourent moins de kilomètres et parcourent de petites distances à vélo (+24%) ou à pied (+38%). Cependant, les transports publics ne bénéficient pas de ce changement de comportement. Le fait que 28% économisent même sur la santé et 23% sur les assurances prouve, selon Profacts, que la crise du pouvoir d’achat est loin d’être terminée. Cependant, tous les consommateurs ne souffrent pas de la même manière de cette crise. Ce sont surtout les célibataires avec enfants qui ressentent le stress budgétaire. La crise du pouvoir d’achat frappe également la Wallonie un peu plus durement que la Flandre.
Depuis 2023, le cabinet d’études Profacts interroge 200 consommateurs belges chaque semaine et 1 000 chaque mois sur l’impact de la crise du pouvoir d’achat : il fournit des informations en continu sur le comportement d’achat et le sentiment général des ménages belges.