Portés par un nouveau concept de magasin, les supermarchés Spar de Colruyt Group sont bien placés pour reprendre le rôle des magasins spécialisés. Cela laisse entrevoir du potentiel de croissance, même si l’alimentaire devient un marché d’éviction.
Logo Colruyt
La transformation et la revalorisation des supermarchés Spar de Retail Partners Colruyt Group vont bon train, nous apprend le directeur général Dirk Depoorter. 152 des 210 magasins Spar et Spar Compact du groupe arborent désormais l’enseigne de Colruyt Group, autrement dit près de trois quarts du parc. Ces magasins répondent à des exigences de qualité élevées.
« Restent les cas les plus difficiles, dont certains magasins qui n’obtiendront peut-être pas le logo parce que l’entrepreneur ne veut plus consentir les investissements nécessaires ou parce que la surface disponible est trop petite. Le parc compte par exemple quelques magasins d’environ 150 mètres carrés, alors que la superficie d’un Spar Compact tourne plutôt autour de 300 à 350 mètres carrés. Nous ne voulons toutefois pas nous séparer de ces magasins. Nous entretenons toujours de bonnes relations avec ces entrepreneurs qui garderont simplement l’identité Spar. »
Il n’est donc pas question de les transformer en Mini Market ? « L’enseigne Spar a une plus forte valeur ajoutée. Mini Market se destine plutôt aux clients libres qui recherchent un certain soutien, sans forcément répondre aux critères de Spar. Nous comptons entre 120 et 130 de ces clients libres. »
Des investissements payants
Le nombre de magasins Spar a légèrement diminué ces dernières années suite à l’optimisation du réseau, mais ce nombre s’est stabilisé et Spar ouvre à nouveau des succursales supplémentaires, indique Dirk Depoorter.
« Les magasins existants forment à nos yeux le principal moteur de croissance. Tous les supermarchés qui sont passés sous l’étendard de Colruyt Group enregistrent une belle croissance du chiffre d’affaires. On note quand même un écart de croissance de cinq pour cent entre les Spar traditionnels et les magasins sous bannière Spar Colruyt Group. La nouvelle formule de magasin, lancée en novembre 2015, enregistre des résultats sensiblement meilleurs ; les investissements des entrepreneurs paient. »
« Nous voulons aussi bien sûr doper notre croissance en agrandissant les magasins, en les relocalisant et en en ouvrant de nouveaux, mais ce n’est pas simple dans ce pays. Les bons emplacements ne courent pas les rues, les procédures d’attribution de permis prennent du temps et reprendre des magasins de la concurrence n’est pas évident. Tout le monde essaie de conclure des contrats à long terme et c’est logique. Nous adoptons la même politique compte tenu des lourds investissements que nous consentons pour soutenir les entrepreneurs indépendants. Il est donc important d’avoir l’assurance d’une collaboration durable. En soi, je ne verrais pas d’inconvénient à assouplir le système pour autant que les mêmes règles s’appliquent à tous. »
Est-il facile de trouver des candidats ? « La quête reste difficile. Il faut vraiment être entrepreneur dans l’âme pour se lancer dans cette aventure. Il faut aussi disposer d’un certain capital et les banques sont devenues plus frileuses. Ce n’est donc pas facile. Nous explorons différents canaux, internes et externes. Il faut aussi gérer les cas de succession. »
Potentiel d’expansion
Même si quantité d’observateurs parlent d’une lente saturation du marché, Retail Partners Colruyt Group voit encore du potentiel pour de nouvelles ouvertures. « Il y a suffisamment de supermarchés dans ce pays, c’est vrai, mais il y a encore assez d’endroits où l’un des acteurs n’est pas présent. On a donc peut-être affaire à un marché d’éviction, mais il est encore possible de supplanter les concurrents. On voit aussi que le supermarché de proximité reprend de plus en plus le rôle du boulanger et du boucher, qui disparaissent des villages. Avec notre nouvelle formule, nous sommes particulièrement bien placés pour assumer cette fonction. Nous faisons plus de place au frais et voyons la part du frais et les marges augmenter dans les magasins transformés. »
Chez Spar, les entrepreneurs peuvent en outre donner libre cours à leur créativité afin de mettre l’accent sur leur propre spécialité. « Nous ne voulons pas être une formule trop rigide. Les entrepreneurs qui ont récemment ouvert un supermarché Spar à Halle proposaient auparavant un service traiteur. Ils l’ont intégré dans le nouveau magasin et le résultat est magnifique. Spar Lichtervelde dispose d’une poissonnerie comme il en existe peu dans notre pays. Et à Oudenaarde, le magasin Spar n’a rien à envier aux boulangeries du coin. Les entrepreneurs locaux peuvent faire valoir leurs atouts et devenir les stars de leur village ou quartier. »
Projets en matière d’e-commerce
La nouvelle formule est en place, même s’il reste quelques détails à fignoler. Les ‘caisses caddy-to-caddy’ fonctionnent bien dans la plupart des magasins : le panier moyen augmente. « Nous nous concertons avec nos entrepreneurs pour trouver une solution pour les ventes d’impulsion aux caisses qui ont disparu dans le nouveau concept. »
L’e-commerce est également à l’ordre du jour chez Spar. « Nous faisons les premiers pas. La vente en ligne a évidemment une portée assez large. La commande des courses en ligne et leur préparation n’est pas notre piste de réflexion prioritaire. Nous restons des magasins de proximité où le contact humain avec le client est primordial. Nous réfléchissons donc à un concept alternatif à propos duquel je ne peux rien dire pour l’instant. »
Spar profite également de l’expérience de ses entrepreneurs. Certains proposent déjà une fonction de commande sur leur site Web, en particulier pour les commandes spéciales telles que sandwichs, paniers cadeau et plateaux barbecue.
Différenciation
Quel est selon Dirk Depoorter le principal défi pour les commerces de proximité à l’heure actuelle ?
« Tout le monde se pose la même question : comment convaincre le client de venir faire ses courses chez moi ? Comment me différencier sur le marché local ? Les règles de base doivent évidemment être respectées : l’image du magasin doit être positive, les rayons doivent être bien remplis, le dépliant attrayant, les prix compétitifs… ce sont des fondamentaux qui n’offrent pas de potentiel de différenciation au magasin. Il faut donc proposer quelque chose de plus : la spécialité de l’entrepreneur, l’ambiance de quartier, le contact avec le client. C’est sur ces points-là que nous travaillons, avec succès. »