Deux fermetures de magasin et environ 10% des emplois menacés : le verdict est lourd pour les collaborateurs de Carrefour Belgium. Les mesures sont nécessaires, mais seules les économies de coûts ne sauveront pas le retailer.
Pas d’autre choix
Les points principaux du plan de restructuration annoncé par Carrefour Belgium jeudi après-midi, rejoignent l’annonce du CEO Alexandre Bompard mardi dernier : des réductions de coûts radicales doivent donner les moyens à l’enseigne d’investir dans des secteurs à fort potentiel de croissance, à savoir : l’e-commerce, la proximité, le frais, les marques maison. Les syndicats qualifient ce plan de restructuration draconien de bain de sang social. De fait, des centaines de ménages sont touchés. Mais le retailer a-t-il un autre choix ?
Ces dernières décennies Carrefour s’est vu rattraper de toutes parts pas des concurrents qui ont su réagir plus rapidement aux changements du marché et ne sont pas confrontés à d’énormes frais généraux, contrairement aux acteurs traditionnels. Le non-food, autrefois l’un des pôles d’attraction des hypermarchés, s’est aujourd’hui décalé vers l’online. Le prix est devenu le terrain de jeu de hard discounters flexibles, qui aujourd’hui mettent la pression sur les supermarchés. Les évolutions démographiques et les problèmes de mobilité favorisent le format de proximité. Et sans vouloir être cynique, sachant qu’en Belgique dix-neuf hypermarchés seraient déficitaires, on aurait pu s’attendre à pire que deux fermetures.
La nouvelle normalité
Dans ce contexte il est à craindre que les restructurations et les économies de coûts deviennent la nouvelle normalité pour les retailers traditionnels. Carrefour s’était déjà attelé à cet exercice pénible en 2010, suivi par d’autres notamment Makro, Cora et Delhaize. Mais aujourd’hui aucun de ces acteurs ne se porte réellement mieux. Un constat navrant. Les réductions de coûts en soi ne sont pas la solution, il faut carrément renverser la vapeur.
Comme le disait Bompard mardi, l’enseigne devra passer par une révolution culturelle radicale. Le plan de transformation mise sur une réelle métamorphose, dont la mise en œuvre devra être profonde et rapide pour réussir. Car il y a bel et bien des perspectives : le format ‘supermarché’ est confronté à une rude concurrence, mais reste pertinent. De plus, dans le segment croissant de la proximité Carrefour avec ses supérettes Express dispose d’un format plus que valable.
Par contre l’hypermarché n’est pas le concept du futur et malgré de belles réalisations, notamment à Mons et Zemst, Carrefour est loin d’avoir trouvé la clé du succès. En matière d’e-commerce aussi il est grand temps d’agir, vu l’énorme concurrence internationale. Pour l’instant les projets du retailer semblent très vagues. Espérons toutefois que le comité de direction aient des projets concrets, car le temps presse. Aujourd’hui l’avenir n’appartient plus aux entreprises les plus grandes, mais les plus flexibles. Un sérieux défi …