En 2025, nous serons à mi-parcours des « transition twenties », une décennie mouvementée pleine de changements. Pourtant, les turbulences ne se sont pas encore apaisées, comme en témoignent les nombreuses faillites cette année. Voici les retailers qui ont déposés le bilan en 2024 …
Vers les urgences
Le secteur de la distribution cherche encore un nouvel équilibre, comme l’a également indiqué Els Breugelmans (KU Leuven) dans ses perspectives pour 2025. Un consommateur réticent, des investisseurs peu enclins à soutenir et de nouveaux concurrents avec des règles du jeu différentes ont coûté cher à de nombreux retailers en 2024.
Il faut cependant distinguer les faillites complètes des chaînes qui ont utilisé la procédure judiciaire comme une salle d’urgence. Une réanimation rapide, l’élimination chirurgicale de kystes purulents et une période sous assistance respiratoire ont souvent suffi à remettre les chaînes blessées sur pied. Nous distinguons donc ici les détaillants vraiment tombés des enseignes réanimées.
Les détaillants tombés
- Vastiau-Godeau, à Beersel (près de Bruxelles), a été une référence en tant que magasin de meubles de 19 000 m² pendant des décennies, mais les conditions du marché se sont avérées (trop) fondamentalement changées. Le 8 janvier, cette faillite fut la première de l’année.
- GrandOptical n’a pas survécu à son acquisition par le groupe autrichien MPG. L’autorité de la concurrence n’a pas autorisé les 35 magasins belges à rejoindre la maison mère GrandVision lors de son intégration à EssilorLuxottica, ce qui a finalement entraîné leur fermeture.
- Après quatre ans, Casper a dû cesser ses activités. Les « dark kitchens », présentes également aux Pays-Bas et en France, n’ont jamais réussi à devenir rentables.
- Fun a cherché désespérément des repreneurs en janvier, mais sans succès. Ce n’est qu’après la faillite que ToyChamp et Jysk ont repris quelques emplacements.
- En 2023, la maison mère et la branche belge de Big Bazar avaient encore réussi à éviter la faillite, mais en 2024, tout s’est terminé. Au printemps, des plans ambitieux de relance avaient encore été évoqués, mais en mai, Big Bazar Belgique a demandé la protection contre ses créanciers. En novembre, les curateurs ont jugé le propriétaire Heerke Kooistra personnellement responsable.
- Unlimited Footwear Group, fabricant de chaussures pour des marques comme Levi’s, Gaastra et GAP, a dû fermer ses portes. Seule Nubikk, une filiale autonome de l’entreprise néerlandaise, a échappé à la faillite.
- Esprit s’est effondré cette année comme un jeu de dominos : la chaîne de mode a cessé ses activités dans un pays après l’autre. Finalement, les droits de marque européens et américains ont été acquis par Deichmann (pour les chaussures) et Theia Brands.
- Une réorganisation judiciaire n’a pas pu sauver Babykid : la chaîne avec onze magasins pour bébés à Bruxelles et en Wallonie a disparu irrémédiablement.
- L’une des faillites les plus surprenantes de 2024 a été celle de Duror Fashion Group, la maison mère de Terre Bleue, Gigue et Zilton. Le groupe belge de la mode n’a pas pu rembourser ses prêts Covid. Bien que chaque marque ait trouvé un nouveau foyer, presque tous les magasins ont fermé.
- Game Mania a cherché un repreneur en juin, mais n’a trouvé aucun sauvetage : outre les magasins belges et néerlandais, le site web a aussi cessé ses activités.
- Pour Scotch & Soda, c’était la deuxième faillite en deux ans. Les problèmes d’approvisionnement ont provoqué la faillite, malgré une tentative de relance par Bluestar Alliance en 2022. Une nouvelle relance de la branche européenne a échoué, car seules les activités retail étaient à vendre, sans les droits de marque. Les activités en ligne ont toutefois trouvé un repreneur, tout comme quelques magasins belges.
- La chûte de Jacob’s Conceptstore, qui comptait plus de vingt magasins en Flandre, est survenue après des plaintes répétées des fournisseurs concernant des arriérés de paiement et des soucis de liquidité. Finalement, la marque, le fonds de commerce et deux magasins ont été repris.
- L’effondrement de Euro Shoe Group a eu beaucoup d’impact. Heureusement, le vendeur de chaussures français Chaussea a repris 62 des 117 magasins Bristol belges, et le discounter allemand TEDi en a repris dix. Cependant, aucune relance n’a eu lieu pour les activités néerlandaises.
- La chaîne de six magasins Akiba, spécialisée dans la culture pop japonaise, a également jeté l’éponge. Malgré une forte expansion ces dernières années, elle n’a pas réussi à faire face à la concurrence, principalement de Temu et AliExpress.
- Même des formules de restauration internationale reconnues ont été touchées : aux Pays-Bas, la chaîne de donuts Dunkin’ a fait faillite, entraînant la fermeture de 17 magasins. En Belgique, la chaîne de restaurants asiatiques Wagamama a fermé ses deux établissements à Anvers et à Bruxelles.
Les retailers réanimés
- La chaîne d’électroménager et d’articles ménagers Handyman a fait faillite en janvier, mais le propriétaire Elka Pieterman Group a tenté une opération de franchise (ratée) : les quatorze succursales néerlandaises qui étaient déjà indépendantes ont continué, mais les autres magasins – y compris tous les magasins belges – n’ont pas réussi à devenir indépendants et ont fermé.
- Galeria Karstadt Kaufhof a déposé le bilan en janvier, une démarche nécessaire pour se débarrasser du propriétaire en faillite Signa et de seize grands magasins déficitaires. « Nous considérons explicitement ce jour comme une libération », a déclaré le PDG Olivier van den Bossche. Une libération réussie, car après la relance, le groupe de grands magasins s’est déclaré à nouveau « une entreprise saine » en novembre.
- Cassis Paprika a demandé de la protection contre ses créanciers en janvier, mais ce n’est qu’après l’été que la demande de faillite a été déposée. Cela a surtout permis une reprise : Futura Capital Funds a repris 70 % de la chaîne de mode. La marque Cassis a été abandonnée, au profit de la marque grandes tailles Paprika.
- Chez The Body Shop, la procédure de faillite pour la maison mère britannique a déjà commencé en 2023, mais cette année-ci, la Belgique (en février) et les Pays-Bas (en novembre) ont suivi. En Belgique, c’était une fin définitive, tandis qu’aux Pays-Bas, certaines succursales indépendantes et intégrées ont continué leurs activités.
- Bloemenhal, une chaîne de 27 magasins de fleurs en Flandre orientale et occidentale, a fait faillite en avril, mais un investisseur néerlandais a immédiatement repris une vingtaine de succursales et leurs employés.
- Ted Baker a effectué une relance exclusive en ligne au Royaume-Uni et en Europe. La marque de mode a fermé tous ses magasins physiques en Europe, mais les activités en ligne à l’étranger se poursuivent sous la direction d’un distributeur américain de la marque.
- Après la faillite, Carpetright a cessé ses activités en Belgique, mais a poursuivi ses opérations en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Son rival Tapi a partiellement repris la branche britannique, tandis que la direction néerlandaise a pris le contrôle elle-même.
- Les entrepreneurs Dick Burger et Ilias Salhi prévoient de relancer la marque de vélos électriques Stella Bikes en mars 2025, après une réduction de ses activités. Le fabricant de vélos électriques a fait faillite aux Pays-Bas et en Belgique, après des pertes annuelles de plus de dix millions d’euros.
- La marque de meubles Fest Amsterdam a effectué une relance réduite sous Zuiver Interior Group, qui a intégré la formule d’intérieur néerlandaise dans son portefeuille de marques. Seuls les magasins d’Amsterdam-Ouest et de Rotterdam sont restés ouverts.
- Le libraire Filigranes a trouvé un repreneur à temps pour éviter la faillite. L’entrepreneur bruxellois Mehmet Sandurac, à l’origine du concept store Mayfair, continue avec deux librairies au lieu de trois.
- Tant Blokker que sa société holding Mirage Retail ont finalement sombré. Cependant, un miracle de Noël s’est produit in extremis : ancien dirigeant Roland Palmer promet de « reconstruire la formule Blokker dans les mois à venir et de collaborer avec les quelque 45 magasins franchisés ». Le nom de la marque et le magasin en ligne ont également été repris.