Le retail est-il en état de guerre ? C’est ce que pense le dirigeant de JBC, Bart Claes, mais à quoi ressemblait l’année 2019 pour les autres ? Malgré de nombreuses batailles acharnées, notre rédaction a connu une année pleine de bonnes intentions.
Guerre ou grand nettoyage ?
Lorsque Gino Van Ossel a déclaré a peu près la même chose lors d’une RetailDetail Night 2019 sold-out, il a peut-être oublié de mettre ses lunettes roses. Oui, les querelles à propos de Neo, Uplace et compagnie continuent tranquillement. Oui, un nombre regrettable d’emplois continuent de disparaître, de Smatch à C&A, mais de plus en plus souvent, les restructurations et les d’investissements tout comme les ouvertures et fermetures se font main dans la main. Zeeman échange ainsi les villages néerlandais brumeux contre des endroits plus ensoleillés, Carrefour lance de nouveaux concepts les uns après les autres et Hema place ses œufs dans autant de nouveaux paniers que possible tout en faisant le ménage en son sein. Le sage conseil de grand-mère consistant à commencer par balayer devant sa porte a été chaleureusement ignoré en 2019.
En effet, lors de l’année écoulée, les retailers n’y sont pas allés de main morte, avec entre autres la disparition de Thomas Cook, Hudson’s Bay, Pabo et même le trio des jeunes Forever 21, New Look et River Island. Si l’on commence à faire des concessions sur les affaires pour bébés, c’est que l’on traverse des temps difficiles. Selon JBC, nous sommes même en état de guerre. Et ce n’est pas une surprise quand on voit le genre d’artillerie que sort son ribal, FNG.
L’année du magasin physique
Pourtant, il est frappant de constater que nos rédacteurs n’ont eu à utiliser le mot « faillite » que 14 fois en 2019, contre 20 fois en 2018. Les disputes font partie du cours normal des choses, en ce moment elles sont nombreuses dans le secteur du retail : Jumbo, en particulier, a fait beaucoup de bruit l’année dernière et promet encore de cause une belle tempête. Chez Blokker, Veritas, Metro et Media Markt aussi les grondements se poursuivront sans aucun doute l’année prochaine.
2019 est aussi une année durant laquelle certaines choses se sont apaisées et, qui aurait osé prédire cela il y a quelques années, c’était surtout l’année du magasin physique : Coolblue pousse à fond l’accélérateur physique en ouvrant même des magasins XXL, Ikea s’installe dans les villes, Decathlon pique un sprint et ToyChamp renaît des cendres de ses feus concurrents. Dans la partie francophone du pays, Tape à l’œil et le nouveau venu Centrakor, entre autres, ont de grandes ambitions, tandis que la bataille autour de la parapharmacie s’est déplacée vers les supermarchés : Newpharma choisit Colruyt comme allié, Medi-Market cherche une protection auprès de Carrefour.
Qui dit qu’il n’est plus possible de se développer dans la rue commerçante ? Primark a ouvert 19 nouveaux magasins cette année et aucun d’eux n’est une boutique en ligne. Si même Zalando et Alibaba se lancent plus que jamais dans les briques, vous avez compris. Après tout, les adolescents semblent encore toujours préférer faire du shopping dans le monde physique, du moins s’il y a une réelle expérience à vivre.
Des robots partout, sauf sur les vélos
Dans ces magasins physiques, nous disons au revoir aux caisses : après les supermarchés, le concept des magasins sans caisse envahit aussi le secteur non alimentaire. Hema se lance encore prudemment en testant le self-scan, chez Décathlon et Saturn le système est déjà déployé dans les magasins. De plus en plus de robots y débarquent d’ailleurs : les chaînes belges d’ordinateurs Auva et Computer Checkpoint ont lancé une primeur européenne avec leurs vendeurs-robots, qui accueillent désormais les clients dans les magasins, et chez Zalando, votre commande peut être emballée par le robot Toru.
En attendant les robots de livraison qu’on nous avait promis, les livreurs n’ont pas cessé d’arpenter les rues. On pourrait dire que 2019 a été l’année de la livraison à domicile, alors que même Colruyt, qui n’est généralement pas connu pour les dorlotements et fioritures, et le discounter Lidl se mettent au travail avec empressement. Profitent-ils de l’occasion maintenant qu’ils n’auront quand même plus à livrer gratuitement ?
Avec les meilleures intentions
De toute façon se fut une année pleine de bonnes intentions. En 2019, les résolutions du Nouvel An ont même persisté tout au long de l’année : aucune multinationale qui se respecte n’a pu se passer de développer ses propres objectifs climatiques et d’annoncer ses promesses ambitieuses. Les plus grandes entreprises du monde ont-elles reçu un coup de pied dans leur conscience de la part d’une jeune fille de 16 ans avec des tresses et soutenue par les membres de la Génération Z au niveau international.
De la seconde main à la location de meubles et de pantalons, le consommateur en raffole. Une bouillie végane affichant sans doute un score vert A, puisque le Nutri-Score nous permet de manger tous plus sainement et la viande s’est véritablement avérée démodée en 2019. On préfère manger bio et local, comme le prouve la croissance de chaînes comme The Barn et Be O. « Winkelhieren » (littéralement « acheter ici ») est devenu le mot de l’année avant même qu’on en ait entendu parler.
Doux péché vs les autorités
Ceux qui n’ont pas été assez sages ont dû faire attention aux autorités ou plutôt à Margrethe Vestager cette année. Outre Google et Facebook, la commissaire européenne a également mis Amazon au pied du mur, tandis que les boulangers, les brasseurs, les fabricants de compote et les fabricants de conserves ont tous été réprimandés. En France, tout le monde en a pris pour son grade en passant par Amazon et le Black Friday, sauf bien sûr, les papes du luxe qui ont si bien pu aider à sauver Notre-Dame — du moins en paroles.
Toute cette bonté n’en a rendu le péché que meilleur, puisque l’entreprise ayant connu la plus grande croissance en 2019 est la chaîne de fast food Chitir Chicken. Les nouveaux venus Kentucky Fried Chicken et Burger King ont également été accueillis avec beaucoup d’enthousiasme. C’est donc bien normal de fêter cela, surtout pour bien commencer la nouvelle année.
Et comme si cela ne suffisait pas, RetailDetail vous donne encore plus de raisons de faire la fête : en 2019, la communauté retail préférée de tous a pu souffler ses dix bougies, mais en 2020, nous nous installerons au Stadsfeestzaal d’Anvers avec le premier laboratoire vivant d’Europe dédié au Retail. Venez le découvrir lors du RetailDetail Omnichannel Congress le 6 février prochain.