L’année 2022 a malheureusement sonné le glas pour Makro Cash & Carry Belgium. L’année a commencé par la décision de vendre la branche belge en difficulté et se terminera bientôt par la fermeture définitive des magasins Makro. Nous revenons sur la chronologie des évènements.
Phase 1 : mise en vente
Le groupe allemand Metro a d’emblée concrétisé son premier projet en janvier : en finir avec la division belge déficitaire depuis des années. Pour l’exercice 2019/20, les pertes ont atteint 44 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 714 millions d’euros
Si la société mère allemande et la direction ont tout fait pour démentir cette information, la banque d’investissement Rothschild fait tomber la nouvelle : les dix-sept magasins belges de Metro et Makro sont mis en vente dans le cadre d’une « véritable opération d’urgence ». Sligro se présente d’emblée comme potentiel candidat au rachat. Jumbo, Costco et Hornbach sont également mentionnés. Mais il apparaît également indéniablement que la tâche s’annonce ardue.
De plus, comme si la chaîne n’avait pas suffisamment de soucis, elle rencontre un problème avec le permis pour le nouveau magasin Metro à Middelkerke.
Phase 2 : la reprise
En juin, la chaîne trouve finalement un repreneur. Deux, même. Un duo qui ne tarde toutefois pas à susciter des interrogations : le premier acquéreur avait été impliqué dans la vente des magasins belges de Blokker, qui n’avait pas été une grande réussite. GA Europe est en effet une entreprise spécialisée dans la restructuration, qui revend ensuite les entreprises restructurées, ou ce qu’il en reste.
Le second acquéreur est une société immobilière luxembourgeoise, Bronze Properties. Par la suite, les syndicats accusent Bronze Properties de duperie : l’acquéreur aurait été de connivence avec Metro pour obtenir une liquidation plus rapide aux frais de l’État belge.
En prenant leurs fonctions, les nouveaux propriétaires promettent néanmoins de se donner le temps d’explorer les options et de permettre aux marques Makro et Metro de continuer à exister pendant au moins un an. Mais les employés n’y croient pas : des grèves spontanées éclatent. Heureusement, il y a un point positif : le magasin Metro de Middelkerke rouvre ses portes à la fin du mois de juin sur un nouvel emplacement temporaire.
Phase 3 : demande de protection
Tout comme les vacances d’été se terminent inévitablement par la rentrée des classes, l’été se termine également sur une note amère pour Makro Cash & Carry Belgique : le 1er septembre, les nouveaux propriétaires annoncent qu’ils demandent la protection contre les créanciers. L’entreprise ne pourra pas être sauvée dans son entièreté, et elle n’a plus les fonds nécessaires pour une série de réorganisations ou même de licenciements. Le directeur des opérations et le directeur financier quittent déjà le navire.
Parallèlement, des problèmes remontent à la surface : les magasins sont vétustes et en mauvais état, avec des réfrigérateurs cassés par-dessus le marché. Des employés mécontents appellent l’inspection alimentaire. Les fournisseurs prennent le pari le plus sûr et cessent de livrer, laissant des rayons désespérément vides. Ici et là, les magasins restent fermés en raison des mouvements de grève.
Bronze Properties espère séparer l’enseigne Metro rentable, avec l’aide du tribunal, de l’enseigne déficitaire Makro et la vendre en plusieurs parties. En effet, Metro suscite déjà de l’intérêt, alors que même le PDG Vincent Nolf admet que Makro a un « modèle d’entreprise dépassé » dont il n’y a plus rien à espérer. Deux semaines plus tard, le feu vert est donné : la direction peut élaborer un plan de réorganisation et bénéficie entre-temps d’une protection contre ses créanciers. Un mandataire judiciaire sera nommé.
La maison de vente aux enchères Auctim dresse un inventaire du stock, qui s’avéra plus tard n’avoir même pas une valeur suffisante pour que GA Europe le reprenne. Les employés de Makro devront écouler seuls les stocks non alimentaires en espérant pouvoir ainsi continuer à financer leur salaire. Flash-forward : ça a marché, heureusement.
Phase 4 : l’heure de vérité
Le mois d’octobre est porteur d’espoir. L’intérêt pour Metro se manifeste rapidement. Sligro fait connaître publiquement ses ambitions, tandis que le PDG Vincent Nolf est également candidat. Le PDG tente de rallier du soutien à coups de pétitions. Mais des candidats se manifesteraient aussi pour Makro, à en croire la direction et les mandataires judiciaires. Il y aurait pas moins de douze repreneurs potentiels.
Sur ces 12, cinq font finalement une offre (soit « plus que le nombre anticipé »). L’un d’entre eux est une grosse surprise, ainsi qu’un grand mystère : un fonds d’investissement français veut acheter Makro pour « un montant décent ». Le fonds français est assisté par un Flamand (louche) et voudrait reprendre deux tiers du personnel. L’offre est cependant rapidement rejetée par le tribunal de l’entreprise, la jugeant peu crédible et non conforme aux exigence.
Quatre candidats sont donc encore en lice pour Metro. Sligro offre 47 millions, plus la valeur des stocks, pour tous les magasins sauf celui d’Anvers Nord. Toutefois, le grossiste hollandais se dit prêt à céder le magasin Metro à Evergem à Van Zon, qui propose 400 000 euros pour ce magasin. Le PDG Vincent Nolf met 100 000 € sur la table pour les 10 magasins convoités par Sligro, plus, sous condition, 10 000 € pour les stocks. Pour finir, Horeca Totaal fait une offre pour le magasin de Liège et le personnel du magasin controversé de Middelkerke.
Sans surprise, c’est la proposition de Sligro qui l’emporte, en combinaison avec celle de Van Zon. Le concurrent hollandais prévoit de commencer la transformation dès le début de la nouvelle année et a déjà effectué les préparatifs nécessaires. Makro n’a d’autre choix que d’attendre péniblement le mois de janvier. Les magasins restants seront alors mis en liquidation ou en faillite. Les six magasins Makro belges baisseront le rideau le 30 décembre, qui marquera également le dernier jour de travail pour les employés.