Le 1er février, la fameuse ‘Loi Alimentation’ entrait en vigueur chez nos voisins du sud. Celle-ci permet de réfréner un certain nombre de techniques promotionnelles et d’augmenter le prix plancher de quelques produits extrêmement populaires.
Soutenir les agriculteurs locaux
La nouvelle loi fait suite à une étude menée en 2016 et qui avait démontré que pas moins de 30% des agriculteurs gagnaient à peine 350 euros par mois, un montant qui se situe bien en dessous du seuil de pauvreté. Un ‘États généraux de l’alimentation’ a été introduit (en 2017), ce qui a conduit à la nouvelle ‘Loi Alimentation’. Afin de garantir un meilleur revenu aux agriculteurs, les distributeurs doivent abandonner une partie de leur marge sur la viande, les produits laitiers, les fruits, les légumes et le poisson sans toutefois réduire le prix de vente. Cela permet à l’agriculteur d’obtenir un meilleur prix pour ses produits.
Pour compenser cette ‘perte’ pour le secteur, le gouvernement relève le ‘seuil minimal de vente à perte’ pour toute une série de produits populaires. Les supermarchés ne peuvent plus les vendre au prix coûtant (‘la vente à perte’ était de toute façon déjà interdite) mais sont désormais obligés de prendre une marge d’au moins 10%. Il s’agit de produits de marque tels que Nutella, Evian, Ricard, le café Carte Noire, Coca-Cola ou le camembert Président : pas par hasard des produits qui sont souvent présentés en promotion pour attirer les clients.
1,4 milliard d’euros de perte de pouvoir d’achat
Selon le journal Le Parisien, qui a obtenu les hausses de prix de 24 produits populaires de grandes marques par le biais d’un distributeur, le consommateur déboursera en moyenne 6,3% en plus. Avec des pics allant jusqu’à 10% pour une bouteille de Ricard, 8,6% pour un camembert Président et 8,4% pour un pot de Nutella. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir avait déjà calculé que l’ensemble de l’opération coûterait 1,4 milliard d’euros aux Français, et ce alors que cela fait onze samedis consécutifs que les ‘gilets jaunes’ descendent dans les rues pour exiger une augmentation de leur pouvoir d’achat.
Le ministre français de l’Agriculture ne s’est pas fait attendre pour mettre les choses au clair. « La loi ne précise pas que le prix du pot de Nutella doit partir à la hausse, elle stipule simplement qu’un supermarché n’est pas autorisé à vendre ses produits à un prix moindre que le prix coûtant », a déclaré le ministre Didier Guillaume. Selon le ministre, seul 4% des produits augmenteront de prix. Dans les supermarchés, cela représente « 500 des 13.000 produits », dans les hypermarchés « 800 des 20.000 ». La FNSEA, le principal syndicat paysan, estime que l’ensemble du dispositif ne coûtera « que 50 centimes par mois et par personne ».
Les supermarchés eux-mêmes se sentent « pris en otage » par la mesure gouvernementale et qualifient la loi de « connerie ». « Je n’ai rien contre l’aspect agricole et la revalorisation des revenus de nos agriculteurs », précise Michel-Edouard Leclerc, PDG d’E.Leclerc. « Mais posez-vous la question : pourquoi devons-nous augmenter le prix de produits qui ne proviennent pas cette agriculture mais qui sont produits par des multinationales. Nous sommes obligés d’appliquer la loi, mais nous allons le faire intelligemment. Nous allons augmenter le nombre de bons de réduction, faire des choses qui sont légales et baisser le prix de 4.600 produits de marque de distributeur. » Carrefour, pour sa part, a déjà adapté son programme de fidélisation pour renforcer le pouvoir d’achat de ses clients.