Une nouvelle proposition de mesures d’accompagnement de la direction de Delhaize, a été accueillie de manière mitigée par les syndicats. Des protestations ont à nouveau eu lieu le week-end dernier. Les franchisés sont également inquiets.
Atmosphère constructive
La direction de Delhaize a mis sur la table vendredi une nouvelle proposition qui devrait mettre fin au conflit social qui dure depuis des mois à propos de la franchisation de 128 supermarchés intégrés. C’est ce qu’a appris l’agence de presse Belga auprès du ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne et des syndicats. Delhaize a confirmé la nouvelle, mais n’a pas encore voulu donner de détails.
« Nous pouvons confirmer que lors de la réunion, qui s’est déroulée dans un climat constructif, une proposition de protocole d’accord a été mise sur la table. Nous espérons que cette proposition pourra déboucher sur un accord dans le courant de la semaine prochaine », a déclaré Roel Dekelver, porte-parole de Delhaize. La proposition comprendrait des mesures d’accompagnement supplémentaires et des garanties pour les travailleurs concernés. Delhaize n’abandonne pas le projet de vente des 128 magasins.
Prime supplémentaire
Les réactions des syndicats sont très partagées. Le syndicat libéral se montre prudemment positif à l’égard de la proposition : « Elle ne correspond pas à ce que nous avions mis sur la table, mais elle n’est pas non plus identique à ce que la direction avait annoncé en mars », déclare Wilson Wellens, qui ajoute que « cette bataille n’a pas été perdue ».
Au syndicat socialiste flamand BBTK, les sentiments sont partagés : « Nous avons continué à négocier bien que nos trois principales revendications n’aient pas été satisfaites. La direction a ajouté à la proposition une prime pour les préretraités et une prime de transition, mais ce n’était pas notre revendication », explique Jan De Weghe, responsable syndical, qui confirme toutefois que la proposition sera soumise aux membres. Les employés qui prennent une retraite anticipée à partir de 62 ans recevraient une prime supplémentaire de 10 000 euros.
« Peanuts »
Du côté francophone, la réaction est résolument négative : « Peanuts », estime Myriam Delmee du syndicat socialiste francophone SETCa, qui insiste sur trois revendications majeures : le retrait du plan de franchise, un plan social pour le personnel qui veut partir et la garantie d’une représentation syndicale dans les magasins franchisés. Myriam Djegham, du syndicat chrétien, estime également qu’il s’agit d’une mauvaise proposition.
Des manifestations chez Delhaize se sont poursuivies le week-end dernier. Dans la nuit de vendredi à samedi, le centre de distribution de Zellik a été bloqué pendant cinq heures : les camions ne pouvaient pas sortir. Samedi matin, 15 magasins à Bruxelles, Montigny et Nivelles ont gardé leurs portes fermées. Après des interventions d’huissiers, la plupart des magasins ont toutefois rouvert.
Déséquilibré
La malaise persiste également chez les franchisés : une centaine d’entrepreneurs indépendants de Delhaize, ainsi que l’organisation sectorielle Buurtsuper.be (Unizo), ont écrit une lettre à la direction pour demander une discussion sur les « dispositions déséquilibrées » des nouveaux contrats de franchise que le détaillant soumet aux repreneurs des succursales. Ils dénoncent notamment l’obligation d’acheter une plus grande partie de l’assortiment à Delhaize, ainsi que le renforcement de la clause de non-concurrence, écrit De Tijd.
Mais selon Delhaize, les contrats sont corrects et les repreneurs des 32 premières succursales n’y voient déjà aucun inconvénient : « Si le contrat n’était pas bon, nous n’aurions pas convaincu autant de personnes ».