Les géants du café Starbucks et Nespresso (Nestlé) ont été mis en cause dans une affaire de travail d’enfants au Guatemala. Un rapport britannique montre que des enfants de moins de 13 ans travaillent dans les fermes qui fournissent les deux marques de café.
5 livres par jour
Les révélations ont été faites dans un documentaire de Dispatches diffusé sur Channel 4. Les enfants y travaillaient huit heures par jour dans des conditions difficiles. Selon les journalistes, la plupart des enfants avaient 11 ou 12 ans, mais certains en avaient même huit. Ils étaient payés en fonction du poids des grains récoltés, mais en moyenne ils recevaient moins de six euros par jour pour leur travail. Les journalistes ont visité sept fermes fournissant Nespresso et cinq fermes fournissant Starbucks : le travail des enfants a été constaté dans chacune d’entre elles.
Le programme a également calculé que sur une tasse de café qui coûte 2,5 livres en moyenne, à peine 10 pence reviennent aux fournisseurs, et seule une fraction de ce montant revient aux producteurs eux-mêmes, alors que la marque de café réalise un bénéfice de 25 pence.
L’acteur George Clooney, le visage de la publicité Nespresso depuis de nombreuses années, a déjà exprimé sa surprise et sa tristesse face aux révélations du reportage britannique. Il a également fait l’éloge du journaliste d’investigation impliqué et l’a encouragé à continuer ses recherches.
La course vers le bas ?
Nestlé a suspendu toutes ses livraisons de café en provenance de la région et a ouvert sa propre enquête. « Nespresso applique la tolérance zéro face au travail des enfants. C’est inacceptable », a déclaré Guillaume Le Cunff, CEO de Nespresso, dans un communiqué. Entre-temps, Starbucks a également lancé ses propres recherches, en collaboration avec un auditeur indépendant.
Le professeur Jan Orbie, chercheur sur le développement international et le commerce équitable à l’UGent, n’est pas surpris par les révélations. « Les prix du café sont en baisse sur le marché mondial depuis 25 ans. Mais le consommateur n’a jamais payé autant. Tant dans les cafés branchés qu’au supermarché. Oxfam a calculé que si vous payez trois euros pour une tasse de café, seul un centime d’euro sera versé au caféiculteur. Cela conduit à une course vers le bas. Et c’est alors que le travail des enfants devient intéressant, car il s’agit d’un travail presque gratuit », conclut-il dans Het Nieuwsblad.