Ces derniers jours Carrefour Belgique a non seulement baissé plus de mille prix, mais a également procédé à de nombreuses hausses de prix, révèle une analyse de Daltix. « Une pratique courante », réagit le retailer. De fait : à Pelt Colruyt a fait exactement pareil après l’ouverture de Jumbo.
Mise au point de l’image prix
Ce mardi Carrefour Belgique a annoncé une baisse de prix pour plus de mille produits, toutes catégories confondues, tant parmi les produits de marques maison que les produits de marques (inter)nationales connues, comme Bru, Côte d’Or, Devos Lemmens ou encore Nescafé. Les réductions allant jusqu’à -25% sont valables jusqu’au 31 décembre. Le retailer souhaite ainsi mettre au point son image prix à l’approche de la période de fin d’année, ô combien importante.
Selon les experts de Daltix, Carrefour durant cette même période a également procédé à de nombreuses hausses de prix : l’entreprise a analysé les évolutions de prix de ces derniers jours pour l’hypermarché de Saint-Denis-Westrem, un magasin qui a notamment Colruyt et Lidl pour voisins. Cette analyse révèle que dans cet hypermarché plus de 850 références ont effectivement baissé en prix. La plupart des diminutions de prix ont eu lieu les 7,8 et 9 novembre et les réductions varient entre -50% et -1%. Mais parallèlement plus de 300 produits ont considérablement augmenté en prix. Hormis quelques vins et produits frais (fruits et légumes), il s’agit pour l’essentiel de marques nationales, dont de nombreuses références de grands fournisseurs comme Mondelez, Orangina Schweppes, PepsiCo ou encore Unilever.
Budget d’investissement
On pourrait conclure que Carrefour a procédé à ces hausses de prix pour compenser les baisses de prix, mais est-ce vraiment le cas ? Bon nombre d’observateurs se sont en effet posé des questions concernant cette initiative de prix étonnante : Carrefour est confronté à des marges en baisse et à de lourds coûts de restructuration et n’a donc pas beaucoup de marge de manœuvre pour pratiquer des baisses de prix. En outre la centrale doit surveiller les marges de ses nombreux franchisés indépendants, qui représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires.
Bref : d’où vient l’argent pour financer ces réductions ? « Nous avons réservé un budget pour cela », explique le porte-parole Siryn Stambouli. « Notre positionnement prix est très important pour nous. D’ailleurs nous avons diminué pas moins de 1200 prix, mais dans nos communications nous avons arrondi à 1000 produits étant donné que tous les magasins ne disposent pas de l’assortiment complet. »
Les marques augmentent les prix
Cette pratique de baisses de prix combinées à des hausses de prix est parfaitement normal, selon Carrefour : « Nous travaillons dans un marché dynamique, où les prix sont continuellement adaptés. » L’un des facteurs de cette dynamique est l’augmentation des tarifs pratiquée par les fournisseurs de marques, comme par exemple les fortes hausses de prix auxquelles a procédé PepsiCo pour des dizaines de produits. Les hausses de prix des snacks salés en particulier sautent aux yeux : un sachet de Cheetos Chipito de 27 grammes par exemple est devenu 25% plus cher (de 0,59 à 0,74 euro), la gamme Lay’s Oven Baked coûte 20% en plus (de 1,15 à 1,39 euro). Certaines références de Pepsi, Quaker, Looza et Tropicana ont également augmenté en prix. Des mouvements de prix que l’on constate non seulement chez Carrefour, mais également chez d’autres retailers.
La plus forte augmentation de prix notée par Daltix est celle d’un blender de Domo (de 19,99 à 33,39 euros, soit une hausse de 70%), mais là aussi la hausse est parfaitement explicable : l’appareil était en promotion et est ensuite revenu à son prix de vente normal.
Confusion totale des prix
Carrefour n’est pas le seul retailer chez qui l’on constate une combinaison de hausses et de baisses de prix. Après l’ouverture la semaine dernière du premier Jumbo belge à Pelt, Colruyt le 7 novembre a diminué 650 prix, mais en a également augmenté 209, selon Daltix. Un jour plus le tard, le 8 novembre, le discounter a de nouveau diminué le prix de 192 produits … tout en augmentant le prix de pas moins de 635 produits, dont 577 avaient diminué en prix le jour d’avant. En d’autres termes, ces prix ont été ramenés au niveau d’avant l’arrivée de Jumbo. Logique : en tant que suiveur de prix, Colruyt ne vendra jamais un produit trop bon marché, si ce n’est pas nécessaire …
Que peut-on conclure de tout cela ? L’analyse de Daltix montre que la transparence des prix est quasi totale, mais que de ce fait les arbres nous empêchent de voir la forêt. Un supermarché standard a 20.000 produits en rayon. Les prix de vente de ceux-ci varient sans cesse, parfois même plusieurs fois par jour, pour différentes raisons : actions, réactions aux promotions des concurrents, modifications de prix par les fournisseurs, prix journaliers fluctuants pour les produits frais … En outre certains retailers adaptent les prix au niveau local (Colruyt, Carrefour, Cora et sans doute aussi Jumbo …). Tout cela rend les comparaisons de prix particulièrement difficiles. Mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? Chaque offensive de prix est en fait une guerre de perception. La confusion au niveau des prix est totale. Ou pourquoi les retailers communiquent les baisses de prix, mais pas les hausses de prix …