Adidas, Apple et Alibaba, pour commencer par la lettre A : de plus en plus de détaillants émettent des avertissements sur les bénéfices à cause du coronavirus. Des petites aux grandes entreprises, du secteur de l’électronique à celui de la mode, personne n’est épargné par l’épidémie.
iPhones et ordinateurs portables en péril
Trois semaines à peine après qu’Apple ait annoncé des résultats records et immédiatement promis un beau chiffre d’affaires trimestriel de 65 milliards de dollars pour la période en cours, son CEO Tim Cook doit déjà revenir sur ses propos. Il faut plus de temps que prévu pour que la situation en Chine se normalise, admet le dirigeant.
La demande chinoise est en forte baisse (de nombreux magasins sont fermés ou ouverts de manière limitée), mais les pénuries de stocks qui se font sentir dans le monde entier sont plus dramatiques encore. Après tout, les usines en Chine ont été complètement ou largement paralysées pendant des semaines. La production d’iPhone, en particulier, est à la traîne puisque moins de 10 % des employés du fabricant Foxconn sont encore au travail. De plus, 30 % d’ordinateurs portables en moins sortiraient des usines du pays.
Certains fournisseurs et producteurs déplacent leur production vers d’autres pays, dont Taiwan, mais y subissent un manque de pièces détachées. En effet, ces dernières proviennent encore toujours de Chine.
Le secteur du luxe à l’arrêt
Apple n’est pas le seul à être impacté par le coronavirus : tous les acteurs du secteur, depuis Alibaba jusqu’à Versace subissent les conséquences de l’épidémie. Par exemple, le géant chinois du commerce électronique a dû, pour la première fois de son histoire, émettre un avertissement concernant une baisse de son chiffre d’affaires. Pour le trimestre en cours, Alibaba s’attend également à une baisse des revenus engendrée par des retards de livraison et des pénuries d’approvisionnement.
Les maisons de luxe européennes, qui dépendent aujourd’hui en grande partie de la demande asiatique croissante, craignent tout autant le coronavirus. LVMH a déjà déclaré que la maladie allait peser sur les résultats du nouvel exercice, et ce malgré une croissance record en 2019. Il est également apparu que Kering, Richemont et LVMH réunis ont déjà perdu pas moins de 30 milliards d’euros de capitalisation boursière depuis l’apparition du virus.
Les holdings de mode VF Corp, le propriétaire de Versace, ainsi que Capri et Burberry ont également émis des avertissements sur bénéfice. Ceci n’est pas surprenant puisque pas moins de 35 % du chiffre d’affaires mondial du secteur du luxe provient du marché chinois. L’année dernière, les consommateurs chinois aisés ont même été à l’origine de 90 % de la croissance du secteur.
Les marques de sports souffrent aussi
Les marques de sports s’ajoutent désormais à la liste des entreprises préoccupées par cette crise. Chez Adidas, les ventes en Chine au cours du mois dernier – depuis le Nouvel An chinois le 25 janvier – affichent une baisse de 85 % par rapport à l’an dernier. La marque de sport est commercialisée dans quelques 12 000 magasins, dont 500 flagship stores en propre. Au Japon et en Corée du Sud, on peut également observer une diminution de la fréquentation des magasins, mais l’impact que cela aura sur le chiffre d’affaires n’est pas encore connu.
Même chanson du côté de Puma qui, tout comme Adidas, réalise un tiers de son chiffre d’affaires sur le marché asiatique. La moitié des magasins chinois sont actuellement fermés. L’entreprise allemande souligne également la diminution du nombre de touristes chinois dans d’autres pays qui se fait tout autant ressentir. Néanmoins, la marque de sneakers espère toujours atteindre ses prévisions annuelles pour 2020.
Petite amélioration
L’épidémie est survenue juste avant le Nouvel An chinois, qui est traditionnellement une période de consommation importante dans le pays. Une grande partie de celle-ci est d’ailleurs tombée à l’eau. De plus, de nombreux Chinois retournés dans leur région d’origine pour les festivités du Nouvel An n’ont pas encore pu rentrer. L’offre et la demande sont donc au plus bas dans les villes.
Étant donné l’importance de la Chine sur le marché mondial de la consommation, les conséquences seront encore beaucoup plus étendues dans la période à venir. Par exemple, la société postale bpost n’envoie plus de courrier vers la Chine en raison de problèmes de transport, ce qui constitue un obstacle aux relations commerciales avec le pays. Mais on aperçoit aussi la lumière au bout du tunnel : Apple et Alibaba indiquent tous deux que le travail reprend dans de plus en plus de villes et que les employés les regagnent progressivement.