La nourriture est trop bon marché : de nombreux produits seraient deux fois plus chers si les dégâts environnementaux étaient pris en compte. Le discounter allemand Penny affiche désormais ce prix « réel » en rayons.
Clarifier le coût de la consommation
Un kilo de viande hachée bio devrait coûter plus de 20 euros, et non 9 euros comme c’est le cas actuellement. Un litre de lait devrait coûter 1,75 euros, pas 79 centimes. Ce du moins en facturant le prix « réel », en incluant le coût environnemental du produit : les émissions de carbone et d’azote, l’énergie consommée, les conséquences de la surfertilisation, etc. L’université d’Augsbourg a calculé le « coût réel » de seize produits de marque propre de Penny, le discounter du groupe Rewe. Le détaillant affiche désormais clairement ces prix dans les rayons, dans une nouvelle succursale durable du quartier de Spandau, à Berlin.
L’objectif est de sensibiliser les clients en les confrontant aux écarts de prix considérables : Dans cette logique, le fromage de Gouda devrait être 88% plus cher et la mozzarella 52%. Pour les fruits et légumes, les écarts sont moindres : les bananes devraient être 19% plus chères, les tomates 12% et les pommes 8%. Les écarts sont également plus limités pour les produits bio, bien que la viande bio serait 126% plus chère si tous les coûts réels de production étaient pris en compte.
« Nous devons faire apparaître clairement les coûts de notre consommation », a déclaré Stefan Magel, PDG de Rewe. Ce n’est que comme ça que le client pourra faire ses achats en toute connaissance de cause. « En tant qu’entreprise sur un marché hautement compétitif, nous faisons indéniablement partie du problème », admet-il. Il espère maintenant faire un pas dans la bonne direction. Il convient de souligner que les clients n’ont pas à payer le « prix réel ».
Vingt initiatives durables
Ce n’est qu’une des vingt initiatives durables que Penny a lancées dans le magasin de Berlin, qui est équipé entre autres d’un hôtel pour insectes. Dans cette nouvelle filiale, les clients trouvent des réponses à des questions telles que « Quels produits se trouveraient encore dans les rayons si les abeilles et autres insectes pollinisateurs venaient à disparaitre ? » ou « Comment ranger correctement les aliments dans mon réfrigérateur pour qu’ils restent frais plus longtemps ? »
Dans le rayon fruits et légumes, on retrouve des exemplaires « imparfaits », pour dénoncer le gaspillage alimentaire. Les œufs Respeggt garantissent qu’aucun poussin mâle n’a été tué dans la chaîne d’approvisionnement. Les produits d’entretien sont dans des emballages recyclés. Les étiquettes apposées sur les produits laitiers frais indiquent au client que les produits peuvent être consommés au-delà de leur date de péremption avec le slogan : « Sentir. Goûter. Profiter. ». En caisse, les clients peuvent faire un petit don à une organisation locale qui vient en aide aux enfants et aux jeunes défavorisés. « La durabilité est de plus en plus un critère décisif dans le choix du magasin », explique Magel pour justifier ces actions.