Afin d’éviter que leurs achats ne se périment trop vite, les shoppers achètent en plus petites quantités ou privilégient les emballages présentant des dates de péremption plus lointaines qu’ils vont pêcher au fond du rayon.
Planifier et anticiper
L’agencement des rayons peut-il constituer une solution ? « On ne peut empêcher les gens de prendre les marchandises à l’arrière du rayon. Le matin, nous rangeons soigneusement les produits par date et à midi, tout est sens dessus dessous », expliquent Luc Govers et Suzy Henderickx de Carrefour Express Merksplas.
Il est recommandé de limiter les stocks et de réapprovisionner très régulièrement les rayons. Il faut en effet éviter de mettre trop de dates différentes en linéaire ou de tomber en rupture. Au besoin, il est toujours possible de réduire le prix des produits en fin de vie afin de les écouler. Mais tous les exploitants de supermarchés ne voient pas cette pratique d’un très bon œil.
« Nous n’apposons pas d’autocollants de remise durant les derniers jours de validité du produit », précise Annick Van Laecke de Spar Aalter. « Notre centrale n’approuve pas cette méthode car la vente rapide nuit à l’image de fraîcheur. Par contre, nous recourons aux promotions pour éviter les pertes. Nous ne prenons en tout cas jamais de gros risques au niveau de nos stocks et, grâce à la livraison quotidienne, cela ne pose aucun problème. »
Bénéfices et productivité
La stratégie de Delhaize est elle aussi axée sur la prévention et sur une politique d’achat réfléchie. « La réduction des rebuts dope les bénéfices et la productivité. Le feed-back professionnel de Delhaize à propos de ce que nous scannons nous donne un clair aperçu des pertes, que nous essayons de limiter à 1% », explique Julien Schelck de l’AD Delhaize de Gooik.
« Certains clients ne se préoccupent pas du tout des dates de péremption alors que d’autres y sont très attentifs », ajoute encore Annick Van Laecke. « On nous pose parfois des questions à propos des produits presque périmés. Les gens veulent savoir s’ils peuvent consommer le produit sans risque. Il est difficile de communiquer de manière générale à ce sujet vu que la réponse est différente pour chaque produit. »
Le smartphone à la rescousse
Une app peut-elle contribuer à l’efficacité de la politique de démarque ? « Cette démarche demande trop d’efforts et de suivi et ne serait pas rentable chez nous compte tenu de nos faibles excédents », estime Roel Van Hove de Bioshop Schilde. « Nous transférons tous les articles dont la date de péremption approche dans un présentoir dédié. Nous parvenons ainsi à écouler pratiquement tous nos stocks. »
Julien Schelck n’est pas partisan de cette façon de travailler : « Vous envoyez un mauvais signal ! Ce n’est pas une bonne idée de promouvoir les produits remisés. Mieux vaut prévenir le gaspillage par une gestion judicieuse des achats. Le fait que les gens achètent les produits démarqués est toutefois un témoignage de confiance envers le magasin, une confiance qui se mérite en veillant à l’ordre et à la propreté au quotidien. »
Que font les centrales ?
Bioshop ne prend actuellement pas de mesures structurelles. « À ma connaissance, le sujet n’a pas encore été vraiment abordé », confie Roel Van Hove. « Il serait peut-être intéressant d’échanger quelques idées là-dessus lors de l’une de nos prochaines réunions en vue d’adopter des actions communes, par exemple par le biais du dépliant promotionnel mensuel. »
Carrefour dispose d’un système de gestion des stocks (VVB) qui optimise la gestion de l’inventaire. « Nous avons récemment appris lors d’une réunion régionale que les magasins Express pouvaient également l’utiliser », ajoutent Luc Govers et Suzy Henderickx. « C’est un outil que nous aimerions à terme déployer. »