Carrefour est résolument en quête d’un partenaire. Le PDG, Alexandre Bompard, étudierait différents scénarios de consolidation, dont un avec le concurrent Auchan. Ensemble, ils deviendraient les leaders du marché.
Potentiel leadership sur le marché
Après l’ échec du rapprochement avec les Canadiens, Alexandre Bompard, le PDG du groupe Carrefour, cherche d’autres partenaires potentiels. Bompard estime que le marché français de la distribution est trop fragmenté et qu’une consolidation est nécessaire pour gagner en puissance. En 2018, il avait donc déjà entamé des discussions avec son partenaire sectoriel Groupe Casino. C’est ce que rapporte Le Monde.
Ce printemps, le PDG s’est entretenu avec la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan. Une fusion avec cette chaîne d’hypermarchés du nord de la France pourrait considérablement rebattre les cartes et même faire de Carrefour le numéro un du marché français, devant Leclerc. En effet, Carrefour détient une part de marché de 19 % en France, Auchan 8,9 % et Leclerc quelque 21 %.
Difficile à l’heure actuelle de savoir si les discussions sont toujours d’actualité. Certaines sources chez Le Monde affirment que les négociations ont été interrompues avant l’été, tandis qu’un banquier d’affaires indique qu’elles sont toujours en cours. Les entreprises ne se sont pas exprimées.
Pas un bon match ?
Les analystes de Barclays ont d’ores et déjà partagé leur avis défavorable vis à vis de cette union. Les inconvénients pèseraient plus lourd que les avantages pour Carrefour. En s’alliant, les deux acteurs deviendraient effectivement le leader incontesté du marché. Le principal avantage, cependant, serait d’importantes synergies en matière d’approvisionnement et de coûts. Les deux groupes se chevauchent non seulement en France, mais aussi en Espagne, en Pologne, en Roumanie et à Taïwan.
Mais la probabilité que les autorités de la concurrence autorisent les deux entreprises à fusionner de la sorte semble très faible. Cela pourrait en effet donner lieu à des situations de monopole dans certaines villes. Il ne semble pas non plus judicieux de fusionner avec un autre acteur de l’hypermarché, le concept même de magasin dont les consommateurs se détournent ces dernières années. Ce n’est pas un hasard si Auchan perd des parts de marché depuis au moins trois années consécutives, alors que, selon les analystes, Carrefour est sur la bonne voie.
Et reste à voir si la famille Mulliez est prête à passer le flambeau. D’autant que le fondateur, Gérard Mulliez (90 ans), est toujours en vie et que le groupe n’a pas besoin d’argent. Par le passé, la famille avait également critiqué la vision à court terme des sociétés cotées en bourse, comme Carrefour. Les chance de succès sont minces, selon Barclays.