Bannir l’esclavage dans l’industrie du chocolat, telle est la mission que s’est fixée Tony’s Chocolonely. La marque espère inspirer l’ensemble du secteur en montrant le bon exemple. Le commerce équitable n’est qu’un début, expliquera ‘l’Évangéliste du chocolat’ Ynzo Van Zanten lors du RetailDetail Day.
Une marque chargée d’une mission
C’est donc un éminent prédicateur que nous accueillerons sur le podium du RetailDetail Day. Un prédicateur qui ne manque pas non plus d’originalité puisque, si Tony’s Chocolonely prend ses ambitions très au sérieux, la marque communique sur le ton de l’humour et cherche à séduire les consommateurs à travers des goûts surprenants et des emballages amusants. Vous les avez déjà sûrement remarquées dans les rayons des magasins : les emballages colorés rappellent en effet les barres fabriquées par Willy Wonka dans Charlie et la Chocolaterie.
Une question simple pour commencer. Qui êtes-vous et quel est votre rôle au sein de Tony’s Chocolonely ?
Y.V.Z. : Je m’appelle Ynzo Van Zanten. Un nom compliqué, comme celui de l’entreprise. Nous avons ça en commun. J’occupe le poste de Head of People & Culture, comme cela s’appelle chez Tony’s. En termes plus traditionnels, cela recouvre les RH, la satisfaction du personnel et la promotion de notre fonctionnement en tant qu’entreprise aux Pays-Bas. Je suis aussi l’Évangéliste du chocolat de Tony’s. C’est donc moi qui raconte l’histoire de Tony’s sur scène.
Vous plaidez pour la durabilité, le commerce équitable et le paiement d’un salaire équitable aux cultivateurs de cacao. Comment abordez-vous ces thématiques ?
Y.V.Z. : L’axe le plus important de notre histoire est notre mission. Produire du bon chocolat et bannir l’esclavage dans les plantations du monde entier, telle est notre mission. Nous sensibilisons les gens au problème en montrant le bon exemple et en incitant les autres acteurs du secteur à nous imiter. Ce sont les trois étapes de notre approche.
Créer un impact
L’industrie se laisse-t-elle facilement convaincre ?
Y.V.Z. : Ce n’est pas facile, mais nous progressons petit à petit et les bons exemples se multiplient. C’est la raison pour laquelle nous voulons grandir, car plus nous créerons d’impact, plus les gens feront attention à nous.
Vous menez votre croisade depuis un certain temps déjà. Êtes-vous satisfait de voir que certains poids lourds du secteur commencent à suivre votre exemple et comprennent la nécessité d’un changement ?
Y.V.Z. : Oui, nous travaillons par exemple avec Barry Callebaut, qui fabrique notre chocolat en Belgique, et nous voyons vraiment que nous faisons une différence et que leur intérêt est éveillé. Nous collaborons également avec Nestlé au sein de la fondation International Cocoa Initiative (qui lutte contre le travail des enfants dans l’industrie du cacao, ndlr), un autre exemple de nos efforts via la collaboration. Les choses bougent, mais pas encore assez.
Vous ne devez pas seulement convaincre l’industrie, mais aussi le consommateur. Celui-ci a toutefois souvent le sentiment que les produits équitables coûtent plus cher. Observez-vous ce problème ?
Y.V.Z. : Je n’ai pas l’impression que nos produits soient beaucoup plus chers. Nos barres sont épaisses. Vous payez un peu plus, mais vous en avez plus pour votre argent. Dans la mesure où nous gérons l’ensemble de la chaîne de valeur, nous essayons autant que possible d’éliminer les intermédiaires, ce qui nous permet de maintenir le prix à un niveau raisonnable.
Cela étant dit, tant que nous expliquons clairement ce pour quoi les gens paient, ils se montrent très disposés à nous aider à construire un monde meilleur. Ils paient simplement le prix qui nous semble logique. Je ne pense pas que nous soyons plus chers que les autres marques. En fait, notre prix est le plus cohérent et les autres prix sont un peu trop industriels.
Donc, si les gens comprennent qu’ils paient un prix juste pour tout le monde, pas seulement pour le consommateur mais aussi pour l’entreprise et les cultivateurs, cela ne leur pose pas de problème ?
Y.V.Z. : Exactement. Nous faisons donc clairement passer le message.
Le commerce équitable comme point de départ
Vous ne vous distinguez pas seulement par votre mission, mais aussi par vos goûts hors du commun. Est-ce une manière d’attirer l’attention du consommateur avant de le convaincre de votre message ?
Y.V.Z. : Notre mission prime, mais pour séduire les consommateurs, il faut aussi bien sûr proposer du bon chocolat. Nous continuons donc d’innover avec des goûts qui plaisent aux gens. Si le chocolat n’est pas bon, les gens n’en achètent qu’une fois, même s’il y a un message derrière. Nous nous efforçons de produire le meilleur chocolat possible pour que les gens continuent d’acheter nos barres.
Diriez-vous que vous faites partie du mouvement fairtrade ou voulez-vous aller encore plus loin ?
Y.V.Z. : Nous sommes totalement acquis au commerce équitable et nous trouvons que c’est un bon point de départ. De nombreuses entreprises n’y voient cependant qu’une fin en soi, pour obtenir le certificat. Pour nous, il s’agit d’un point de départ, du début du trajet. Nous estimons que la certification est un minimum et qu’il faut ensuite réfléchir à aller plus loin, et c’est ce que nous faisons. Nous sommes donc certifiés mais, en plus de la prime fairtrade, nous versons une prime Tony’s qui veille à offrir un salaire encore plus décent aux producteurs.
L’industrie du chocolat n’est pas la seule où la rémunération équitable des travailleurs pose problème. C’est aussi le cas dans l’industrie textile. Voyez-vous d’un bon œil les initiatives prises par ces industries pour donner une part équitable du gâteau à tout le monde ?
Y.V.Z. : Oui, j’en suis très content. Je pense que tous les secteurs devraient sérieusement réfléchir à la provenance de leurs matières premières et à la manière dont leurs produits sont fabriqués.
Le thème du RetailDetail Day 2017 est ‘future proof’. Quelles mesures pensez-vous encore prendre à l’avenir ?
Y.V.Z. : Pour nous, le plus important actuellement est la croissance, et surtout la croissance internationale, afin de renforcer notre impact. Nous voulons aussi créer plus d’impact en Afrique, dans les pays dont proviennent nos fèves de cacao. Pour l’instant, nous nous concentrons en tout cas sur le cacao et les cultivateurs de cacao, et pas tant sur d’autres marchés. Favoriser une croissance internationale saine et sensibiliser l’opinion publique sont nos principaux objectifs pour l’avenir.
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