Le discounter Lidl ne revoit pas ses ambitions internationales à la baisse. Le retailer affiche de beaux résultats de croissance et conquiert encore de nouveaux marchés. Cette forte expansion entraîne néanmoins des coûts qui pèsent sur la rentabilité.
Un audit chiffré
Chaque année, des analystes de Barclays se plongent dans les résultats financiers de Lidl Stiftung & Co KG, la société qui supervise les opérations internationales du discounter, représentant plus de 60% du chiffre d’affaires total du retailer. Ils viennent de publier un audit de l’exercice 2017 qui s’est terminé fin février 2018. Il s’agit également du premier exercice qui comprend les chiffres du nouveau marché américain.
Lidl a commencé son expansion à l’étranger en 1988 et est présent dans 26 pays à l’heure actuelle. Le rapport montre que l’entreprise a poursuivi sa forte croissance grâce aux ouvertures de magasins, mais aussi que les coûts liés à cette expansion pèsent sur la rentabilité. C’est pour cette raison que le bilan paraissait un peu moins bon : ainsi se confirme une tendance qui était déjà évidente l’année dernière.
Le chiffre d’affaires en hausse
Les activités internationales de Lidl ont engendré un chiffre d’affaires de 46,1 milliards d’euros, soit une augmentation de 11%. La croissance est plus importante que celle des années précédentes et meilleure que prévu. Lidl souligne que le chiffre d’affaires a augmenté dans ‘presque’ tous les pays. Les rapports précédents indiquaient que le chiffre d’affaires avait augmenté dans tous les pays, une nuance non négligeable.
Le retailer ne présente pas de résultats séparés par pays, mais IGD estime que le marché qui croît le plus est le Royaume-Uni (+16%), suivi par la République tchèque (+14%), la Suède (+11,2%), l’Autriche (+8,3%) et l’Espagne (+7,8%). Sur le marché intérieur allemand, la croissance s’élève à 5,2 %. La concurrence y est féroce, surtout à l’heure où Aldi renouvelle ses magasins et ajoute de nouvelles marques à sa gamme de produits.
Les marges sont sous pression
Malgré cette croissance du chiffre d’affaires, les marges bénéficiaires des activités internationales sont sous pression, et ce pour la deuxième année consécutive. A 4%, la marge EBIT est à son plus bas niveau depuis 2012, la marge EBITDA n’atteint pas les 6,4%, ce qui, selon les normes européennes, est encore un très bon résultat pour un retailer alimentaire.
Selon Lidl, la diminution du bénéfice net est conforme au budget et résulte des frais de démarrage liés à l’expansion. Il pourrait s’agir plus concrètement du déploiement aux États-Unis, car c’est le seul pays qui s’est rajouté depuis l’année dernière. En outre, les analystes de Barclays soupçonnent que les opérations de modernisation dans d’autres pays européens ont également pesé sur le bénéfice net. La marge brute est tombée à 26,5 %.
Discipline des coûts
Les frais de personnel chez Lidl Stiftung ont légèrement augmenté pour atteindre 9,2% du chiffre d’affaires. Le nombre de travailleurs à temps plein a augmenté de plus de 10 % et les salaires ont également augmenté – Lidl déclare payer plus que le salaire minimum légal dans la plupart des pays, tant dans les magasins que dans les centres de distribution. Il est frappant de constater que le chiffre d’affaires par employé est passé de 349.500 à 352.000 par an, alors que l’exercice précédent affichait un recul. Cela démontre que Lidl a pris des mesures d’efficacité. Les autres charges d’exploitation ont également légèrement diminué, de même que les coûts d’investissement.
Ce n’est pas une surprise : après l’exercice précédent, Schwarz Group avait déjà insisté sur une discipline des coûts plus stricte. Selon le PDG Klaus Gehrig, Lidl devait s’affiner et se simplifier vu certains magasins qui ressemblaient à des palais de verre avec des halls d’entrée spacieux, ce qu’il considérait comme une pure perte de place. Il a pris les devants en nommant le Danois Jesper Hojer (ancien PDG de Lidl Belgium) au poste de PDG. Depuis lors, des signes d’une politique des coûts plus serrée se sont fait ressentir, notamment dans la marche arrière faite au niveau des projets online ainsi que dans le ralentissement de l’expansion américaine. Près de trois quarts des investissements se font dans l’immobilier, ce qui est logique compte tenu de la forte expansion et de la rénovation des magasins existants. Par rapport aux autres retailers européens du même secteur, les dépenses par rapport au chiffre d’affaires sont assez élevées.
La poursuite de l’expansion
Lidl s’attend à une croissance modérée du chiffre d’affaires et à un résultat net stable pour l’exercice en cours. Le retailer continue de moderniser et d’étendre son réseau de magasins existant et d’exploiter de nouveaux marchés tels que la Serbie (où 16 magasins ont ouvert simultanément en octobre), l’Estonie et la Lettonie.
L’expansion reste une priorité, même sur les marchés existants. Aux États-Unis, le retailer a acquis 27 supermarchés Best Market qui seront transformés dans le courant de cette année. En Italie, une quarantaine de nouveaux magasins sont prévus, autant que l’an dernier. L’enseigne prévoit d’ouvrir vingt nouveaux points de vente en Suède, et cinq en Grèce. En Suisse, le discounter ouvrira des magasins urbains en collaboration avec l’entreprise de supermarchés Loeb.