Les grands centres commerciaux font partie des gagnants du secteur de la distribution après la pandémie. C’est le cas des Grands Prés à Mons, qui fête son 20e anniversaire. L’expansion n’est pas à l’ordre du jour, c’est la durabilité qui l’est.
Les retailers font des choix
Avec sept millions de visiteurs par an, plus de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires (hors TVA) et un site entièrement loué avec 120 boutiques, Grands Prés peut être qualifié de franc succès. La pandémie a été une période difficile, mais le centre commercial s’en est bien remis, affirme son directeur Thomas Cornil : « En 2022, nous étions déjà au niveau d’avant la pandémie et pour l’ensemble de l’année 2023, nous dépasserons les chiffres de 2019 d’au moins 8 %. Cependant, ce fut une bonne année pour les centres commerciaux et certainement pour Les Grands Prés. »
D’autres centres commerciaux ont également connu un bon été et ont vu leur fréquentation augmenter. Une tendance ? « Globalement, je pense que les grands centres commerciaux disposant d’une masse critique suffisante et d’un mix commercial diversifié sont en meilleure position que les centres de taille moyenne ou plus petite. Les centres accueillant plus de 6 millions de visiteurs ont eu plus de facilité à redémarrer après la pandémie que les centres commerciaux accueillant 3 à 4 millions de visiteurs. Cela s’explique par le fait que les retailers font des choix : ils rationalisent leurs parc de magasins et conservent leurs emplacements dans les grands centres commerciaux haut de gamme, ce qui rend l’offre commerciale plus attrayante. »
De bons voisins
Depuis son agrandissement en 2016, le centre commercial est passé de 40 000 à près de 90 000 m². Quels sont les points forts du mix des Grands Prés ? « Dans le domaine de la mode, nous sommes bien placés, avec des grands noms comme Zara, H&M et Mango. Nous avons également un pôle restauration très fort : en termes de rentabilité et de chiffre d’affaires par mètre carré, il est nettement supérieur à la moyenne nationale. Nous avons également la chance d’avoir des noms puissants comme Carrefour Hyper et Ikea à côté de chez nous. Même si seulement 15 % des clients d’Ikea viennent également dans le centre commercial le même jour, l’enseigne d’ameublement est importante car elle dessert une plus grande zone de clientèle et contribue ainsi à la notoriété des Grands Prés ».
Le centre commercial est proche du centre-ville de Mons, qui est en difficulté. La relation est néanmoins correcte : « Nous sommes de bons voisins », déclare M. Cornil. « Nous soutenons les activités culturelles du centre-ville de Mons : la fête des lumières en janvier, par exemple, ou le sentier des sculptures l’été dernier. Nous mettons également notre parking à disposition. Les centres-villes en général sont en difficulté, mais il faut reconnaître que l’administration de la ville de Mons est proactive. Nous nous rencontrons régulièrement et la collaboration est bonne. Il est logique qu’ils défendent les intérêts du centre-ville : notre permis est très précis et rigoureux en termes de répartition des mètres carrés, et le suivi se fait également de manière précise. Si un magasin de mode part, nous devons le remplacer par un magasin de mode. »
La durabilité
Il n’est pas question d’agrandir le centre commercial : l’objectif est de consolider le succès actuel. « Il faut rester réaliste, on ne peut pas continuer à croître. Avec un chiffre d’affaires de plus de 5 700 euros par mètre carré, le centre commercial se porte déjà très bien. L’objectif est de maintenir ce niveau élevé, tout en sachant que le commerce en ligne ne fera que gagner en importance. »
Le succès sera-t-il au rendez-vous ? « Nous sommes convaincus que Les Grands Prés a un bel avenir dans cette région, avec des atouts tels que la facilité d’accès, le parking gratuit, les activités familiales, les aires de repos confortables… Autour de Mons et dans le nord de la France, vous avez un public qui a un comportement d’achat un peu plus traditionnel, et c’est un avantage pour nous. De plus, nous constatons que les centres commerciaux français ne sont pas moins chers que les nôtres. Pour l’alimentation, c’est différent, mais pour la mode, le mobilier et les cadeaux, la balance penche en notre faveur ».
Il ne faut donc pas s’attendre à de grands bouleversements, même si des investissements d’une valeur de 12 millions d’euros sont prévus au cours des trois prochaines années pour rendre le centre commercial plus durable. « Nous avons actuellement une note BREEAM ‘very good’, que nous voulons porter à un niveau supérieur. Il y aura des panneaux solaires, nous surveillerons la consommation d’énergie, nous réutiliserons l’eau… Nous voulons préparer le centre commercial pour l’avenir en termes d’écologie et de durabilité ».