En 2019, le chiffre d’affaires des boutiques en ligne belges a atteint plus de huit milliards d’euros, dont deux milliards viennent de l’étranger. C’est ce qui ressort du E-Commerce Barometer réalisé par The House of Marketing et l’association sectorielle SafeShops. Tous deux voient un grand potentiel d’exportation, en particulier en Allemagne. L’arrivée d’Amazon et la crise du coronavirus peuvent également stimuler le commerce électronique dans notre pays.
Commerce à double sens
L’histoire négative bien connue selon laquelle l’économie belge voit son argent disparaître au profit de boutiques en ligne étrangères mérite d’être quelque peu nuancée. C’est en tout cas l’avis de Greet Dekocker, le directeur de SafeShops.be : « Nos chiffres montrent que les boutiques en ligne belges réalisent un quart de leur chiffre d’affaires grâce à des acheteurs étrangers. Cela va dans les deux sens : on achète à l’étranger, mais les étrangers se rendent aussi sur les boutiques en ligne belges. C’est un signal très positif qui confirme l’attrait pour les commerçants en ligne belges. »
Les boutiques en lignes belges réalisent le plus gros de leur chiffre d’affaires en France (près de 28 % de leurs exportations), aux Pays-Bas (18 %), au Royaume-Uni (9,5 %) et en Allemagne (7,5 %). « L’un des points forts de nos webshops est qu’ils sont généralement disponibles en différentes versions linguistiques : certainement en néerlandais et en français, mais souvent aussi en anglais », explique M. Dekocker. « Cela paie. Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup de potentiel en Allemagne : j’ai entendu dire par des membres qu’il s’agissait d’un marché attractif. De plus, les acteurs britanniques et français du commerce électronique sont un peu moins présents dans ce pays. Il est donc certainement conseillé de proposer également une version du site en langue allemande. En outre, il y a encore une grande marge de croissance dans le pays. »
Trois transactions par seconde
Le marché belge du commerce électronique a atteint les 8,2 milliards d’euros l’année dernière, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2018. 85 millions de transactions ont été enregistrées, 22 % de plus que l’année précédente et le nombre de commerçants en ligne est passé à plus de 29 000, soit une hausse de 20 %. « Chaque jour, 13 boutiques en ligne apparaissent et trois transactions d’une valeur moyenne de 96 euros sont effectuées chaque seconde », c’est ainsi que Julie Luppens de The House of Marketing décrit la dynamique du commerce en ligne belge.
La moitié des transactions sont réglées à l’aide de la bonne vieille carte bancaire. « Ce mode de paiement est devenu beaucoup plus convivial grâce aux applications mobiles », explique Lucas De Dycker de The House of Marketing. « Pour des montants plus importants, les gens se tournent souvent vers la carte de crédit, qui offre plus de garanties et des limites de paiement plus élevées. » 95 % des achats sont effectués à l’aide d’une de ces deux cartes. Très loin derrière suivent PayPal et d’autres applications de paiement.
Les chiffres proviennent de la quatrième édition du E-commerce Barometer de SafeShops et The House of Marketing : celui-ci permet de dresser le portrait de la vente en ligne belge sur base des données de transaction transmises par les fournisseurs de paiement. Les données indiquent ce que les boutiques en ligne belges vendent — et non ce que les acheteurs en ligne belges achètent ailleurs — et ces dernières sous-estiment en fait la réalité puisque le chiffre d’affaires des entreprises belges réalisé sur les marchés étrangers n’est pas pris en compte, pas plus que le chiffre d’affaires des achats click&collect pour lesquels les acheteurs paient dans le magasin physique.
« Il ne faut pas craindre Amazon »
Comment M. Dekocker voit-il l’avenir du commerce électronique belge ? La crise actuelle du coronavirus peut-elle, par exemple, stimuler le commerce en ligne ? « Cela dépend. En effet, elle peut maintenant encourager davantage de personnes à se tourner vers les achats en ligne, et nous savons que les acheteurs qui ont déjà fait l’expérience de la commodité offerte par le commerce électronique sont rapidement convaincus. Mais d’un autre côté, il y a la réalité économique : les stocks proviennent de l’économie mondiale et c’est là que les problèmes résident. Ce n’est pas pour rien qu’un acteur comme Coolblue a décidé de tempérer son marketing et d’augmenter ses prix. Et que fera le secteur du voyage pour lequel la majorité des réservations sont également effectuées en ligne ? Cela variera donc beaucoup d’un secteur à l’autre. »
Toutefois, l’arrivée d’Amazon au Benelux peut être un stimulant pour l’ensemble du secteur du commerce électronique : « Dans d’autres pays, nous avons constaté que le lancement d’une nouvelle marketplace avait souvent un effet positif sur les ventes d’autres boutiques en ligne, car les consommateurs prennent l’habitude de faire des recherches en ligne. De nombreux membres estiment également que cela peut être une opportunité en soi d’exporter via Amazon ou d’autres places de marché. »
Chiffre d’affaires du commerce électronique belge
Nombre de transactions
Nombre de boutiques en ligne belges
(Graphiques: SafeShops/The House of Marketing)