Maintenant que la crise sanitaire semble sur la fin grâce à la vaccination, beaucoup s’attendent à ce que les consommateurs renouent rapidement avec leurs anciennes habitudes, comme aller manger au restaurant. Mais une nouvelle enquête de Deloitte remet en question cette hypothèse.
Cuisiner davantage chez soi
Il ressort d’un sondage réalisé auprès de 40 000 personnes dans 18 pays que les consommateurs ont l’intention de continuer à manger davantage chez eux, même après la crise. Selon les chercheurs, la fréquentation des restaurants va sans aucun doute augmenter ces prochains mois mais restera certainement en dessous des niveaux de 2019 à moyen terme.
Dans tous les pays étudiés, les consommateurs indiquent avoir l’intention de cuisiner davantage chez eux et d’aller moins souvent au restaurant qu’auparavant. En moyenne, 55 % des répondants prévoient de cuisiner davantage qu’avant la crise, tandis que seuls 5 % disent vouloir cuisiner moins. Il s’agit donc d’une augmentation nette de 50 %. L’intention de cuisiner davantage est un peu plus faible dans les pays industrialisés comme l’Allemagne, les Pays-Bas et le Japon, et un peu plus élevée dans les pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Mexique et le Chili.
Si à l’international 15 % des consommateurs déclarent qu’ils mangeront plus souvent au restaurant, un groupe beaucoup plus important (40 %) prévoit d’aller moins souvent au restaurant (soit une diminution nette de 25 %). Les États-Unis, où la « résistance » contre la fréquentation des restaurants est beaucoup plus faible (-10 % net), sont une exception.
Une divergence qui peut s’expliquer par la différence de culture alimentaire. Les Américains sortent bien plus souvent manger que les Européens. Avant la crise, les Américains dépensaient à peu près autant pour les repas à la maison que pour les repas sur le pouce ou au restaurant. En Europe, on estime que les consommateurs mangeaient seulement un cinquième de leurs repas hors de chez eux.
Trois raisons
Selon Deloitte, trois raisons expliquent les résultats quelque peu inattendus de l’enquête. La première est structurelle. Tant les consommateurs que les entreprises s’attendent à ce que le télétravail (partiel) reste une tendance après la pandémie. Par conséquent, les occasions de manger à l’extérieur seront également moins nombreuses.
Ensuite, la composante économique. Cuisiner soi-même est une option moins coûteuse, et la pandémie laissera des millions de personnes dans une situation financière bien plus critique. Dans le monde, trois consommateurs sur cinq dépensent actuellement la totalité de leur revenu mensuel, voire plus. Environ deux personnes sur cinq se disent préoccupées par l’état de leurs économies.
Enfin, la préférence personnelle. Les consommateurs cuisinent mieux et ont créé de nouveaux liens culturels avec l’alimentation. Grâce aux nombreux nouveaux services qui livrent des courses ou des boxes repas à domicile, il plus facile que jamais pour les consommateurs d’opter pour ce que beaucoup considèrent comme l’option la plus saine. En effet, avec l’intérêt croissant des consommateurs pour la santé et le bien-être, la cuisine peut devenir un vecteur de meilleurs choix alimentaires et de choix plus durables.