Rotterdam, et non pas Londres, aurait le plus de chances d’accueillir le siège principal du groupe anglo-néerlandais Unilever. C’est ce que révèle le journal d’affaires Financial Times qui cite des sources de milieux politiques.
Double drapeau
Actuellement Unilever, qui détient des marques mondiales telles que Dove, Axe, Ola, Knorr et Lipton (pour n’en citer que quelques-unes), compte deux sièges principaux : un à Londres, l’autre à Rotterdam (photo). Ce double siège est l’héritage de la fusion entre le néerlandais Margarine Unie et le britannique Lever Brothers en 1930. Outre ces deux sièges, Unilever a également deux entités juridiques et deux cotations en bourse (à Londres et à Amsterdam).
Lorsque l’an dernier l’américain Kraft Heinz a émis une offre non sollicitée sur Unilever, le CEO Paul Polman s’était engagé à revoir la structure organisationnelle complexe et onéreuse à la fois. De plus, selon Polman, ce double drapeau limite la force d’Unilever si le groupe devait envisager des reprises.
Selon le Financial Times, il y aurait de fortes chances qu’Unilever choisisse Rotterdam pour son siège principal. Le journal cite un fonctionnaire britannique concernés, qui affirme qu’il ne serait « pas surprenant » qu’Unilever préfère les Pays-Bas, plutôt que le Royaume-Uni.
Lutte politique
Si Unilever devait tourner le dos à Londres, ce serait une énorme gifle pour la première ministre britannique Theresa May, qui dans le cadre du Brexit a considérablement diminué l’impôt des sociétés afin de garder autant de multinationales que possible à Londres. Au Royaume-Uni Unilever emploie 7.500 personnes, dont 1.300 personnes au siège principal de Londres.
Le premier ministre néerlandais Mark Rutte, ex-collaborateur d’Unilever, s’est lui aussi lancé dans la lutte. Son gouvernement a supprimé entre autres l’imposition des dividendes et Rutte & Co n’ont jamais caché que ces mesures visaient à convaincre Unilever – qui aux Pays-Bas emploie quelque 3.000 personnes – d’opter pour Rotterdam.
Unilever de son côté est très avare de commentaire : « Apparemment c’est ce que l’on pense en Angleterre », indique un porte-parole d’Unilever dans le journal FD. « Mais la décision sera prise avant la fin du premier trimestre, donc avant fin mars. »