Le chocolatier Pierre Marcolini ne cherche qu’une chose chez ses employés: la passion. « L’automatisation dans le commerce est une catastrophe nationale », selon son PDG Renaud Mazière. Lors du premier People Congress de RetailDetail, il explique pourquoi.
Les vendeurs ne doivent surtout pas essayer de vendre
Place au don et au partage chez Pierre Marcolini, marque de pralines et de pâtisseries. Le chocolatier de luxe agit dans les émotions et, en premier lieu, cherche la passion parmi ses employés. En premier lieu? Même uniquement de la passion et du plaisir, selon Renaud Mazière: « La seule chose que je veux, c’est de la passion. Le plaisir du partage: les expériences, les émotions, la connaissance… Les vendeurs de nos magasins transmettent nos valeurs et partagent l’amour du produit. »
Par conséquence, il y a une grande diversité parmi les employés de l’entreprise. « Je ne veux surtout pas qu’ils vendent ou qu’ils se ressemblent tous. Nos vendeurs ne ressemblent en tout cas pas à des vendeurs d’un luxe ancien stéréotypé, froid et distant. Si j’avais un seul désir, c’est qu’ils aient l’amour du terroir et la gastronomie. »
« Nous exportons également notre savoir-faire »
Il en est avec les employés comme avec les clients, dit Mr Mazière: « Nous attirons les gens grâce à la force de notre marque, notre éthique et la qualité de nos produits. Et par qualité, je ne parle pas uniquement du goût, mais aussi de la dimension sociale et de l’éco-responsabilité. »
Selon le PDG, l’engagement éthique est une valeur importante chez Marcolini. Cela commence avec l’origine des fèves et le travail des artisans, mais se traduit également en management. « Je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment motiver les gens, mais on peut éviter de les démotiver. C’est pourquoi nous investissons beaucoup dans le management afin que les personnes aient une relation de confiance avec leurs managers et reçoivent en retour de leur engagement, de l’aide, un accompagnement et, oui, une amitié ! »
Pierre Marcolini étant une entreprise en pleine expansion, il existe également des opportunités de carrière, tant dans les ateliers que dans le commerce de détail. À l’heure actuelle, par exemple, quelqu’un forme les nouvelles équipes à Dubaï, où le chocolatier vient de commencer. « Nous exportons également notre savoir-faire », explique Renaud Mazière.
« Automatisation? Faut même pas m’en parler »
« Les caisses automatiques que vous voyez de plus en plus sont une catastrophe nationale. Je suis horrifié. » Quand il s’agit de l’automatisation, Renaud Mazière est catégorique : « Moi vivant… même pas la peine de m’en parler. La cité et son commerce physique ont pour seul objectif de partager des moments, d’échanger et de vivre des contacts humains. »
« Le Web lui peut livrer de l’émotion visuelle, et évidemment de la praticité, mais pour autant quelqu’un qui vous fait gouter la différence entre le cacao de Cuba et d’équateur et qui vous raconte comment baisser le taux de sucre dans un chocolat exhausse les saveurs, c’est irremplaçable. »
Quant à La robotisation, supprimer des emplois humains est une erreur sociétale qu’on paiera cher après les économies de court-termes, selon le PDG. « Le secteur du luxe est un peu moins touché, mais même dans les hypers, je trouve cela catastrophique. Faire des économies de frais de personnel en oubliant que les clients et les employés ne font qu’un, ne conduit qu’à plus de chômage pour une tranche de la population. Puis, le discours de transformation vers des métiers à forte valeur ajoutée sous-entend que la caissière n’a pas de valeur ajoutée… Et bien, je vous livre ma conviction : la caissière est la seule valeur ajoutée d’un supermarché, c’en est même l’incarnation au sens littéral. »
La numérisation, elle, est un atout « formidable » pour communiquer à l’international et donner plus de visibilité à la marque. La marque de chocolat numérise donc fortement son marketing. « Notre croissance sur le numérique est forte, mais les outils ne s’opposent pas. Si le résultat de la numérisation doit faire des employés au chômage et des clients qui restent à la maison, cela ne peut pas être un modèle de société. Je crois que l’avenir doit se débarrasser des complications logistiques certes, mais que notre mission c’est de mettre les gens en contact et partager des émotions positives, car c’est la nature du bonheur. »