Des montures design excentriques abordables, commandées en ligne et livrées directement depuis l’usine située en Chine : Polette opte pour la disruption dans le monde des opticiens. La marque de lunettes fast-fashion souhaite conquérir le monde.
Chez le dentiste
Après Paris, Lille, Amsterdam et Utrecht, Bruxelles accueille également un point de vente physique de la marque d’opticien qui souhaite révolutionner le monde des opticiens, mais ne dites surtout magasin pour ce ‘connected showroom’. Les clients peuvent venir y chausser les montures les plus folles, faire tester leurs yeux gratuitement, personnaliser leurs paires de lunettes, mais pas les emporter avec eux : la commande sera livrée deux semaines plus tard au domicile du client, directement depuis l’usine située en Chine.
« Nous avons lancé ce concept exclusivement online en 2011. A l’époque, personne ne croyait qu’il était possible de vendre des lunettes en ligne, mais on nous a déjà imités. Depuis 2015, nous ouvrons des showrooms dans de grandes villes. Ceux-ci contribuent à notre notoriété et notre image de marque. Oui, les magasins coûtent cher, mais nous dépensons également des fortunes à Google », explique la co-fondatrice Pauline Cousseau. « Nous ne voulons surtout pas ouvrir des magasins qui ressemblent aux autres. Pour moi, aller chez l’opticien ressemblait étrangement au fait de devoir aller chez le dentiste. Je voulais rendre cette expérience plus amusante. Chez nous, vous pouvez vous promener librement, essayer des montures, scanner le code QR et commander, ou vous faire conseiller par un de nos opticiens diplômés. »
Les lunettes comme accessoire de mode
De plus, pour pas cher : « Toutes les montures de lunettes et lentilles sont fabriquées en Chine, et ce sans exception. Également celles des marques chiques qui prétendent les fabriquer en Italie. Et la production coûte moins de 10 euros. Donc pourquoi devriez-vous payer 400 euros ? Nous démocratisons le secteur. Nous voulons faire en sorte que des lunettes à la mode soient accessibles pour tous, comme Zara le fait dans le secteur de la mode. Je veux devenir le Zara du secteur des lunettes. Tout le monde a le droit de découvrir Polette. Une paire de lunettes est un accessoire de mode, elle souligne votre personnalité. Les clients viennent chez nous deux ou trois fois par an pour acheter un nouveau modèle. Comme s’ils achetaient des chaussures. »
Chez Polette, vous trouvez des montures de lunettes à partir de 14,95 euros. Un prix si bas, est-ce possible sans porter atteinte à la qualité. Il faut savoir que l’entreprise fait tout en interne : en livrant au client directement depuis l’usine, elle supprime les nombreux intermédiaires qui font monter le prix des lunettes. « Nos montures sont de la même qualité que les autres. Nous utilisons l’acétate de la plus haute qualité. La chaîne de télévision française France Deux a fait réaliser une étude à l’aveugle en laboratoire : nous présentions la meilleure qualité et le prix le plus bas. Mon partenaire commercial Pierre Wizman et moi-même parlons tous les deux le chinois, nous sommes donc très proches de nos fabricants qui ne peuvent en aucun cas nous tromper ! Nous sommes conscients de ne pas pouvoir croître sans qualité. Underpromise and overdeliver, tel est notre devise. »
En route pour New York ?
Le choix de notre emplacement à Bruxelles est logique, estime Cousseau : « Bruxelles est une ville internationale avec un certain cachet. Nous avons trouvé un bien commercial très agréable et très bien situé au Marché-aux-Herbes. Il faut parfois avoir de la chance dans la vie. » La marque souhaite ouvrir encore d’autres showrooms, mais l’ouverture des magasins physiques sera limitée aux grandes villes du monde. « En France, nous pouvons encore envisager d’ouvrir un showroom à Lyon. Ensuite, nous souhaitons certainement nous installer à Londres, Berlin, Barcelone, … Et New York serait formidable, c’est un véritable rêve ! »
Dans les showrooms, vous trouvez les mêmes paires de lunettes que celles proposées en ligne. L’offre comprend 800 modèles, 15 nouveaux designs toutes les semaines. « Nos montures sont uniques, distinctives, quelque peu excentriques aussi. Elles ont du caractère. Nos clients ne souhaitent pas se promener avec la même paire de lunettes que tout le monde porte ». Pour le moment, la communication se fait principalement par le biais des médias sociaux, mais « nous avons également des clients beaucoup plus âgés, nous ne sommes pas uniquement là pour les hipsters. Donc, à terme, j’aimerai bien faire de la publicité à la télévision. Mais à notre façon. »
Simplicité et transparence
Polette souhaite faire les choses différemment, loin des sentiers battus. La marque est synonyme de transparence : en termes de prix, d’origine, de communication, … Mais également de simplicité, tant au niveau du design que des showrooms. Des étagères fixées au mur, le design de la boutique n’offre guère plus. Cela permet à Polette de changer l’aménagement très facilement. « Nous avons dû démarrer de rien à l’époque. Un euro vaut un euro », peut-on entendre.
Les entrepreneurs n’ont d’ailleurs toujours pas fait appel à des investisseurs, et si cela dépendait de Cousseau, cela ne changera pas. « On constate régulièrement qu’une entreprise perd son âme lorsque des financiers s’en mêlent. Nous sommes des entrepreneurs passionnés, nous ne croyons pas en une culture d’entreprise ou une hiérarchie. Tous nos collaborateurs sont des micro-entrepreneurs. » Le siège social se situe à Amsterdam. N’est-ce pas un choix hors du commun pour une entreprise française ? Non, nous ne sommes pas une entreprise française, mais internationale, la langue utilisée est l’anglais. A Paris, on ne trouve pas suffisamment de personnes douées qui parlent l’anglais, d’où ce choix. » Cela en dit long sur les ambitions modestes de la marque : Polette souhaite conquérir le monde. « The sky is the limit, » dit Cousseau en riant. On remarque néanmoins qu’elle le pense sincèrement.